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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 05:29
Les accords israélo-arabes
du Divan Orchestra

Valérie Sasportas
22/08/2008 | Mise à jour : 23:09 |
Commentaires 3
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Le West-Eastern Divan Orchestra, que dirige Daniel Barenboïm, est constitué de 120 jeunes âgés de 11 à 28 ans, venus d'Israël, de Palestine, de Syrie, de Jordanie, du Liban, d'Égypte et même d'Iran.
Le West-Eastern Divan Orchestra, que dirige Daniel Barenboïm, est constitué de 120 jeunes âgés de 11 à 28 ans, venus d'Israël, de Palestine, de Syrie, de Jordanie, du Liban, d'Égypte et même d'Iran. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Sous la direction de Daniel Barenboïm,
cet orchestre singulier, qui rassemble
musiciens palestiniens et israéliens,
achève sa neuvième tournée lundi à Paris.

D'où viens-tu ? C'est la première question qu'on pose aux musiciens. Avant même de savoir de quel instrument ils jouent ou quelle œuvre ils préfèrent interpréter. Parce que la question des origines est l'essence même du West-Eastern Divan Orchestra (orchestre du Divan occidental-oriental). Ses membres, 120 jeunes âgés de 11 à 28 ans, viennent d'Israël, de Palestine, de Syrie, de Jordanie, du Liban, d'Égypte et même d'Iran. Sans compter les nombreux instrumentistes andalous, car l'orchestre a son siège à Séville.

Cela fait neuf ans que cet orchestre singulier, est renouvelé chaque saison de moitié, le temps d'une tournée estivale. Depuis presque un mois de tournée européenne, qui s'achève lundi avec un concert à Paris, ces jeunes partagent la partition, le pupitre, le réfectoire, les chambrées, alors même que leurs pays se déchirent, s'affrontent, se nient, et que la fracture géopoli­tique les blesse au quotidien le reste de l'année. Neuf ans que l'orchestre autorise cette improbable intimité. Parce que «le Divan n'est pas seulement projet musical, c'est aussi un forum pour le dialogue et la réflexion sur le problème israélo-palestinien », souligne le chef d'orchestre, Daniel Barenboïm, qui l'a créé avec l'intellectuel palestinien Edward Saïd. Le Juif et l'Arabe, tout un symbole au nom duquel Mariam Saïd a repris le flambeau de son mari, décédé en 2003.

Néanmoins, «ce n'est pas un orchestre pour la paix», insiste le maestro. Même si le leitmotiv est qu'«il n'y a pas de solution militaire au conflit israélo-palestinien, nous n'essayons pas de diminuer nos différences. Nous faisons un effort, quelquefois surhumain, pour essayer d'accepter la logique derrière les opinions de l'autre ». Comment comparer, en effet, ce jeune dont le grand-père a été sauvé miraculeusement d'Auschwitz et cet autre, dont le grand-père fut expulsé de Nazareth en 1948 et qui vit dans un camp de réfugiés à Ramallah. «Il n'y a rien de comparable avec l'Holocauste . Seulement, c'est un dialogue très difficile », dit Barenboïm.

En témoignent les instrumentistes. Ramzi Abu Redwan est palestinien, altiste, il participe pour la troisième année au Divan. Pour lui, la notoriété de l'orchestre devrait le conduire à prendre un véritable engagement politique, au-delà de ses prises de position humanistes. «Je vis en Palestine, mon quotidien, ce sont les bar­rages, le mur : on ne peut plus bouger. Je voulais savoir comment cela se passe dans l'orchestre. Mais chacun parle au nom de l'autre. Je trouve dommage qu'il n'y ait pas d'initiative individuelle», regrette ce jeune qui préside une association d'éducation musicale dans les camps de réfugiés en Cisjordanie et bientôt au Liban, al-Kamandjâti («le violoniste» en arabe).

 

«Ma plus belle expérience»

 

Guy Braunstein, lui, est israélien, premier violon solo à l'Orchestre philharmonique de Berlin et humble cinquième pupitre au Divan, qu'il partage cet été avec un gamin palestinien de 11 ans. «Cet orchestre est ma plus belle expérience, s'enthousiasme-t-il. J'étais sceptique quant à une coexistence pacifique de Palestiniens et d'Israéliens. J'ai compris en étant à l'intérieur pourquoi c'était possible.» Barenboïm l'explique en citant Aristote : «Rien n'est plus puissant que les rythmes et les chants de la mu­sique pour imiter aussi réellement que possible la colère, la bonté, le courage, la sagesse même et tous les sentiments opposés à ceux-là.»

Musicalement, le Divan a acquis une maturité qui bluffe le public fidèle de ses débuts. Sans doute parce qu'aux pupitres ont pris place de vrais professionnels, qui délaissent le temps d'un été la Philharmonie de Berlin, de Vienne, de la radio bavaroise. Le courage «sur le plan sonore, se définit par la volonté et la faculté de défier l'attente», affirme Barenboïm.

À Copenhague, au début de la semaine, on a pu entendre avec une maîtrise technique et une justesse dodécaphonique dignes des plus grands les variations op. 31 de Schoenberg, que le public parisien entendra lundi. Les sons ne sont plus poussifs comme dans les premiers enregistrements, l'orchestre chante, avec ordre et liberté, comme un hymne à la résistance. Alors gageons que lundi, en interprétant La Walkyrie, le Divan saura rendre à Wagner ses «mélos», mot du compositeur pour parler de «mélodie».

La musique désamorce la violence. D'autant que les instrumentistes sont mus par «l'urgence». « Si je n'avais pas rencontré la musique à l'âge de 17 ans, j'aurais pu être une bombe suicide », confesse Ramzi. Alors, Guy est optimiste : «Les politiciens n'ont pas d'autre choix que de constater cela. Et si c'est vrai pour la mu­sique, ça l'est forcément pour un autre domaine.»

» INTERVIEW - Barenboïm : «La musique est une école de vie»

Salle Pleyel, 25 août, 20 heures. Au programme : Arnorld Schoenberg, «Variations» op. 31, et Richard Wagner, «La Walkyrie», acte I er , avec la mezzo-soprano Waltraud Meier, le ténor Simon O'Neill et la basse René Pape. Tél. : 01 42 56 13 13



http://www.juif.org/go-news-64531.php
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commentaires

E
Bonjour Salam, <br /> <br /> De quel échec parles-tu ? <br /> <br /> Comment s'est passé ton rassemblement ?<br /> <br /> Bien à toi Eva
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S
Très belle initiative qui me réjouit ,le coeur après pareil cuisant échec! <br /> <br /> Que la apix soit sur toi, et sur les musiciens!
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  • : Eva pour la communion des civilisations
  • : Eva est une femme de paix, de consensus, s'opposant au "choc de civilisations", prônant la tolérance, le dialogue et même la communion de civilisations. Elle veut être un pont fraternel entre les différentes religions monothéistes. Elle dénonce les fondamentalismes, les intégrismes, les communautarismes sectaires et fanatiques, repliés sur eux, intolérants, va-t-en-guerre, dominateurs, inquisiteurs, haineux, racistes, eugénistes, impérialistes.
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