Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent,
et où les voleurs percent et dérobent ;
mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille
ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.
Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur.
Evangile de Matthieu 6/19-21
Les origines de la crise…
Une sœur chrétienne m’a fait parvenir il y a quelques jours un petit diaporama, comme il en circule tant sur le Net, intitulé : Adieu « bon sens » !
Ce diaporama rappelait, entre autre, une règle simple, aujourd’hui apparemment oubliée « On ne dépense que ce que l’on possède ».
Je me suis dit : tiens, voilà une phrase pertinente, simple, accessible… et qui explique bien notre situation actuelle… cette fameuse crise qui semble gagner du terrain de jour en jour et rendre l’avenir économique de plus en plus incertain, voir de plus en plus sombre.
Même si les mécanismes techniques sont complexes, la crise économique actuelle repose sur une base simple : Notre économie s’est développée sur le principe de l’endettement généralisé. Aiguillonné par une conception matérialiste du bonheur - ou l’avidité, le désir de puissance ou de paraître et l’égoïsme sont rarement absents, ainsi que les logiques destructrices résumées par la Parole de Dieu sous le terme d’ «usure» -, tout le monde vit à crédit : les particuliers, les entreprises, les institutions étatiques… et même les organismes bancaires. Bref, tout le monde vit au dessus de ses moyens et un fossé s’est peu à peu creusé entre ce que l’on croit posséder et notre richesse réelle, concrète. Notre économie a progressivement basculé dans le virtuel, l’irréel, le rêve. A plus ou moins longue échéance, ce type de situation finit toujours par une forme de « purge » ou de rééquilibrage. C’est ce que nous commençons à vivre aujourd’hui : le réel refait surface, nous rattrape et nos possessions virtuelles apparaissent pour ce qu’elles sont : des jeux d’écriture, des promesses sans garantie, des investissement dans des « bon plans » totalement éphémères, bref, du vent.
Arrive un temps où nous ne savons plus très bien quelle est la réalité tangible de notre « avoir » et la fiabilité des « lieux virtuels » où nous avons placés nos biens. Le doute nous saisit. L’incertitude se répand. Avec le doute et l’incertitude les mécanismes se grippent, en particulier le mécanisme du crédit. Avec lui, c’est le fondement même de notre vie matérielle qui vacille. Les discours rassurant des élites politiques et financières, saturés d’expressions comme « garantie des fonds », « fiabilité des placements», « solidité du système bancaire », etc. rassurent de moins en moins. Le discours démagogue et édulcorant des pouvoirs du temps du prophète Jérémie, prétendant maîtriser la situation et traitant perpétuellement d’alarmistes et d’irresponsables les prophètes « de mauvais augures » (Bible ; Jérémie 6/14 ; 7/8 à 15 ; 14/15 ), n’a malheureusement pas pris une ride.
Que va-t-il se passer ? Bien malin celui qui pourrait répondre à cette question de façon précise, tant la dimension émotionnelle, irrationnelle, est importante dans ce type de situation. Pour s’en tenir à des généralités, il est possible d’affirmer sans trop prendre de risque que nous allons assister à une formidable « mise à plat » de notre économie globale. Les « bulles de vent » vont éclater les unes après les autres et la réalité va reprendre ses droits. Les dormeurs de la Matrice vont se réveiller, parfois de façon douloureuse… car celui qui croyait dormir sur un matelas confortable, se croyant abrités dans le lit du « système », apaisés par l’inconscience que procure la nuit (RA 1/8) du discours officiel raisonnable et rassurant, va réaliser qu’il est en fait couché à même le sol.
Le côté positif de cette crise : elle va nous remettre les pieds sur terre. L’effritement de nos illusions – le rêve qui cache la nuit (RA II/14)- peut déboucher sur une profonde prise de conscience et une nouvelle évolution décisive pour l’humanité. L’homme qui se met à douter des valeurs auxquelles il croyait – celles de la bourse comme celles plus générales du système auquel il a confié sa vie – est mûr pour rechercher d’autres valeurs, d’autre fondements à son existence. En sortant du rêve, en revenant à la réalité – notre propre réalité intérieure comme celle de la société que nous avons engendrée – nous retrouvons nos capacités à changer vraiment, nos capacités à réinventer le monde.
A ceux qui aiment le plaisir et les biens le tentateur dit:
«Restez dans la vallée grasse, dans les aises de vos maisons!
A ceux qui n’ont pas je prête pour payer le maçon, le tapissier et le jardinier,
pour les musiciens qui égaieront leurs fêtes; j’avance le prix de l’étalon
qui les portera chez leur belle, chez l’ami qui donne un banquet;
si brèves sont vos joies, les échangerez-vous contre les peines d’une folle ascension qui vous précipiteront plus vite encore, maigres et tristes,
dans la fosse sans retour?»
Ceux-là retournent se coucher, s’écriant:«Voilà un langage de sagesse!»
(RA 26/4)
Notes : La citation ci-dessus ne condamne pas la possession de biens matériels en tant que telle ni les plaisirs de la vie; Il faut distinguer entre les ambitions et possessions normales et la tentation des excès, sources d'avidité, d'égoïsme, d'orgueil. Le tentateur ne propose pas le confortable, légitime chez-soi (maison chaude 26/8), mais la maison d'aise, une inutile démesure de place et de luxe - Le Livre dit: Deux chaises pour une jambe, deux lits pour une nuit (V/7)-. Le tentateur propose la vallée grasse, un monde tellement tenté et exploité qu'il ne pense qu'à accumuler les biens superflus et qu'à obtenir des prêts pour les acheter. Dans la tentation des musiciens ce qui est en cause n'est pas la musique, que Dieu aime (30/11 et v.8), mais les spectacles-mirages abêtissants. Le tentateur ne propose pas la mule (26/9), c.-à-d. l'automobile utile et légitime, un grand progrès, mais l'étalon, c.-à-d. le véhicule inutilement puissant et voyant. De même la belle n'est pas l'épouse, mais la maîtresse, la prostituée; le banquet n'est pas le repas, mais le gâchis de nourriture. Ces quelques tentations en impliquent beaucoup d'autres qui, en tant que biens et plaisirs, peuvent ne pas être mauvais en soi, mais qui, en perdant la mesure (Veillée 7), gâtent les natures faibles, et peuvent empêcher l'âme d'éclore ou la tuer.
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