Un nouvel exode pour
tous les enfants d'Abraham
Nos frères et soeurs Juifs commémorent la sortie d’Egypte,
le passage miraculeux de la Mer des joncs
et l’Exode au désert sous la direction du prophète Moïse.
Méditation sur l’actualité de l’Exode biblique
à travers ses trois dimensions libératrices :
Spirituelle, culturelle et sociale.
L’Exode biblique est l’esquisse du grand exode spirituel et perpétuel auquel Dieu nous appelle. Cet Exode historique, relaté par la Bible et le Coran, bien que limité dans le temps, l’espace et dans ses perspectives spirituelles, présente déjà les trois dimensions fondamentales de cette liberté absolue que nous allons reconquérir :
1/ libération de la religion idolâtre égyptienne, qui avec la culture, a fortement imprégné les Hébreux et stérilisé l’espérance abrahamique monothéiste dont ils étaient les héritiers (libération spirituelle)
2/ Libération de l’univers mental égyptien, de ses représentations (libération culturelle)
3/ Libération d’un état d’esclavage économique et politique (libération sociale)
l'Exode a une dimension sociale et une dimension humaine intérieure, une dimension spirituelle. Les hommes qui ont cherché à se libérer du système sans se libérer de ce qui, en eux-mêmes, fondait le système, ont toujours échoué. L’échec global des révolutions et réformes politiques ou religieuses le prouve. On ne change pas le monde sans se changer intérieurement. L'Exode est donc inséparablement un refus de soumission au système, une action de transformation de la société et une action émancipatrice intime, un affranchissement de tout ce qui nous tient esclave intérieurement et que la tradition abrahamique appelle « péché ». « tout homme qui commet le péché est esclave du péché » disait Jésus (Jean 8.34).
Toute dynamique d'Exode qui n'est pas avant tout spirituelle et intérieure dégénère tôt ou tard en conquête politique et religieuse, au profit d'une minorité de privilégiés (ethnie, caste, classe, élite, clergé, etc.). Les récits bibliques et coraniques l'illustrent clairement.
L'Exode se déroule en premier lieu en chacune et en chacun :
Il s'agit de quitter son Égypte intime, de vaincre son pharaon intérieur et de reconquérir sa capacité de bien actif, d'amour bâtisseur, d'autonomie et de responsabilité. Il s'agit de briser les liens de notre impulsivité peureuse, avide ou égoïste, de nos mensonges, de nos bassesses, qui fondent l'origine de toutes les formes d'esclavages sociales, politiques, économiques, intellectuelles...
1/ Libération spirituelle.
Comme pour les Hébreux en Egypte, Dieu nous demande de nous libérer en premier lieu du paganisme, de l’idolâtrie, des superstitions et du pouvoir religieux en générale - le pouvoir qui s’exerce sur la Parole de Dieu, sur l’âme et la vie spirituelle.
Nous sommes tous des idolâtres et des superstitieux, même lorsque nous sommes athées, mêmes lorsque nous nous prétendons rationalistes ou monothéistes purs et durs. Nous sommes enchaînés à tout un tas de croyances religieuses qui nous dissimulent notre vraie nature et nos véritables capacités d’évolution.
Aucune religion n’a jamais cru que l’homme pouvait vaincre le mal en lui et changer en profondeur. Aucune religion n’a réellement cru en l’homme, n’a réellement donné sa place à l’homme comme ressemblance et représentant de Dieu sur la terre. Toutes les religions ont affirmé que l’humain était incapable de vivre une liberté harmonieuse avec son Créateur et avec ses frères, qu’il fallait donc le surveiller, le diriger, le contraindre, le punir, lui imposer des formules et des formes pour le juguler, le contrôler, le soumettre. Toutes les religions, à divers degrés, ont justifié cette soumission par des doctrines et des théologies remplaçant peu à peu la Parole de Dieu ou imposant une lecture orientée de cette Parole à la communauté des croyants. Mais cette vision de l’homme, désespérée et désespérante, résignée face au mal, repoussant la réalisation des Promesses divines dans l'au-delà, transmise par les systèmes religieux n’est pas la vision transmise par les prophètes. Il nous faut retourner à la source de la Parole!
La première des libérations est donc de nous affranchir du mensonge religieux sur l’homme – d’ailleurs repris par les religions athées -, d’une perception erronée de ce que nous sommes vraiment et de ce que nous pouvons devenir.
Tout part de là : prendre conscience de notre véritable potentiel, de notre véritable force, de notre véritable origine et donc de notre véritable destinée, qui n’est pas de vivre comme des animaux évolués, parqués et conduit en troupeaux uniformes et dociles, mais de vivre comme des créateurs d’univers, libres et aimants, maîtres de leur propre évolution et de leur propre avenir en union intime avec le Créateur de toute vie. Dieu ne fonde pas de systèmes religieux, Il appelles à la vie spirituelle libre, évolutive, dynamique, bâtisseuse… Dieu croit en l’homme et appelle l’homme à croire en lui-même. Par Sa Parole, Il nous donne un levier puissant pour vaincre le doute. Le doute et le scepticisme ne concernent pas seulement la réalité historique des faits spirituels comme les manifestation divines ou angéliques, ou comme la promesse biblico-coranique de la résurrection, ce doute concerne d’abord et avant tout notre capacité à faire naître une humanité meilleure, une humanité spirituelle, juste, fraternelle, équilibrée, heureuse, que Jésus appelait le Royaume.
Parce que la Parole de Dieu nous enseigne notre véritable vocation et nous rappelle notre vraie nature, tout homme doit pouvoir la connaître, y accéder librement et l’accomplir librement. Tout homme doit pouvoir prendre connaissance du Projet de Dieu tel qu’il est et non tel que les religions le traduisent ou le travestissent.
La première phase de notre exode est donc de redonner à tous et à toutes la Parole pure, de libérer la prière des doctrines et des théologies, de refonder le face à face entre le Père et ses enfants, sans intermédiaire.
En ce qui concerne les incroyants, il s’agira de libérer l’élan humaniste des carcans idéologiques et de l’endoctrinement des prêtres du rationalisme, du légalisme, du scientisme ou de l’économisme… qui pèse aussi lourdement sur la conscience des humanistes que celui des docteurs religieux sur celle des croyants.
2/ Libération culturelle :
Retrouver la Parole pure et le lien direct avec Dieu nous conduit naturellement à remettre en question nos représentations du monde, de l’humanité et du sens de la vie transmise par l’éducation, les media, bref, la culture au sens large. La culture n’est pas la connaissance, bénéfique, mais les représentations, conditionnements, habitudes et préjugés en tous genre qui pèsent sur notre conscience et réduisent notre horizon. En particulier, Dieu nous invite à dessouder les barreaux des réflexes culturels, qui nous font nous résigner à une vie médiocre, qui nous font nous convaincre, de générations en générations, que l'homme ne peut pas être autre chose qu'un loup pour l'homme, et que le seul progrès envisageable - "réaliste" et "sérieux" - ne peut être que de resserrer toujours davantage son collier étrangleur (lois, polices, tribunaux, contrôles et contraintes en tout genre...). Chaque jour, les citoyens réclament davantage de lois, de règlements, de jugements, de répression, de surveillance et oublient que l'amour - seule solution de fond à l'injustice et à l'insécurité - ne peut exister que libre. Aujourd'hui, comme les hébreux esclaves, écrasés par leur propre résignation autant que par leurs gardes-chiourmes, nous pouvons ébranler nos doutes, nous dresser courageusement contre la passivité et le scepticisme ambiant.
A l’époque de Pharaon, le pouvoir soumettait le peuple au système par la force. Mais le fouet n’était pas l’unique moyen de soumission dont disposait le pharaon puisqu’une certaine sécurité matérielle concédée aux Hébreux leur rendait la fuite dans le désert suffisamment inquiétante pour les amener à rester sur la terre de leur maître quasiment de leur plein gré. Les Hébreux ne devaient pas porter le pouvoir égyptien dans leur cœur mais la fascination exercée sur eux par les splendeurs pharaoniques, les conquêtes intellectuelles et matérielles des égyptiens et l’abondance fertile de la vallée du Nil devaient avoir raison de leur aspiration à la liberté. Finalement, la plupart des Hébreux devaient avoir oublié la Promesse faite à Abraham et se fondaient, par paresse ou résignation, dans la culture ambiante et les conceptions, apparemment victorieuses, de leurs maîtres.
Sommes nous dans une situation très différente aujourd’hui ? Aujourd'hui nous ne subissons plus le fouet – du moins en occident – mais le pharaon continue de détourner le fruit de notre travail par l'impôt, les taxes ou en suscitant en nous par la publicité et le conditionnement idéologique toutes sortes de besoins artificiels et mensongers, et jusqu’à une conception du bonheur - ramené à la possession de choses (ou de personnes chosifiées) procurant la jouissance et/ou la puissance- qui fait de nous les complices actifs de notre propre esclavage.
L'éducation et l’enseignement, le conditionnement médiatique et culturel de l’information et des arts, les valeurs morales et philosophiques imposées, nous font vivre dans la crainte du prochain et dans l’obéissance aux institutions censées nous protéger de ce prochain toujours menaçant. Cette culture dominante, qui nous imprègne le plus souvent à notre insu, nous fait voir l’amour fraternel, le pardon, le don, la liberté, le dépassement, le partage… comme des rêves inaccessibles et des utopies naïves, nous dissuadant à l’avance d’en explorer pleinement les possibilités. Tout, ou presque, autour de nous, contribue à nous faire douter qu’un autre monde soit envisageable, contribue à nous faire douter de nous mêmes, de nos capacités à vraiment changer de vie, à devenir meilleurs. Notre culture est une culture de peur et la peur est une prison.
Pour nous conduire hors de ce cachot culturel, l’esprit libérateur de l’Exode nous pousse logiquement à nous affranchir des valeurs vénérées, sacralisées par le système, telle que celles de la nécessité de lois, de tribunaux, de frontières, etc., à nous affranchir des préjugés et poncifs culturels, des mythes sociaux, historiques et scientifiques et des conditionnements mentaux, tel que la peur de l’autre, les réflexes d’égoïsme, de rivalité, de jugement, les habitudes de soumission, de passivité, de suivisme ou au contraire de domination, de contrôle, de manipulation et d’utilisation de l’autre.
L’Exode nous engage à développer une véritable "anti-culture" agissante, afin de remettre en marche ce monde sclérosé, immobile malgré sont agitation, soumis au dogme de la fatalité du mal, de la compétition, du mensonge...et à celui de la nécessité de la morale, de la loi et de la violence pour juguler le mal. Il nous encourage à développer un nouveau regard sur l’humain, un regard ouvert, vierge, éclairé d’espérance autant que de réalisme.
3/ Libération sociale :
Rien ne sert de libérer l’homme des préjugés, des valeurs et concepts imposés, rien ne sert de lui donner accès à la Parole de Dieu – ou à un humanisme authentique - et de lui révéler sa véritable vocation si l’on ne libère pas également ses actes, ses entreprises et ses choix sociaux. C’est pourquoi, au fur et à mesure de sa progression, l’exode nouveau libérera l’activité humaine dans tous les domaines en rappelant que les risques de cette liberté sont moindres que les risques grandissants que les pouvoirs font courir sur nous. Progressivement, il nous conduira à refuser l’emprise des pouvoirs sur nos vies, sur l’ensemble des activités humaines et à revendiquer la possibilité d’expérimenter une autre conception des rapports humains, la possibilité de nous réapproprier pleinement notre existence. Les femmes et hommes en exode refuseront peu à peu toute domination et toute autre loi que l'amour.
Dans cette optique, l’exode nous conduira parfois jusqu’à la confrontation comme les Hébreux face à l’Etat égyptien et nous aurons recours à la désobéissance civile, pacifique mais résolue, à la manière d’un Martin Luther King, qui su reprendre en son temps la marche de l’exode vers la justice et la fraternité.
Cette libération sociale et économique n'est ni de gauche ni de droite et ne découle d'aucune idéologie. Elle est le prolongement logique de la libération spirituelle et culturelle.
Elle est la liberté de créer, d'expérimenter, de produire et de commercer, de choisir son mode de vie, de se grouper librement en assemblées naturelles et non de vivre dans un système clos de normes, de structures et d’organisations hiérarchiques imposées. Bref, elle est simplement liberté de vivre pleinement la Parole de Dieu.
Les hommes en exode se garderont d’élaborer un modèle figé et définitif de la Terre Promise – parabole du bonheur à construire ensemble sur toute la terre -, ils se garderont de déclarer indépassable les étapes du parcours et achevée la conquête. Ils n’imposeront jamais de conception achevée de la réalité humaine, ils ne demanderont rien d’autre que la possibilité du choix, la possibilité de sortir des sentiers battus pour explorer librement une infinité de mondes possibles, car la Terre Promise sera inévitablement multiple et évolutive. Ils se défieront avec vigilance de tous raccourcis doctrinaires ou autoritaire et veilleront à rester en marche, perpétuellement, guidée par la seule direction de certitude que donne la conscience éclairée par l’Appel des prophètes qui n’est autre que l’Appel de l’amour, amour inconditionnel, lequel implique le non-jugement, le pardon, l’attention bienveillante pour tous les hommes... (Voir le Sermon sur la Montagne de Jésus – Mat. 5 à 7)
Dans cette direction, qui fut empruntée jadis par Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad, et que Dieu est venu restaurer à Arès en 1974 et en 1977,
Juifs, Chrétiens, Musulmans peuvent s’unir, croyants et incroyants peuvent avancer côte à côte et poser, ensemble, leur regard sur le lointain : La Terre Promise.
La Terre Promise est la parabole du monde changé, de la civilisation nouvelle à bâtir ensemble.
La conquête de la Terre Promise n'est pas une conquête politique et territoriale.
Elle n’est pas non plus une conquête religieuse en faveur d’un système, d’une église ou d’une communauté étroite, mais une oeuvre de création positive qui concerne toute la terre et toute l'humanité, sans discrimination, dans un esprit de fraternité universel.
Regarder en direction de la Terre Promise, c'est se poser la question de la société dans laquelle nous voulons vivre demain, se sentir pleinement responsable de l'humanité à venir.
En quelque sorte, Dieu fait de tout homme un prophète, c’est à dire un messager et un porteur de l’Appel du Créateur et le responsable à part entière de sa réalisation sur la terre.
Ancien texte personnel sur la thématique de l'Exode :
http://le-jardin.over-blog.net/article-16597636.html
Lien vers le site du témoin des événements d'Arès
http://michelpotay.info/index.html
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