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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 19:57

 









Pour un dialogue
des civilisations

 

Par Roger Garaudy

Ethiopiques numéro spécial
revue socialiste de culture négro-africaine
70ème anniversaire du Président L. S. Senghor
novembre 1976

Différentes rencontres de civilisations se sont produites au cours de l’Histoire. Réfléchir sur elles nous permettra de mieux définir les conditions de possibilité d’une nouvelle rencontre, les moyens de la favoriser et l’enrichissement humain qu’on peut en attendre.

 

Les rencontres anciennes

 

Les deltas limoneux des grands fleuves, favorisant l’agriculture et la vie sédentaire, ont rapidement fourni de brillants foyers de civilisation qui se fécondèrent mutuellement par leur conjonction.
Ce fut le cas notamment pour les deltas du Nil, de l’Euphrate et du Tigre, puis pour ceux de l’Indus et du Gange et, enfin, pour le delta du Fleuve Jaune. Ces quatre berceaux de civilisation se lièrent rapidement entre eux.
On trouve sur les rives de la Méditerranée, entre le fleuve Oronte et les plateaux d’Anatolie, des affluents du Tigre et de l’Euphrate. Ainsi se dessina le « Fertile Croissant » où, très vite, se nouèrent des liens entre les civilisations de la Mésopotamie et celles du Nil.
La mer permit d’autre part, que s’établissent des rapports entre les civilisations de Mésopotamie et celles de la vallée de l’Indus.
De grands cheminements terrestres se dessinèrent il y a des millénaires : ce qui deviendra plus tard la route de la soie, le grand couloir des steppes, partant de la vallée de l’Ordos, passant au nord de l’Himalaya pour aboutir en Turquie, puis le long de la Méditerranée.
De grands cheminements maritimes jouèrent le même rôle : la route des moussons véhicula la civilisation chinoise à travers tout le Sud-Est asiatique. La forme d’un tambour de bronze datant de civilisations chinoises primitives se retrouve au Vietnam, à la période de Dong Son, et l’on peut suivre le même thème dans les Iles d’Indonésie. Témoignage de la continuité de ce rayonnement. Il existe encore une autre voie de diffusion des cultures de l’Asie : le détroit de Behring qui a permis à des peuples venus d’Asie, de Mongolie notamment, d’essaimer dans toute l’Amérique. Le passage commença sans doute il y a 20.000 ans, et il fallut à ces migrants 10.000 années pour atteindre la Terre de Feu.
Les travaux de Leakey, en Afrique, prouvent que l’homme existe depuis deux ou même trois millions d’années. Cet homme primitif possédait déjà des outils et bâtissait des tombeaux. Quel a été son cheminement ? Nous l’ignorons. Un « trou » de plusieurs millions d’années sépare cette époque de l’avènement de la civilisation égyptienne.
Retenons un premier fait : il n’y a pas de civilisation insulaire. La civilisation a, dès ses premiers pas, constitué un réseau de propagation universel.
Le temps des « grandes découvertes » de la « Renaissance », (toutes relatives, l’Amérique, on le sait, ayant été atteinte, bien avant Colomb, par les Vikings, sous Eric le Rouge, au XIIe siècle, et l’Asie étant explorée depuis longtemps par les Arabes) va marquer le commencement du colonialisme. Elles éclairciront néanmoins l’horizon de l’Europe. Désormais l’idée d’un « autre monde » va hanter l’esprit de ce qu’on commencera à appeler « l’ancien continent ».
Cette évocation, même très superficielle, des grandes rencontres de civilisations, permet déjà de situer l’histoire de l’Occident dans la perspective des millénaires : l’histoire de l’Occident, dont la trajectoire est en général tenue pour exemplaire et comme formant l’armature de toute l’histoire humaine, apparaît alors comme un bref intermède et se trouve relativisée.
Cette conception du passé et de son histoire (de l’histoire faite et de l’histoire écrite), pouvait difficilement émerger tant que chaque civilisation non-occidentale était étalonnée et située en fonction de la seule ligne du développement des sociétés occidentales, comme si aucune autre forme de relations avec la nature, avec les autres hommes, avec l’avenir, n’était possible en dehors de la démarche conceptuelle et techniciste de l’Europe, surtout depuis la Renaissance, c’est-à-dire depuis la naissance simultanée du capitalisme et du colonialisme, qui ont nié (quand ils ne les ont pas détruites) les autres cultures : celles de l’Asie, de l’Islam, de l’Afrique, de l’Amérique pré-hispanique.
Pour aider à cette prise de conscience de l’Unité de l’homme toujours en naissance et toujours en croissance dans son passé comme dans son avenir, un véritable « dialogue des civilisations » aiderait sans doute à vérifier les hypothèses de travail suivantes :
Toute explosion culturelle est précédée d’une implosion, c’est-à-dire d’une convergence, en un point privilégié, de multiples apports culturels. C’est ainsi que peuvent être démystifiés le « miracle grec » qui puise aux sources de l’Egypte, de l’Inde, de la Perse, et de tout le bassin méditerranéen ; ou la Renaissance européenne qui serait in intelligible sans les apports de l’expansion arabe, des invasions mongoles véhiculant des apports chinois, sans la redécouverte non seulement de la Grèce et de Rome mais de la Perse, et, plus tard, des civilisations amérindiennes.

 

La contingence des hégémonies

 

L’un des grands malheurs de l’histoire écrite, c’est d’avoir été écrite par les vainqueurs qui ont toujours voulu prouver que leur hégémonie était une nécessité historique, c’est-à-dire qu’elle découlait nécessairement de la supériorité de leur culture et de leur civilisation. Il en fut parfois ainsi, mais, le plus souvent, la supériorité technique et militaire n’impliquait pas nécessairement la supériorité de la culture et du projet humain porté par les vainqueurs. Les prodigieuses chevauchées et les victoires des empires des steppes furent des victoires du cavalier sur le fantassin ou de l’épée de fer sur l’épée de bronze. Le triomphe des Romains sur la Grèce fut une victoire de l’organisation militaire et de l’organisation tout court. La conquête des Portugais et des Espagnols détruisant les civilisations antérieures de l’Amérique est le fruit de leur seule brutalité et de leurs armes à feu. Les grandes invasions européennes de l’Afrique et de l’Asie ne furent pas moins destructrices de hautes valeurs humaines.
Une histoire totale ne peut être qu’une histoire des possibles humains, la recherche et la reconquête des dimensions perdues de l’homme à travers les occasions perdues de l’histoire. De ce point de vue, qui est celui de l’importance du projet humain conçu ou vécu à telle ou telle époque et du rôle qu’il continue à jouer dans notre propre vie actuelle, « l’Hymne ou soleil » d’Akhenaton, est infiniment plus précieux que toutes les batailles de Ramsès. La réforme d’Akhénaton est le type de l’un de ces possibles humains avortés dans les recherches de l’unité de l’homme. L’important est donc dé souligner qu’à chaque époque de l’histoire plusieurs possibilités étaient ouvertes et qu’une seule s’est réalisée. En un mot nous ne pouvons défataliser l’avenir que si nous défatalisons l’histoire.
Chaque grande œuvre de l’homme, du simple outil au code moral, du plan d’urbanisme à l’œuvre d’art ou au credo religieux, n’est jamais le simple reflet d’une réalité mais le modèle ou le projet d’un monde à transformer ou à créer, d’un ordre qui n’existe pas encore, une anticipation du futur. Lire l’histoire d’une manière qui ne soit pas positiviste (c’est-à-dire une histoire d’où l’homme serait absent), c’est déchiffrer ce projet humain cristallisé dans une œuvré d’homme. Cela nous conduit à poser ce quatrième principe :
Un projet de civilisation avorté peut avoir laissé sa trace dans une secte religieuse, dans une utopie, dans une révolte, dans une œuvre d’art sans postérité immédiate, et cristallisant pourtant en elle un projet de civilisation.
Savoir lire l’histoire, non comme une série de faits unidimensionnels liés par la fatalité d’un destin, mais au contraire comme une infinité de possibles fourmillants et bourgeonnants, et toujours témoins de l’émergence poétique de l’homme, de ses efforts prophétiques de création, c’est se poser des questions de ce genre : qu’aurait été une civilisation, inspirée dans tous ses, aspects (économiques, politiques, religieux, etc...) par l’esprit qui s’est cristallisé seulement dans une œuvre d’art ou dans une utopie qui n’ont pas eu d’avenir immédiat ?
Il s’agit de découvrir en chaque œuvre ce centre, le plus profond de l’homme, où science et poésie ne font qu’un, ne sont qu’un seul acte : l’acte de la création continuée de l’homme par l’homme, résolument orienté vers l’invention du futur.
Un véritable dialogue des civilisations n’est possible que si je considère l’autre homme et l’autre culture comme une partie de moi-même qui m’habite et me révèle ce qui me manque. Grâce à lui des dimensions perdues renaissent en moi, des émotions que l’on croyait englouties, des beautés et des émerveillements que nous croyions oubliés.
Par lui je découvre d’un même mouvement ce qui me manque et ce que je dois recevoir de l’autre, de toutes les autres cultures et civilisations, pour devenir un homme total.
Depuis des siècles, la civilisation dite occidentale, en plaçant au premier plan l’efficacité scientifique et technique et, en détruisant systématiquement les autres valeurs, a réussi à imposer sa suprématie au monde entier.
Aujourd’hui, cette conception unilatérale du développement suscite l’angoisse pour l’avenir même du monde, non seulement en raison des possibilités nucléaires de destruction de la planète qui risque de mettre fin à l’épopée humaine commencée il y a trois millions d’années, mais aussi en raison des risques de destruction de l’environnement, de pollution et d’épuisement des ressources naturelles, de manipulation et de conditionnement de l’homme, de désintégration du tissu social.
Autre motif de cette inquiétude : l’écart croissant entre les niveaux de vie des pays dits « développés » et des pays du Tiers-monde. Cet écart découle d’une conception unilatérale du développement : la croissance pour la croissance, sans finalité humaine.
Ainsi, les problèmes posés mettent en péril l’avenir même de la planète. A cet égard, le dialogue des civilisations est essentiellement la prise de conscience que les finalités, les valeurs et le sens de notre commune histoire, ne peuvent pas être définis à partir du seul « humanisme occidental ». Nous devons, répétons-le, perdre l’illusion que l’Occident a été et sera le seul centre d’initiatives historiques et de créations de valeur.
Nous ne résoudrons les problèmes dont nous portons la responsabilité que par une nouvelle rencontre et un dialogue avec les sagesses et les révoltes d’Asie, d’Afrique, d’Islam et d’Amérique latine. Ainsi seulement nous parviendrons à concevoir et à vivre des rapports nouveaux et plus riches entre l’homme et la nature, des rapports autres que techniques ou conquérants.
Nous pourrons alors établir entre les hommes des rapports qui ne soient ni individualistes, ni totalitaires mais communautaires, tout comme il importe qu’une communication s’établisse avec l’avenir et avec le divin sans qu’il s’agisse pour autant d’une simple extrapolation de la réalité actuelle, à la manière des futurologues positivistes américains du genre d’Herman Kahn. Dans cette voie positiviste, il n’y a que guerre préventive contre l’avenir et colonisation de l’avenir par le passé et le présent, alors que l’avenir est émergence poétique du nouveau et ouverture vers « l’Autre » et le « Tout Autre ».

 

Comment favoriser
la nouvelle rencontre ?

 

Aujourd’hui, l’essentiel est peut-être d’inverser les perspectives, de mettre fin à l’hégémonie de la culture occidentale et de tendre à réaliser une unité symphonique.
Nous avons évoqué les méthodes successives employées par l’Occident pour se développer en sous-développant le reste du monde. Le colonialisme n est pas mort.
Au delà d’échanges inégaux - de plus en plus difficiles à maintenir depuis la crise du pétrole et de l’ensemble des matières premières, qui ont provoqué une véritable révolte du Tiers-Monde -, si nous souhaitons connaître un développement constructif et non convulsif, il nous faut d’abord modifier un certain nombre de nos comportements économiques, politiques et culturels. Sur ce dernier point, des initiatives sont particulièrement nécessaires.
Ce que nous appelons pompeusement la science devrait s’appeler plus modestement la science « occidentale ». Un changement radical de perspectives est à opérer. Pas seulement une « réforme de l’enseignement », qui ne serait qu’une meilleure adaptation de l’enseignement pour atteindre les mêmes fins, mais une véritable « révolution culturelle », qui ne consiste pas à modifier les moyens, les méthodes, les structures, mais les finalités de l’éducation.
Pour opérer cette révolution culturelle, il faut que :
1) L’étude des civilisations non occidentales occupe dans les études une place au moins aussi importante que celle de la culture occidentale.
Je prends mon exemple personnel. Agrégé de philosophie, j’ai passé mes examens sans connaître un seul mot des philosophes de l’Inde, de la Chine et de l’Islam. La philosophie est comprise en Occident dans un sens profondément restrictif. On la considère comme une recherche purement intellectuelle et non comme une manière de vivre.
La remarque vaut aussi pour la littérature. L’homme « cultivé » ne peut se procurer, en France, une traduction complète du Ramayana qu’à la Bibliothèque Nationale et on ne dispose que depuis quelques mois d’une petite traduction du Gilgamesh, etc... En dehors des spécialistes, nous sommes d’une ignorance insondable pour tout ce qui se rapporte à la culture non occidentale.
2) Que l’esthétique occupe une place au moins aussi importante que l’enseignement des sciences et des techniques.
Une œuvre d’art doit être considérée non comme le reflet d’une réalité déjà existant mais comme le projet d’un monde à construire.
J’entends par enseignement esthétique non pas une théorie, une métaphysique du beau, totalement inutile, comme, d’ailleurs, toute métaphysique, mais, à la fois une pratique des arts et une réflexion sur l’acte créateur : peinture danse, architecture, sculpture musique, théâtre...
Cela implique une inversion radicale de nos conceptions occidentales scientistes et technocratiques.
3°) Que la prospective - l’art d’imaginer le futur - et la réflexion sur les fins ait au moins autant d’importance que l’histoire.
Telles sont, à mon sens, les trois mutations essentielles qu’un véritable dialogue des civilisations peut apporter à notre système d’éducation. Cet enseignement nouveau ne doit pas seulement s’adresser aux enfants, mais, sous forme d’éducation permanente, aux masses dans leur ensemble. Pour atteindre cet objectif, diverses initiatives sont nécessaires.
Lorsque a lieu, par exemple, une exposition, l’art occidental, tient toujours un rôle primordial sinon unique, même à titre de référence - ceci, à l’échelle mondiale.
Lors des Olympiades de Munich fut organisée une exposition d’art mondial, d’où l’on ressortait avec l’impression que le Japon n’existait que depuis l’époque des impressionnistes et l’Afrique depuis l’expressionnisme allemand et le cubisme français. Tout était jugé avec une optique occidentale.
A l’exposition « universelle » d’Osaka, au Japon, on a juxtaposé des œuvres orientales et occidentales sans chercher à montrer l’interpénétration des unes par les autres. Nous pourrions multiplier les exemples.

Or, il est possible de remplacer ces expositions très coûteuses - les frais d’assurance pour le transport de chefs d’œuvre sont considérables - par des expositions de reproductions de haute qualité des œuvres primordiales de la culture mondiale. Une exposition groupant cent œuvres maîtresses présentant cent visages des hommes et des dieux ne devrait pas en comprendre plus de vingt d’origine occidentale, pour respecter la perspective de trois millénaires d’histoire.
On rétablirait ainsi le contact entre les peuples et leur propre culture dont ils se trouvent séparés.
Nous avons déjà rappelé combien les trésors d’art de l’Afrique ont été livrés au pillage. Et cela est vrai de l’Océanie, littéralement écumée, de la Chine et du Japon. La technique nous permet, aujourd’hui, d’universaliser la culture, en reproduisant avec précision des œuvres de toutes sortes, au moyen de matériaux très légers, robustes et peu coûteux.
Des reproductions en résines synthétiques permettent, en outre, de lutter contre la spéculation sur les œuvres d’art qui encombrent actuellement les coffres des banques, les soustrayant ainsi à la contemplation en créant une confusion permanente entre valeur marchande et valeur esthétique.
La sculpture nous permet de mieux relativiser l’importance de l’apport occidental. Mais, la peinture ne doit pas être négligée. Je pense, en particulier, aux œuvres Song, aux estampés japonaises et aux grandes fresques indiennes que la technique de la reproduction nous permettrait de situer à leur vraie place : l’une des premières du monde.
Ainsi pénétreraient partout les chefs d’œuvre du génie de tous les peuples. Rien n’empêcherait que de telles expositions soient organisées dans la plus modeste Université ou dans une petite ville de province.
Il ne suffirait pas de juxtaposer les œuvres exposées. L’on devrait situer chacun d’elles dans son contexte historique en précisant ce qu’étaient les techniques de l’époque, la vie sociale, politique religieuse, les autres formes d’arts tels que le théâtre, la musique...Ce qui permettrait de déchiffrer en chaque œuvre un moment de la création de l’homme par l’homme.
Pour éliminer l’idée de réalisations ponctuelles, il importerait d’expliquer ce qui marque, dans chaque œuvre, à la fois un point de convergence des influences reçues et un point de rayonnement des influences exercées par elle.
La même démarche doit être tentée pour les grandes œuvres musicales ou poétiques de l’humanité, pour l’histoire aussi des peuples, en une sorte d’Encyclopédie sonore du monde sur mini-cassettes. Les chefs-d’œuvre de l’humanité seraient ainsi à la portée de tous. Qui connaît en Europe, en dehors des spécialistes, le Gamelan de Bali, les musiques de l’Inde et celles de la Chine ?
Les grands poèmes comme le Ramayana, les épopées comme celle du Gilgamesh ou du Popol Vuh, les hymnes védiques, la poésie d’amour mystique des Soufis persans et arabes, présentés sous forme populaire ne seraient plus seulement accessibles à quelques spécialistes. Il suffirait d’adapter à nos sociétés modernes la fonction qu’exercèrent autrefois les conteurs populaires qui racontaient l’Histoire de cette création de l’homme.
Dans le même esprit, peut-être brossée la « fresque filmée de l’épopée humaine ». On utiliserait aussi bien des films de très court métrage, flashes destinés à être projetés dans les expositions pour situer une œuvre dans son ensemble, que des séries de films, présentés sous une forme populaire et dramatique, constituant autant de synthèses scientifiques de qualité, mais aussi un immense « reportage » couvrant dix mille ans d’histoire, passionnant comme un roman - celui de l’aventure humaine.
Ainsi pourrait se réaliser, dans un délai assez court, la grande inversion de perspectives de la culture mondiale, non pour nier ou rejeter la culture occidentale mais pour la relativiser et pour prouver qu’on ne parviendra pas à résoudre, en partant seulement d’elle, les problèmes redoutables qu’elle continue de poser.

 

Que pouvons-nous attendre
de cette nouvelle rencontre ?

 

On peut espérer obtenir trois résultats de cette conception symphonique de la culture.

- Relativiser notre conception occidentale.

Nous devons absolument prendre nos distances par rapport à notre culture et à notre système de développement, par rapport aussi à notre projet de civilisation - ou plutôt notre absence de projet.
Notre postulat implicite : « Tout ce que la technique permet doit être accompli », ne peut conduire l’Occident et le monde qu’à la faillite.
Un nouveau dialogue des civilisations permettra de défataliser l’avenir, d’apprendre à concevoir et à réaliser d’autres possibles, de retrouver un équilibre avec la nature.
Relativiser signifie également réviser nos rapports avec les autres hommes, ne pas imaginer que nous devons imposer nos projets d’une manière contraignante. Cette dernière attitude, la plus conservatrice qui soit, émane de milieu traditionnellement conservateurs mais aussi, malheureusement, de certains partis révolutionnaires qui ont la prétention d’apporter « du dehors » la conscience révolutionnaire aux masses.
Le plus important est de créer les conditions qui permettront à chacun de concevoir et de vivre d’autres possibles et de favoriser l’autodétermination des fins. Ce qui exige nombre de transformations sociales afin que l’étau qui enserre l’homme dans des besognes quotidiennes soit relâché.
Les loisirs connaissent, eux aussi, la pollution. Au delà d’une certaine cadence de travail, il n’y a de place que pour des loisirs passifs, par exemple : ouvrir la télévision et subir les âneries infantiles de ces directeurs de conscience inconscients que sont en général « les animateurs » du petit écran. Une statistique de l’UNESCO révèle que, pour l’ensemble des programmes d’un bon nombre de pays - dont ceux des Etats-Unis, du Japon, et de la France le niveau mental des émissions ne dépasse pas celui d’un enfant de onze ans.
Il est indispensable de donner à chacun le temps de la contemplation qui permet de prendre ses distances par rapport à soi-même et de participer.
Décentrer notre vision du monde par rapport à notre « petit moi ».
Les civilisations non occidentales nous apprennent essentiellement que l’individu n’est pas le centre de toutes choses. Leur plus grand mérite consiste à nous faire découvrir l’Autre et le Tout-Autre, sans arrière-pensée de concurrence et de domination.
Nous ne concevons les rapports entre les hommes que sous forme de délégation de pouvoirs. C’est ce que Rousseau appelait déjà, dans le Contrat Social une aliénation.
La conception statistique de l’homme, qui forme l’ossature des démocraties parlementaires dites représentatives, est particulièrement appauvrissante pour l’individu.
Il importe essentiellement que nous apprenions d’autres civilisations le vrai sens d’un rapport humain associatif dans lequel chaque activité se trouve prise en charge par une communauté responsable. Il s’agit de passer d’une démocratie représentative à une démocratie participative, fondée non pas sur une délégation de pouvoirs mais sur des associations à tous les niveaux.
Finaliser notre action.
Notre civilisation a commis une erreur fondamentale. Elle a transformé le grand rationalisme cartésien, spinoziste et hégélien, en un petit rationalisme étroit : celui du positivisme. Simple description, la science n’a pas conscience de sa relativité.
Auguste Comte prétendait très dogmatiquement isoler certains faits pour les relier ensuite par un rapport de cause à effet.
Les éléments d’analyse scientifique, lorsqu’on les considère séparément, conduisent à un racornissement de la science elle-même.
Dans le Hasard et la nécessité de M. Jacques Monod, l’on éprouve une sorte de plaisir esthétique à découvrir la manière dont il explique la naissance de la vie, sans être persuadé que ce soit l’explication dernière. Mais quand, partant de là, il extrapole et parle de problèmes qu’il ignore complètement, comme par exemple le Marxisme, et plus généralement ce qu’est l’homme au delà de son existence biologique, on a l’impression que Jacques Monod partage une illusion qui fut celle de Lamétrie au XVIIIe siècle dans son ouvrage sur « l’homme-machine » : la mécanique étant la Science la plus avancée de son époque, elle fonctionnerait parfaitement dans d’autres domaines. Lamétrie a pensé qu’on pouvait l’appliquer à la biologie, et pas seulement à la biologie des animaux, comme le croyaient Descartes et Malebranche, mais aussi à l’homme.
Monsieur Jacques Monod se comporte de la même manière aujourd’hui, non plus avec la mécanique mais avec la cybernétique, donnant ainsi une valeur absolue à un simple moment de la science.
Quand se souviendra-t-on donc que tout ce que je dis de l’homme, c’est un homme qui le dit ? C’est une conception toujours révisable. On ne combattra jamais assez ce genre de dogmatisme, le plus dangereux de tous, en insistant sur les autres aspects, esthétiques ou spirituels, de la vie, sur le contact immédiat avec « l’autre » homme et avec la nature.
Cet état d’esprit permet une ouverture sur l’avenir en privilégiant l’émergence poétique de l’homme. L’avenir n’a de sens que dans la mesure où il est création véritable.

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 19:44






Suite de Conmment construire
l'unité humaine -
par Roger Garaudy




2) -- Par une mutation
politique



Comment créer un ordre politique à visage humain

Toute démocratie fondée sur la seule défense de l'individu abstrait sans tenir compte de son pouvoir réel (ex: ceux du possédant ou du chômeur) ne peut conduire qu'à l'élection d'une majorité statistique, où, chacun poursuivant ses intérêts propres, et concurrent de tous les autres sur le marché (marché du travail ou marché du commerce) la résultante -- comme disait déjà Marx -- est quelque chose que personne n'a voulu.

Pour établir une comparaison: lorsqu'on parle de produit national brut par tête d'habitant, le chiffre global ne signifie rien: il est une moyenne entre les revenus du milliardaire et celui du chômeur. Cette moyenne ne correspond à aucune réalité concrète.

La coalition des intérêts (corporatifs, ou de classes), ou d'objectifs communs aux membres d'un groupe particulier n'apporte pas davantage la réalité d'un projet commun (Rousseau disait: "une volonté générale" ) à la société globale.

Enfin, et surtout de nos jours, la manipulation des opinions publiques par les médias possédés par quelques grands monopoles ou quelques grandes puissance (qu'il s'agisse de Bill Gates ou de Murdoch, de la CNN ou des télévisions, dites nationales servant les intérêts du gouvernement en place, ou des lobbies les mieux structurés et financés), crée une pensée unique du politiquement correct.

Les coalitions de droite ou de gauche pratiquent dès lors la même politique et le désintérêt de la population (en France comme aux Etats-Unis) s'exprime par une abstention électorale de plus en plus massive.

Tels sont les éléments majeurs de l'imposture de la démocratie occidentale, qui ne constitue d'ailleurs pas un obstacle aux dictatures sur lesquels elles débouchent finalement, soit de façon directe, comme ce fut le cas pour Hitler qui arriva au pouvoir par le jeu régulier de ce genre de démocratie, c'est-à-dire en recueillant une majorité absolue au Parlement, soit sous forme indirecte lorsqu'un Etat démocratique plus puissant amène au pouvoir des dictatures pour protéger ses propres intérêts. Les Etats-Unis, sont le modèle du camouflage du parti unique, avec, pour le public, ses deux variantes officielles: démocrates ou républicains, constituant en fait le parti unique de l'argent, avec des équipes différentes se partageant les dépouilles (c'est à dire les postes dirigeants ou les prébendes) lorsqu'ils remportent la victoire. Ils appuient, avec la même force, les dictatures de l'autre Amérique, et votent avec la même unanimité les crédits pour Israël, ou les mêmes veto à toute sanction contre ses violations des décisions de l'O.N.U., ou les mêmes agressions contre quiconque prétend s'opposer à leur domination mondiale, ou défier leurs embargos.

Qu'est- ce qu'une démocratie?

Etymologiquement démocratie signifie: gouvernement par le peuple et pour le peuple. Or, le principal théoricien de la démocratie, celui dont se réclamait la Révolution française, Jean Jacques Rousseau, dans son Contrat social, dit clairement, déchirant tous les mensonges des prétendues "démocraties occidentales": "A prendre le terme dans la rigueur de l'acception, il n'a jamais existé de démocratie véritable." Et ceci pour deux raisons.

1/ -- l'inégalité des fortunes, qui rend impossible la formation d'une volonté générale, opposant au contraire ceux qui ont et ceux qui n'ont pas.
2/ -- l'absence d'une foi en des valeurs absolues qui fassent à chacun aimer ses devoirs au lieu de laisser régner la jungle d'un individualisme, où, chacun se croyant le centre et la mesure des choses, est le concurrent et le rival de tous les autres. (Contrat social, Ed. Pléiade, p. 468).

Il n'avait alors qu'un exemple historique d'une prétendue démocratie: celui de la Grèce antique. L'on enseigne, aujourd'hui encore, à nos écoliers, qu'elle est la mère des démocraties, en ne rappelant pas que dans cette démocratie athénienne à son apogée (au temps de Périclès au Ve siècle) il y avait vingt mille citoyens libres, constituant le peuple et possédant le droit de vote, et cent dix mille esclaves n'ayant aucun droit. Le vrai nom de cette démocratie serait: une oligarchie esclavagiste.

Or, cet usage menteur du mot démocratie n'a cessé de régner en Occident.

-- La Déclaration de l'Indépendance américaine, proclamée le 4 juillet 1776 (l'année de la mort de J.J. Rousseau), "considère comme des vérités évidentes par elles mêmes que les hommes naissent égaux; que leur Créateur les a doués de certains droits inaliénables: la vie, la liberté...". Or la constitution née de cette déclaration solennelle maintient l'esclavage pendant plus d'un siècle.

Démocratie pour les blancs, pas pour les noirs.

-- La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de la Révolution française de 1789, affirme que "tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits". En ses articles 14 et 15, elle précise même que "tous les citoyens ont le droit de participer à l'élaboration de la loi". Or, la Constitution dont cette Déclaration constitue le préambule, n'accorde le droit de suffrage qu'aux possédants*: les autres, c'est-à-dire trois millions de Français sont déclarés citoyens passifs, les citoyens actifs (électeurs) selon l'expression de Sieyes, père de cette Constitution, sont "les vrais actionnaires de la grande entreprise sociale.". Avant lui, le plus grand philosophe français du siècle, Diderot, écrivait dans son Encyclopédie (article: Représentant: "le propriétaire seul est citoyen. "

Démocratie pour les propriétaires, pas pour le peuple.

En 1848 est instauré le suffrage universel, mais seulement pour les hommes.

La moitié de la nation (les femmes) en est exclue.

Démocratie pour les hommes, pas pour les femmes.

L'on pourrait multiplier les exemples.

Celui d'Israël est typique. Il nous est présenté comme le modèle de la démocratie. Or, dans son livre significativement intitulé: Le Caractère juif de l'Etat d'Israël, le Professeur Claude Klein, directeur de l'Institut de droit comparé à l'université hébraïque de Jérusalem, nous apprend (à la page 47 de son livre), que la loi adoptée par la Knesset en 1970, en son article 4, donne cette définition du juif (qui confère le droit au retour et à la citoyenneté): "est considéré comme juif celui qui est né de mère juive ou qui s'est converti au judaïsme, et qui n'appartient pas à une autre religion." Critère racial et critère confessionnel nous ramènent ainsi au temps de l'Inquisition espagnole exigeant la pureté du sang et la conversion au catholicisme.

Démocratie pour les juifs, pas pour les autres.

Mais l'exemple le plus révélateur de cette imposture de la démocratie à l'occidentale, et le plus actuel, car sur lui se fondent toutes les formes d'un prétendu droit d'ingérence au nom de la défense des droits de l'homme, c'est la "Déclaration universelle des droits de l'homme " proclamée par les Nations Unies en 1948.

Pour nous en tenir à quelques exemples, elle proclame:

-- Article 1. " Tous les êtres humains sont libres et égaux en dignité et en droit ... "
avec les précisions suivantes:
-- Article 23, 1. " Chacun a droit au travail.... " alors qu'il y a 35 millions de chômeurs dans le monde dit riche et des centaines de millions de sans emploi et d'exclus dans le Tiers Monde.
-- Article 25, 1. " Chacun a droit à un niveau de vie lui assurant la santé et le bien être... " alors qu'aux Etats-Unis même, 33 millions d'êtres humains vivent en dessous du seuil de pauvreté, et qu'il en est de même, dans le Sud, pour les trois cinquièmes de l'humanité.
-- Article 25, 2. " Les mères et les enfants ont droit à une assistance et des soins particuliers ", alors que le bulletin de l'UNICEF de 1994 nous apprend que treize millions et demi d'enfants meurent chaque année de faim, de malnutrition ou de maladies aisément guérissables, et qu'aux Etats-Unis même, un enfant sur huit ne mange pas à sa faim. (15)

Deux questions fondamentales se posent ici:

1/- Quand on parle de l'homme, de quel homme s'agit-il?: le blanc? le propriétaire? l'Occidental?

2/ -- Que signifie un droit pour un homme qui n'a pas les moyens de l'exercer?

Que signifie, par exemple, le droit au travail pour des millions de chômeurs? Le droit à la vie pour des millions d'êtres humains qui, dans le monde non occidental, meurent, pour qu'en Occident les privilégiés puissent poursuivre librement leurs gaspillages?

En outre, qui dispose du pouvoir d'ingérence? Existe-t-il un peuple africain disposant de ce droit pour mettre fin aux discriminations raciales des Etats-Unis? Pour sanctionner par exemple les crimes de Los Angeles? Les interventions militaires pour la défense des frontières s'appliquent de façon sauvage lorsqu'il s'agit de défendre les pétroles américains du Koweït, mais aucune sanction n'intervient, malgré un vote unanime des Nations Unies, lorsqu'Israël annexe Jérusalem.

Nous pourrions multiplier les exemples de cette jungle où règne la loi du plus fort sous prétexte de défense de la démocratie: le soutien de Pinochet et de toutes les dictatures dans le monde lorsqu'elles servent les intérêts américains, et leur écrasement lorsqu'elles cessent de les servir, du général Noriega au Panama, recevant de Bush, directeur de la C.I.A., tant qu'il est un agent fidèle, le même traitement qu'un président des Etats-Unis, et subissant une invasion de son pays lorsqu'il revendique ses droits légitimes sur le Canal, à Saddam Hussein que l'on appelait en France, dans un livre: Le de Gaulle irakien lorsqu'il recevait argent et armes pour combattre l'Iran, et qui devient brusquement le nouvel Hitler lorsqu'il tente de résister à l'intervention coloniale des Etats-Unis et de leurs laquais.

Le mensonge fondamental, justifiant tous les crimes au nom de la démocratie (comme le maintien de l'embargo contre l'Irak qui tue des milliers d'enfants au nom de la défense des droits de l'homme), est fondé sur une identification hypocrite de la liberté du marché avec la liberté de l'homme.

Une authentique démocratie ne peut donc être fondée sur une toujours faussée et menteuse Déclaration universelle des droits de l'homme mais sur une Déclaration universelle des devoirs de l'homme, dont les principes inspirateurs pourraient être les suivants:

Une déclaration universelle des devoirs de l'homme.

Préambule

L'Humanité, dans la diversité de ses composantes, est un tout indivisible.

Le devoir primordial des communautés et de leurs membres est de servir cette unité et son développement créateur.

Distinguant l'homme de l'animal, ce devoir est le fondement de tous les autres.

Il exclut toutes les tyrannies et garantit tous les droits.

Il exclut toute prétention à l'exclusivité et à la domination d'une croyance, d'une nation, d'un groupe comme d'un individu.

Il garantit la liberté d'expression à tout humanisme (c'est-à-dire à toute doctrine servant les intérêts de l'humanité comme un tout), come la liberté d'expression, de foi ou de pratique à toute religion (c'est-à-dire à toute croyance attribuant une origine divine à cette unité); à toute aspiration nationale apportant la contribution de sa culture spécifique à la symphonie de cette unité mondiale; à l'épanouissement, en tout individu (quel que soit son sexe, son origine, sa vocation) de toutes les possibilités créatrices qu'il porte en lui.

Le monde, aujourd'hui, est un.

Son unité de fait est lourde de menaces.

Son unité à créer est porteuse d'espérance.

* * *

I -- L'unité de fait est lourde de menaces.

Les plus merveilleuses avancées de la science et de la technique, servent plus souvent à la destruction de l'humain qu'à son épanouissement s'ils ne sont orientés par aucun dessein universel, par aucune réflexion sur le sens de la vie.

La science et la technique nous donnent en effet des pouvoirs et des moyens illimités, mais ne peuvent nous désigner nos fins dernières.

Un monde fondé sur une conception quantitative du bonheur qui n'a d'autre but que de produire et de consommer de plus en plus et de plus en plus vite n'importe quoi, au point que les trafics aujourd'hui les plus fructueux sont ceux des armements et de la drogue.

Dans ce monde où les fortunes s'acquièrent par la spéculation financière plus que par le travail producteur de biens et de services, toutes les dérives conduisent à la jungle, sans autre loi que celle du plus fort, celle de la violence et du chaos.

La destruction de l'humain, par le monothéisme du marché et l'idolâtrie de l'argent, suscite des réactions de révolte et d'évasion.

Evasion dans la drogue ou les tranquillisants, dans la déchéance de l'art en divertissement pour oublier le réel et le sens, cultivant la nouveauté pour la nouveauté, fut-elle absurde, ou le spectacle non pour l'éveil mais pour l'hébétude ou la transe.

Révoltes nées de l'éclatement des cadres anciens de la vie sociale: les familles, les églises et les nations.

Déchéance de ce qui fut la foi, dans le foisonnement des intégrismes, des superstitions ou des sectes.

Exaspération des nationalismes archaïques par la mythologie d'entités ethniques conduisant à la désintégration du tissu social en unités de plus en plus petites et non viables.

Cette dégénérescence des nationalismes politiques et des intégrismes religieux universalise la violence dans un désordre international nouveau qui n'a plus de loi ni de droit, et des vies personnelles que ce désordre tend à priver de sens et d'avenir.

II- L'unité a créer est porteuse d'espérance

Que la vie ait un sens ne se démontre pas.

Qu'elle n'en ait aucun ne se démontre pas non plus.

Un pari est donc primordial pour arrêter les dérives vers un suicide planétaire.

Un pari avec ses refus.

Un pari avec ses projets.

Les refus d'un ordre ancien dépassé:

-- La propriété ne peut plus être le droit individuel d'user et d'abuser, qui a conduit à la polarisation de la richesse aux mains de minorités au détriment des multitudes.

-- La nation ne peut plus être une fin en soi dont la volonté de puissance et de croissance conduit à des guerres et à des affrontements sans fin.

-- La religion ne peut plus être la prétention de détenir la vérité absolue, qui implique le droit sinon le devoir de l'imposer aux autres, et qui a justifié les inquisitions et les colonialismes.

Les projets d'un avenir qui n'est pas ce qui sera mais ce que nous ferons.

La mutation radicale, qui seule peut assurer une nouvelle floraison de l'humanité, et même sa simple survie, exige le passage de l'individualisme, où chacun se considère comme le centre et la mesure de toute chose, à la communauté dont chaque membre se sent responsable du destin de tous les autres (la liberté de l'autre n'est pas la limite de ma propre liberté mais sa condition); du positivisme, fondé sur la croyance superstitieuse selon laquelle la science et la technique peuvent résoudre tous les problèmes, y compris celui du sens de notre vie, et devenant une religion des moyens, à la foi, que les uns appellent foi en Dieu et les autres foi en l'homme, mais qui est toujours foi dans le sens de la vie et de l'unité du monde.

Du particularisme, privilégiant les intérêts d'un individu, d'un groupe ou d'une nation contre ceux du tout. Aucune action ne peut être créatrice d'un avenir à visage humain si elle n'est pas fondée sur la considération première du tout et ne s'y ordonne.

La situation du monde, au seuil du troisième millénaire nous impose ce choix:

-- l'inconscience de l'anarchie d'une guerre de tous contre tous, qui, au niveau actuel de nos pouvoirs, conduit à la mort,

ou

-- la conscience de la primauté absolue du tout pour sauver l'espérance, c'est à dire la vie.

 

Projet de déclaration des devoirs de chaque homme et de tout homme

1 -- L'humanité est une seule communauté, mais non par l'unité impériale de domination d'un Etat ou d'une culture. Cette unité est au contraire symphonique, c'est à dire riche de la participation de tous les peuples et de leur culture.

2 -- Tous les devoirs de l'homme et des communautés auxquelles il participe découlent de sa contribution à cette unité: aucun groupement humain, professionnel, national, économique, culturel, religieux, ne peut avoir pour objet la défense d'intérêts ou de privilèges particuliers, mais la promotion de chaque homme et de tout homme, quel que soit son sexe, son origine sociale, ethnique ou religieuse, afin de donner à chacun la possibilité matérielle et spirituelle de déployer tous les pouvoirs créateurs qu'il porte en lui.

3 -- La propriété, publique ou privée, n'a de légitimité que si elle est fondée sur le travail et concourt au développement de tous. Son titulaire n'en est donc que le gérant responsable.

Nul intérêt personnel, national, corporatif ou religieux, ne peut avoir pour fin la concurrence, la domination l'exploitation du travail d'un autre ou la perversion de ses loisirs.

4 -- Le pouvoir, à quelque niveau que ce soit, ne peut être exercé ou retiré que par le mandat de ceux qui s'engagent, par écrit, pour accéder à la citoyenneté, à observer ces devoirs. Les titulaires peuvent en être exclus par leurs pairs s'ils en dérogent.

Il ne comporte aucun privilège mais seulement des devoirs et des exigences.

Poursuivant le même but universel il ne peut s'opposer en rival à aucun autre pouvoir.

5 -- Le savoir ne peut, en aucun domaine, avoir la prétention de détenir la vérité absolue, car cet intégrisme intellectuel engendre nécessairement l'inquisition et le totalitarisme.

La création étant le propre de l'homme elle ne peut être aliénée ou remplacée par aucune machine, si sophistiquée soit elle, sans déchoir en idolâtrie des moyens ( qui exclurait tout fondement du devoir ).

6 -- Le but de toute institution publique ne peut être que la Constitution d'une communauté véritable c'est à dire, à l'inverse de l'individualisme, d'une association en laquelle chaque participant a conscience d'être personnellement responsable du destin de tous les autres.

7 -- La coordination universelle de ses efforts de croissance de l'homme peut seule permettre de résoudre les problèmes de la faim dans le monde et de l'immigration, comme du chômage forcé ou de l'oisiveté parasitaire, et de donner à chaque être humain les moyens d'accomplir ses devoirs et d'exercer les droits que lui confère cette responsabilité.

Elle exclut donc tout privilège de puissance, qu'il s'agisse de Veto, de pressions militaires ou financières ou d'embargos économiques.

Il n'appartient qu'à la communauté mondiale -- sans différenciation numérique -- de veiller à l'observance universelle de ces devoirs.

Une télévision contre la société

Nulle part cette déclarations des devoirs, avec les serments et les sanctions qu'elle implique n'est plus nécessaire que lorsqu'il s'agit de ce qui est aujourd'hui le cancer mortel des démocraties occidentales: la télévision.

Nous en traitons au chapitre de la politique car c'est là qu'elle exerce le plus évidemment son pouvoir et ses ravages: ni la famille, ni l'Eglise, ni l'école n'ont aujourd'hui une influence comparable sur les mentalités et les comportements.

L'on a déjà dit à propos de la démocratie athénienne: tout y dépendait du peuple et le peuple de la parole (de ses sophistes et de ses rhéteurs).

L'opinion publique, censée aujourd'hui s'exprimer dans des élections (de plus en plus désertées par les abstentions tant leur influence sur la vie est si peu réelle) est dans l'étroite dépendance de la télévision, qu'elle soit un organe de l'Etat et du gouvernement, ou des chaînes privées aux mains de grandes entreprises, ou qu'elle s'impose internationalement par le monopole mondial de la désinformation comme la CNN américaine.

Leur caractère commun est d'être soumises aux lois du marché et à ce monothéisme du marché dont l'orthodoxie est rigoureusement contrôlée par les Etats-Unis.

L'information (langage ou image) est une marchandise, soumise comme telle aux exigences de la concurrence et de la compétitivité, où l'argent exerce une censure plus implacable encore que les régimes les plus totalitaires.

Elle dicte les programmes en fonction de l'audimat qui, sous prétexte que le consommateur aime çà, privilégie le sensationnel, la violence, le sexe ou la nouveauté à tout prix (la course au scoop excluant toute analyse, toute réflexion critique, toute culture et toute compréhension du fait pour être le premier à livrer la pâture.)

Le sensationnel est primordial.

Qu'est-ce qu'un fait journalistique? Ce n'est pas ce qui vous aide à prendre conscience des tendances lourdes de la société, à vous situer en elle et à vous suggérer votre responsabilité dans ses inflexions. C'est ce qui fait vendre lorsqu'il s'agit de la presse écrite ou augmente l'audimat de la chaîne télévisée (et par conséquent le volume et le tarif de publicité qui en découlent).

Si vous aimez votre femme, cela n'intéresse personne. Si vous la tuez, c'est déjà un fait divers qui vous vaudra un entrefilet dans le journal ou 27 secondes au journal télévisé. Si vous la coupez en morceaux, cela vaut une colonne ou trois minutes d'émission. Si vous la mangez (comme le fit récemment un Japonais) c'est la gloire.

L'exploitation commerciale de ce sadisme n'a point de bornes: depuis la projection en direct de l'agonie d'une petite fille dans un marécage, jusqu'à la présentation journalistique de l'exécution d'une femme condamnée à mort et achevée quatorze ans après son crime, en y ajoutant l'image de l'hilarité sadique de ceux qui apprennent la nouvelle et la fêtent dans un bistrot à grandes lampées de whisky.

La violence aussi paye bien: le déferlement des thrillers américains en témoigne. Et, comme les MacDonalds, elle fascine tout particulièrement les enfants qui y trouvent même, outre l'agressivité croissante et la délinquance juvénile, des modèles de technique du meurtre dont il arrive de plus en plus souvent, et pour de plus en plus de jeunes, de s'inspirer.

Pour les adultes l'image menteuse ou l'interview truqué ont une conséquence plus meurtrière encore: lorsqu'à Timisoara on tire de la morgue les cadavres d'une mère et d'un enfant (morts à des moments différents) et que le montage est réussi, l'on fait croire à un massacre sauvage qui conditionne l'opinion pour la modeler selon les besoins politiques du moment.

Lorsqu'à la télévision américaine un témoin oculaire raconte comment des soldats irakiens ont tiré des nouveaux-nés de leurs couveuses et les ont fracassés sur le sol, le président Bush invoque ce témoignage pour faire accepter à l'opinion le massacre d'un peuple aussi barbare, et, plusieurs années plus tard, l'assassinat par l'embargo d'un enfant toutes les six minutes.

Et puis, l'oeuvre accomplie, il est révélé que le témoin oculaire était la fille de l'ambassadeur du Koweït qui n'avait pas mis les pieds dans son pays au moment où s'y trouvaient les troupes irakiennes.

C'est là l'un des chefs-d'oeuvre de l'efficacité de l'image, non seulement marchandise mais arme de guerre.

Le dressage et la banalisation de la violence commence tôt. Les statistiques américaines estiment qu'un enfant de six à quinze ans dépense environ quarante heures par semaine à regarder la télé ou à manipuler des jeux vidéos (où l'on peut par exemple se prendre pour un champion sportif en tripotant des boutons sans effort pour réaliser une performance.)

A tous les niveaux, la télévision cultive la passivité et s'oriente vers le nivellement par le bas, sous prétexte que le public veut çà, n'ayant en effet le choix qu'entre les productions de ces directeurs de conscience inconscients, des sous-hommes promus vedettes des spectacles de variétés et des programmateurs de films.

Une anticulture, fabriquée à Hollywood par les élites monétaires du monde, est relayée, de Dakar à Paris ou à Taipeh, par les cinémas, les télévisions, les cassettes vidéo.

La fréquentation des cinémas, l'audience des films, les relevés de prêts des vidéothèques, les taux d'écoute des télévisions l'attestent: l'écrasante majorité des images de la vie diffusées dans le monde tend à banaliser la violence et l'épouvante, et ce sont les thrillers; à exalter le mythe du plus fort et de l'invincible, de Tarzan à James Bond; le racisme, et ce sont les westerns; l'ordre et la loi, et ce sont les polars.

Culte des idoles et idolâtrie de leurs plus fausses vies, avec tous les ersatz de la drogue et du décibel.

Tel est le résultat de l'entrée de la télévision dans la logique du marché et de sa liturgie publicitaire.

M. Hersant, énonçait clairement la loi dominante: "Je dis qu'un film est bon ou qu'un programme est bon lorsqu'il fournit un bon support aux messages publicitaires."

Ainsi s'instaure la dictature de l'audimat, mesurant le nombre de téléspectateurs d'une émission. L'audimat conditionne à la fois les prix de la publicité et les crédits accordés aux programmes. L'un des producteurs d'émissions de variétés à TFI, M. Albert Ensalem, déclare à Télérama: "Plus on est au ras des pâquerettes, plus on fait de l'audience; c'est comme ça. Est-ce qu'on doit faire intelligent contre les téléspectateurs? Eux ils n'ont pas à réfléchir. Alors arrêtons de jouer aux donneurs de leçons."

Il y a là une incitation permanente et décisive au racolage, à la démagogie, à la veulerie courtisane à l'égard d'une opinion publique manipulée par la publicité, les médias, la télévision elle-même qui, ainsi, ne raconte pas l'histoire, elle la fait. Dans le sens de l'abandon, de l'aveuglement du marché et de la désintégration de tout esprit critique et de tout esprit de responsabilité. Depuis les sondages faits non pour refléter l'opinion mais pour la manipuler, la suffocante ineptie des jeux télévisés et des loteries, faisant miroiter les chances de l'argent facile, jusqu'à des informations qui n'en sont pas, où l'on nous soumet à la contemplation hébétée des catastrophes du monde. Tout tend, par opportunisme commercial, à infantiliser l'opinion, sans rien, (sauf à dose homéopathique et après onze heures du soir) qui puisse nous aider à comprendre les événements de cette fin du deuxième millénaire, ou, au moins, nous montrer le spectacle d'une vie proprement humaine.

L'argument selon lequel le public ne veut pas autre chose est une imposture: on ne lui laisse en effet choisir, dans les sondages, qu'entre le détestable et le pire.

Gérard Philippe jouait le Cid devant un public de quinze mille spectateurs enthousiastes, et Jean Vilar faisait salle comble au palais de Chaillot comme dans des théâtres de banlieue en jouant aussi bien des tragiques grecs que des pièces de Bertold Brecht.

Ce n'est donc pas le public qui est coupable, mais ceux qui le décivilisent.

Il y a là une forme de pollution des esprits, plus dangereuse que tout autre atteinte à la santé de l'environnement naturel ou spirituel.

C'est pourquoi, dans l'esprit de la Déclaration des devoirs, le prétendu libéralisme ne doit pas laisser le droit de tuer l'esprit comme les corps, à de prétendus journalistes vedettes qui n'ont même pas conscience des finalités et des responsabilités éducatrices de leur mission.

Il est paradoxal qu'on exige des médecins, après leurs études professionnelles pour soigner les corps, un serment d'Hippocrate, et qu'à ceux qui, chaque jour, devraient avoir pour mission d'apprendre à des millions d'auditeurs ou de lecteurs à se poser des questions sur le train du monde et sur leur responsabilité personnelle, critique, dans la préparation du futur, on ne demande rien de semblable. Recrutés soit à partir d'écoles de journalisme plus enclines à enseigner des techniques d'efficacité que des réflexions sur les finalités, ou, pire encore, à partir de ratés des autres professions: faire un critique d'art ou de musique, de celui qui n'a pu devenir un créateur en peinture ou en musique, et qui n'en possède que des rudiments culturels propres à encenser les modes du jour ou les calculs des marchands, il ne leur est demandé aucune garantie de responsabilité.

Pourquoi pas, comme au terme des études médicales, un serment d'Hippocrate, ne pas exiger, après leur avoir enseigné au moins des rudiments de culture et une interrogation véritable sur les finalités humaines de leur métier, un serment d'Hermès sur la déontologie du porteur de messages?

Cela ne suffirait pas, mais déjà attirerait l'attention sur l'un des problèmes majeurs de notre temps. Ce n'est pas seulement une école qui peut suffire à ce redressement.

Tous les membres de la société civile, doivent être associés au contrôle de la programmation et de la gestion de la télévision telles que des associations d'auditeurs et participants des organes fondamentaux de la société: syndicats ouvriers ou agricoles, universités, groupements culturels d'artistes ou de membres des professions libérales ou artisanales. Il s'agit d'obtenir le contrôle de tout un peuple et non pas de subir les dictatures ou les censures de tel ou tel parti, de telle entreprise de communication à finalité commerciale, de tels groupements de publicité qui financent et télécommandent les programmations.

Là comme ailleurs il ne s'agit pas de réformes mais de mutation car en ce domaine comme en tout autre, de l'économie à la politique et à l'éducation, la pire utopie c'est le statu quo.


3 -- Par une mutation
de l'éducation



Comment créer une éducation à visage humain?

L'homme est l'animal qui crée des outils et des tombes.

Depuis Darwin des savants ont recherché les " chaînons manquants " permettant de passer de l'anatomie des singes à celles des hommes. Peu à peu, du pithécanthrope, découvert à Java par Dubois en 1890, aux découvertes de Leakey en 1959 à Oldoway (en Afrique orientale) et à ses successeurs, ces chaînons se sont multipliés, mais même s'il existe encore des découvertes anatomiques, d'autres paléontologues, pour combler ces lacunes, le problème n'est pas seulement celui de la similitude des structures: l'on est assuré de la naissance de l'homme lorsqu'à proximité de tels ossements préhistoriques l'on trouve des outils et des tombes.

C'est là que se situe la naissance de l'homme.

Marx a marqué la différence fondamentale entre l'évolution biologique et l'histoire humaine: les animaux ont subi l'une en perpétuant les instincts, les hommes ont fait l'autre en transformant l'outillage et l'environnement.

Sans doute le singe peut casser une branche ou ramasser un caillou pour assurer par exemple sa défense, mais il les rejette, le danger passé. L'homme, taillant un bâton ou un silex le conserve comme un moyen pour accomplir une multiplicité ultérieure d'actions. Ce détour est la première abstraction de l'acte de combattre, de tailler ou de construire.

La tombe est un autre témoin: la dépouille d'un homme n'est pas abandonnée dans la nature pour y être dévorée par d'autres espèces animales, ou pourrir. Le fait de creuser la terre et de recouvrir le cadavre, ou d'arranger des pierres pour le protéger, parfois même de l'ensevelir avec ses armes ou même des ustensiles et des aliments, est la première affirmation que la mort n'est pas seulement la fin de la vie biologique, mais plutôt le passage à une autre forme d'existence. Celui qui a organisé cette première célébration d'un au delà de la vie animale a au moins posé une question sur l'avenir, fût-il mystérieux.

Le mythe apportera une réponse à ce dépassement. Il est la naissance du sens au delà du fait. L'ébauche d'une transcendance, d'un franchissement de la réalité simplement perçue et subie, pour en expliquer l'origine ou pour en dessiner les fins.

Tel est l'homme. Déjà trop grand pour se suffire à lui-même, et projetant en des héros qui le dépassent, le chemin de ses futures grandeurs: Prométhée inventant le feu et les arts, ou, pour les chinois, le légendaire empereur Yu le Grand qui maîtrisait les torrents et créait l'ordre dans la répartition des eaux.

Ces mythes ne sont pas des ancêtres mineurs du concept, ils contribuent à le dépasser, ne se contentant pas, comme le concept, de découper le réel, mais anticipant le futur.

http://alainindependant.canalblog.com/archives/2007/09/30/6373348.html

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 19:27






30/09/07

Comment construire
l'unité humaine,
par Roger Garaudy

 


1) -- Par une mutation économique


A
Un contre Bretton-Woods

La seule politique qui ait aujourd'hui un avenir est celle qui résoudra les problèmes fondamentaux qui se posent à nous:

Chômage

Immigration

Faim dans le monde, avec toutes les conséquences morales et culturelles qui en découlent.

Ces trois problèmes n'en font qu'un. L'on ne nous offre que de fausses solutions.

Les deux plus illusoires sont:

-- ces problèmes seront résolus par la croissance;
-- ces problèmes seront résolus par l'Europe.

Ce sont là les mensonges les plus meurtriers.

Aucun de nos problèmes vitaux ne sera résolu par la croissance.

Les Etats et les partis politiques des pays occidentaux n'abordent jamais ainsi le problème. Au contraire.

Cette croissance est présentée par les politiques et les médias, comme une panacée pour sortir de la crise et du chômage, alors que, depuis 1975, la croissance, obtenue par un accroissement de la productivité grâce au développement des sciences et des techniques, ne crée plus d'emplois, mais au contraire en détruit en remplaçant de plus en plus le travail de l'homme par celui des machines. En 1980, la Belgique produisait dix millions de tonnes d'acier avec quarante mille ouvriers; en 1990, elle en produit douze millions et demi avec vingt-deux mille ouvriers.

La croissance est impulsée par les gains de productivité obtenus grâce à la science et aux techniques, qui permettent de remplacer une grande partie du travail humain par des machines, et, plus encore aujourd'hui, par le développement de l'informatique, de la robotique, des ordinateurs.

Il serait absurde d'incriminer les sciences et les techniques. Le malheur vient de l'usage qu'on en fait.

Par exemple, depuis 1970, la productivité, grâce à ces découvertes, a augmenté de 89%. C'est une chance pour l'humanité, pour lui épargner les tâches les plus répétitives. Mais c'est un malheur pour elle lorsque, dans la même période, la durée du travail n'a pas diminué et que le chômage a plus que décuplé. Cela signifie que l'accroissement de la productivité n'a pas servi l'ensemble de l'humanité mais seulement les propriétaires des moyens de production.

Alors que ce serait un bienfait pour tous, si la durée de la semaine de travail était indexée sur la productivité.

Ce serait un bienfait si cette augmentation des loisirs n'était pas récupérée par un marché des loisirs qui transforme le temps libre en un temps vide, vidé d'humanité par le genre de divertissements qu'on lui propose et qui ne favorise pas l'épanouissement physique et culturel. Cet espace de vie, au lieu d'aider l'homme à être un homme, c'est-à-dire un créateur, tend, en vertu du système du marché, à en faire un chômeur et, dans le meilleur des cas, un consommateur.

Cela ne signifie pas que nous soyons hostiles à la croissance, et moins encore au progrès des sciences et des techniques lorsqu'il permet de réduire la peine des hommes et des femmes, et ne conduit pas à leur asservissement ou à leur aliénation, comme, pour ne citer qu'un exemple, les autoroutes de l'information pour manipuler l'opinion au service de l'hégémonie américaine.

Mais la croissance et l'accroissement de la productivité, même avec les aménagements tels que l'indexation du temps de travail sur la productivité, ne résoudront pas le problème du chômage: tout au plus, en les assortissant, comme le veulent le patronat et le gouvernement, d'une compression des salaires et des protections sociales, ils peuvent permettre de grignoter quelques parts de marché sur le concurrent européen, américain ou japonais. Mais ils restent des expédients dérisoires.

L'autre mensonge, après la croissance comme panacée, est celui de l'Europe.

Aucun des problèmes vitaux ne peut être résolu dans le cadre de l'Europe.

L'on nous promet, avec l'Europe, un marché de trois cents millions de clients en omettant de dire qu'il s'agit de trois cents millions de concurrents sur le marché du travail. Car les économies européennes ne sont pas, pour l'essentiel, complémentaires, mais rivales. Et plus encore les économies américaines et japonaises.

Est-ce à dire que la seule alternative à l'Europe serait un repli nationaliste sur la France en l'enfermant dans des remparts protectionnistes? Ce serait au contraire l'asphyxie.

La seule solution possible, c'est l'ouverture sur le monde dans sa totalité: tant que, après cinq cents années de colonialisme et cinquante années de FMI et de Banque Mondiale, subsiste ce monde cassé, avec son économie difforme où les deux tiers de la population du monde, dépouillés par l'Occident, ne sont pas solvables, demeureront juxtaposés le monde de la faim et celui du chômage. Même en raisonnant seulement en termes de marché comment espérer donner du travail aux uns, tant que des milliards d'hommes n'ont même pas le minimum nécessaire pour acheter leur nourriture?

La seule solution possible pour répondre à la faim des uns, aux chômages des autres et à l'immigration des affamés dans leur quête illusoire du travail, c'est un changement radical de nos rapports avec le Tiers-Monde, mettant fin à la domination de l'Occident et à la dépendance du Sud, car c'est la dépendance qui engendre le sous-développement.

Nous vivons dans un monde cassé: entre le Nord et le Sud, et, au nord comme au Sud, entre ceux qui ont et ceux qui n'ont pas. Les 20% les plus riches de la planète disposent de 83% du revenu mondial, les 20% les plus pauvres, de 1,4% (14).

Lorsque le colonialisme pendant un demi-millénaire, et le système de Bretton depuis un demi siècle, ont créé de telles inégalités entre les peuples, le libre-échange suffit pour aggraver encore les dominations et les dépendances.

Comment inverser les actuelles dérives?

D'abord en détruisant le mythe baptisant démocratie la liberté du marché: le marché libre est l'assassin de la démocratie, par l'accumulation de la richesse à un pôle des sociétés et de la misère à l'autre.

Ceci implique un certain nombre de décisions politiques tendant toutes à se libérer de la prétendue mondialisation de l'économie, c'est à dire de la volonté américaine de faire de l'Europe, et du reste du monde, une colonie ouvrant des débouchés à sa propre économie dans tous les domaines: de l'agro-alimentaire à l'aéronautique, de l'information au cinéma.

Il devient chaque jour plus clair que Maastricht est une cause majeure des malheurs non seulement des agriculteurs, en exigeant des jachères, mais de tous les travailleurs en encourageant, sous prétexte de compétitivité européenne, le nivellement par le bas (sous le nom de "flexibilité") des conditions de travail, en liquidant toutes nos industries, de l'aviation à l'informatique, et en bafouant notre culture par l'invasion du cinéma américain et de la télévision américaine, en faisant de notre armée les supplétifs des interventions américaines.

Quant à l'économie, l'article 301 de la loi américaine permet de protéger ses propres productions, alors que le GATT, (rebaptisé Organisation Mondiale de Commerce) impose à tous les autres pays un libre -- échange qui laisse la place à toutes les importations américaines.

Les lois Helms-Burton de 1996 et d'Amato-Kennedy, votées par le seul Congrès américain, prétendent s'imposer à toute la communauté internationale, lui interdisant tout commerce avec les pays désignés par elle seule, les dirigeants américains légiférant ainsi pour le monde entier.

Une nouvelle résistance suppose, non seulement de répudier Maastricht, mais aussi de nous retirer du FMI, de la Banque mondiale et de toutes les autres institutions servant d'instrument à cette volonté d'hégémonie mondiale sous prétexte de créer en Europe la monnaie unique de l'Euro. L'Europe et l'Euro (qui abolit le droit régalien de battre monnaie comme attribut premier de la souveraineté) ne peuvent conduire, (par une rivalité sans frein pour augmenter la compétitivité) qu'à un nivellement par le bas des salaires et des prestations sociales afin d'abaisser les prix de revient entre économies concurrentes.

A partir de là, recouvrer la liberté d'établir des rapports radicalement nouveaux avec le tiers-monde, avec l'objectif précis d'encourager d'autres peuples européens à s'engager dans la même voie:

1 -- Annulation totale de la dette qui n'a ni fondement historique ni justification
2 -- Suppression de toute aide financière aux gouvernements du Tiers Monde
Par exemple: quarante milliards de francs au développement, c'est le montant du budget de l'aide publique de la France, dont l'objectif officiel est le soutien accordé aux plus pauvres de la planète. A 95% cette masse d'argent n'est pas de l'aide, et ne fait pas de développement. Au mieux, elle vide les poches des contribuables et remplit celles de quelques bénéficiaires gouvernementaux, (au Nord et au Sud); au pire elle tue.
Derniers exemples de ce à quoi elle a servi:
-- Au Rwanda, à financer le gouvernement des tueurs tant qu'on a pu le maintenir en place, puis à financer l'opération Turquoise pour leur faciliter le passage au Zaïre, pour préparer leur revanche.
3 -- Prêts publics ou privés accordés non pas aux gouvernements, mais directement aux organisations de base. (coopératives, syndicats, groupements de producteurs -- parfois à susciter), et pour des projets précis d'utilité publique, en priorité pour les régions agraires avec, pour objectif, l'autosuffisance alimentaire (équipements agricoles, forage de puits, construction de routes, hôpitaux, écoles, etc...)
4 -- Accepter que le remboursement de ces prêts soit fait, pour l'essentiel, en monnaie du pays (pour encourager le réinvestissement sur place au lieu du rapatriement prédateur des bénéfices) ou en nature.
5 -- Procéder à une indexation honnête des prix des produits vendus par les pays du Sud avec les prix des produits vendus par les pays du Nord.
6 -- Contre le gigantisme d'entreprises visant surtout aux investissements des grandes sociétés, respecter l'histoire, les cultures de chaque peuple et l'utilisation la plus large possible des techniques autochtones souvent plus appropriées et plus efficaces que les transferts de technologie parce qu'adaptées aux besoins locaux. Le développement sera ainsi endogène au lieu d'être un placage, sans rapport avec le pays et ses besoins réels, d'un modèle occidental importé selon les intérêts de grandes entreprises étrangères.
Cette nécessaire reconversion industrielle pour répondre aux besoins réels du Sud, peut induire, à terme, une conversion de nos mentalités en favorisant ce qui répond aussi à nos besoins réels et non aux armements et aux gadgets.

B Pour un nouveau Bandoeng

Pour que le XXIe siècle marque la fin de la préhistoire animale de l'homme, où, dans un monde cassé, la richesse d'une infime minorité implique la dépendance, l'exploitation ou la mort de la plus grande partie de l'humanité;

1 -- La renaissance de l'unité humaine ne peut se faire, comme le fut sa rupture, seulement par la violence et les armes, mais par toutes les forces proprement humaines: de l'économie à la culture et à la foi.

2 -- La faiblesse des actuels peuples opprimés est, pour une large part, due à leur division, par des oppositions et des guerres suscitées et entretenues par les actuels maîtres du monde. La première tâche est donc de mettre fin, par la négociation pacifique, à tous les conflits, qui font le jeu des oppresseurs.

3 -- Refuser collectivement de payer les prétendues dettes au F.M.I. et ceci pour 3 raisons:

a -- Qui est le débiteur?

L'Occident a une terrible dette a l'égard du tiers-monde:

Qui a remboursé aux Indiens d'Amérique le rapt de tout leur continent?

Qui fera réparation à l'Inde ancienne, exportatrice mondiale de textile, pour les millions de tonnes de coton enlevés aux cultivateurs à des prix de racket, et pour la destruction de l'artisanat des tisserands indiens au profit des grandes firmes du Lancashire?

Qui rendra à l'Afrique la vie des millions de ses fils les plus robustes, déportés comme esclaves aux Amériques par les négriers occidentaux pendant trois siècles?

b -- Quelle est la cause de cet endettement?

Les pays anciennement colonisateurs avaient déstructuré les économies autochtones, en particulier en sacrifiant les cultures vivrières au profit des monocultures et des monoproductions qui en faisaient des appendices des économies de la métropole, au profit exclusif de celles-ci. De telles économies ne pouvaient assurer l'indépendance de ces pays, ni l'autosuffisance alimentaire, ni la main d'oeuvre d'industries ne correspondant pas aux besoins du pays. La dépendance a donc continué, et les emprunts devinrent inévitables.

c -- Ces dettes ont été remboursées depuis longtemps par les intérêts usuraires payés aux prêteurs étrangers.

Refuser donc d'être rançonnés et de les payer au F.M.I.

Refuser également les aides dérisoires destinées à masquer cette injustice plusieurs fois centenaire.

Constituer, avec la suppression de la dette et de ses intérêts, un fonds de solidarité qui compensera largement l'aide prétendue.

4 -- S'opposer à tous les embargos imposés arbitrairement, par les provisoires maîtres du monde, aux pays qui refusent leur domination.

N'en tenir désormais aucun compte, et commercer librement avec ceux de nos frères qui en sont frappés.

5 -- D'une manière plus générale multiplier les échanges Sud-Sud entre les pays qui détiennent 80% des ressources naturelles du monde.

Procéder à ces échanges sur la base du troc pour ne point passer par les devises du Nord et notamment du dollar, en veillant à ce que, progressivement, pour mettre fin à la spéculation, il n'ait plus cours mondial.

6 -- Ceci implique un boycott systématique des Etats-Unis et de leurs vassaux notamment d'Israël, mercenaire de l'Occident contre les cultures autochtones et contre la paix.

-- En finir avec les hégémonies économiques comme avec leurs agressions culturelles.
-- Lutter aussi contre l'anticulture des Tyranosaures et des Terminators d'Hollywood, comme de leurs gadgets, et de toutes les manifestations morales ou matérielles de leur décadence.

7 -- Ceci implique, sur le plan politique, le retrait collectif de toutes les institutions à prétention universelle devenues les instruments de la domination d'un seul et servant de couverture à ses agressions militaires, économiques ou culturelles: O.N.U., F.M.I., Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce, et de celles de leurs filiales qui se font, comme elles, complices d'une domination impériale du monde et d'une conception réductrice de l'homme, considéré seulement comme consommateur et producteur, mû par son seul intérêt, et renonçant à donner à l'homme un autre sens à sa vie que de travailler en esclave pour consommer davantage, quand il n'est pas chômeur, colonisé, ou exclu.

8 -- Les menaces ou les agressions contre l'un quelconque des pays membres, seront combattues, par tous les moyens, par l'ensemble de la communauté mondiale.

9 -- Cette communauté mondiale, visant à la création d'un monde à visage humain, ne comporte aucune exclusive, ni religieuse, ni politique, car son objectif est de créer une unité non plus impériale mais symphonique de l'humanité où chaque peuple et chaque communauté apportera les richesses propres de sa terre, de sa culture et de sa foi.

Elle est donc ouverte aussi bien aux Etats officiels, qu'aux minorités opprimées, à la seule condition qu'elles réalisent en chaque pays leur unité sur la base de ces principes.

Le premier Bandoeng avait pour objet, dans un monde bipolaire, de refuser l'alignement sur l'un des deux blocs pour sauvegarder son indépendance. Cet idéal demeure.

Mais les conditions historiques ont changé. Nous vivons dans un monde unipolaire, et nous avons à défendre nos identités, de la culture à l'économie, contre l'intégrisme niveleur des prétendants à la domination mondiale par le seul jeu d'un monothéisme du marché, en faisant du marché, c'est à dire de l'argent, le seul régulateur des relations sociales.

Nous refusons cette vision du monde sans l'homme, d'une vie sans projet humain ni signification, et nous nous unissons pour construire un monde Un, riche de sa diversité et assuré de son avenir par la convergence des peuples et des cultures dans une foi commune, nourrie de l'expérience et de la culture de chacun, et animée par le projet commun de donner à chaque enfant, à chaque femme, à chaque homme, quelle que soit son origine et sa tradition propre, tous les moyens de déployer pleinement toutes les possibilités humaines qu'il porte en lui.

* * *

Enfin il est absolument nécessaire, dans un monde où l'argent gagné par la spéculation (sur les prix des matières premières, sur les valeurs différentes des devises, sur les produits dérivés, etc.) est plus de quarante fois supérieur à celui que l'on pourra gagner -- à plus long terme -- par une économie réelle, productive de biens et de services (par exemple les investissements destinés à développer les infrastructures, des entreprises répondant aux besoins fondamentaux, aux transports pour assurer les échanges) d'instituer un contrôle rigoureux des changes. Cela suppose que chaque peuple recouvre son autonomie pour planifier ses besoins et ses échanges. C'est indispensable pour que les sommes gigantesques, engagées dans les opérations spéculatives stériles cinq milliards d'habitants de la planète, et mettant ainsi fin au chômage de millions d'hommes et de femmes à travers le monde. Car, répétons-le, ils sont réduits au chômage pour deux raisons fondamentales:

1 / -- parce que la cassure du monde rend insolvable plus d'un tiers de la population du globe.
2 / -- parce que les capitaux investis dans la spéculation, sont détournés des investissements dans une économie réelle répondant aux besoins de tous.

(à suivre)

http://alainindependant.canalblog.com/archives/2007/09/30/6373348.html
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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 19:14


Appel aux vivants





Roger Garaudy

Il a écrit une cinquantaine d'ouvrages,
dont :

  • Le communisme et la renaissance de la culture française (1945)
  • Les sources françaises du socialisme scientifique (1948)
  • Le manifieste du parti communiste: révolution dans l’histoire de la pensée socialiste (1952)
  • Théorie matérialiste de la connaissance (1953)
  • Mesaventures de l’anti- marxisme. Les malheurs de M. Ponty (1956)
  • Humanisme marxiste (1957)
  • Questions à Jean-Paul Sartre, précédées d’une lettre ouverte (1960)
  • Dieu est mort, PUF, Paris (1962)
  • Qu’est-ce que la morale marxiste? (1963)
  • Karl Marx, Seghers, Paris (1965)
  • Marxisme du XXe siècle, La Palatine, Paris-Genève, 1966
  • Le Problème chinois (1967)
  • Lénine, PUF, Paris (1968)
  • Pour un réalisme du XXe siècle. Etude sur Fernand Léger (1968)
  • Pour un modèle Français du Socialisme (1968)
  • Le Grand tournant du socialisme, Gallimard, Paris (1969)
  • Marxistes et chrétiens face à face, en collaboration avec Q. Lauer, Arthaud,Paris, 1969
  • Toute la vérité (1970)
  • Reconquête de l'espoir, Grasset, Paris (1971)
  • L’Alternative, Robert Laffont, Paris, 1972
  • Parole d'homme (1975)
  • Le projet espérance, Robert Laffont, Paris, 1976
  • Pour un dialogue des civilisations Denoël (1977)
  • Appel aux vivants, Éditions du Seuil, Paris (1979)
  • L’Affaire Israël (1980 environ)
  • Appel aux vivants (1980)
  • Promesse d'Islam (1981)
  • Pour l'avènement de la femme, Albin Michel, Paris (1981)
  • Biographie du XXe siècle, Tougui, Paris, 1985
  • Les Fossoyeurs. Un nouvel appel aux vivants, L'Archipel, Paris, 1992
  • Mon tour du siècle en solitaire, mémoires, Robert Laffont, Paris (1989)
  • Intégrismes (1990)
  • Les Orateurs de la Révolution française (1991)
  • À Contre - Nuit (1992)
  • Avons-nous besoin de Dieu ?, introduction de l'abbé Pierre, Desclée de Brouwer, Paris (1993)
  • Souviens-toi : brève histoire de l'Union soviétique, Le Temps des cerises, Pantin (1994)
  • Vers une guerre de religion ? Débat du siècle, Desclée de Brouwer, Paris (1995)
  • L'Islam et l'intégrisme, Le Temps des cerises, Pantin (1996)
  • Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, Librairie du savoir, Paris (1996)
  • Grandeur et décadences de l'Islam, Alphabeta & chama, Paris (1996)
  • Mes témoins, Editions A Contre-Nuit, Paris, 1997
  • Les Etats-Unis avant-garde de la décadence, Editions Vent du Large, Paris, 1997
  • Le Procès de la liberté, en collaboration avec J. Vergès, Vent du large, Paris, 1998
  • L’Avenir, mode d'emploi, Vent du large, Paris, 1998 http://abbc.net/garaudy/french/avenir/index.htm
  • L'Islam en Occident, Cordoue capitale de l'esprit, L'Harmattan, Paris (2000)
  • Le Terrorisme occidental, Al-Qalam, Luxembourg, (2004)


Biographie [modifier]

Protestant dans sa jeunesse, tandis que son père était athée et sa grand-mère maternelle fervente catholique, Roger Garaudy se revendique volontiers comme polémique et hérétique. Alors qu'il suit des études universitaires, il devient membre du Parti communiste français en 1933. Il est reçu cinquième à l'agrégation de philosophie en 1936. Mobilisé en 1939, il est prisonnier de 1940 à 1942 dans les camps vichystes d'Afrique du Nord (camp de Djelfa, Algérie). Devenu membre du Comité central du Parti (1945), il est élu député communiste du Tarn (1945-1951), puis de la Seine (1956-1958), et sénateur de Paris (1959-1962). C'est à l'époque de sa députation qu'il rencontre et se lie d'amitié avec l'abbé Pierre, également député au sortir de la guerre.

Directeur du Centre d'études marxistes, il en fut pendant des années le philosophe officiel du Parti, auteur notamment d'une thèse sur La Liberté à l'université de Moscou, sous Staline avant d'en être exclu en juin 1970, époque où il était en dissidence marxiste, proche des idées de Mai 68. Il devient alors catholique avant de se convertir en 1982 à l'islam.

Il est l'auteur d'une cinquantaine de livres, traitant particulièrement de l'histoire et des grandes figures du communisme et de la religion.

Titulaire d'un doctorat de philosophie avec une thèse sur la Théorie matérialiste de la connaissance (Sorbonne, 1953), il enseigna à l'université de Clermont-Ferrand, où il s'attira les foudres de Michel Foucault, qui le poursuivait de ses sarcasmes et le poussa à la démission, comme le raconte Didier Eribon dans la biographie de Foucault.

Roger Garaudy a créé sa propre fondation en Espagne à Cordoue : fondation Roger-Garaudy. Elle est abritée dans la Tour de la Calahorra. À l'intérieur, on découvre plusieurs personnages qui retracent l'histoire de l'Islam à Cordoue à la fin du Moyen Âge.

Alors qu'on prétend qu'il vit dans un pays arabe ou en Espagne, Roger Garaudy a déclaré vivre en banlieue parisienne lors de l'émission Second regard, diffusée le 28 janvier 2007 sur Radio-Canada, qui l'interrogeait sur l'amitié qui le liait à l'Abbé Pierre.

En 2002, il reçoit le prix Kadhafi des droits de l'Homme de la Libye.

Condamnation pour Les Mythes fondateurs de la politique israélienne [modifier]

Roger Garaudy est l’auteur d’un ouvrage intitulé Les mythes fondateurs de la politique israélienne, qui fut publié en 1995 par les éditions La Vieille Taupe qui ne le servit qu'à ses propres abonnés, puis réédité en 1996. Cet ouvrage, se compose de trois chapitres principaux : « Les mythes théologiques », « les Mythes du XXe siècle » et « l'utilisation politique du mythe ».

Il soutient la thèse négationniste d'un complot sioniste, qui aurait inventé la Shoah pour justifier l'expansionnisme israélien, nie donc le génocide commis par les nazis contre les Juifs, et rejette les thèses que les historiens ont admis depuis des décennies. Il adopte ainsi les thèses fondamentales du négationnisme : Hitler n'aurait pas donné l'ordre de l'extermination ; le mot extermination serait une fausse traduction et désigne en fait l'expulsion des Juifs ; les juifs furent décimés par le typhus et les crématoires servaient à brûler les cadavres des victimes de la maladie ; il n'y aurait pas de témoins fiables ; les crimes des Alliés seraient pires que ceux des nazis ; les chambres à gaz n'existeraient pas ; des tortures auraient été infligées aux prisonniers nazis pour leur faire avouer le génocide ; théorie du complot juif, absence prétendue de réfutation des thèses du négationnisme, impossibilités matérielles liés au Zyklon B et au fonctionnement des crématoires. L'antisionisme radical de Roger Garaudy l'avait conduit, dès 1982, à placer sur le même plan sionisme et nazisme.

L'« affaire Garaudy » est d'abord révélée par Le Canard enchaîné en janvier 1996, suivi par quelques quotidiens nationaux, entraînant contre lui, le dépôt de plusieurs plaintes avec constitution de partie civile pour contestation de crime contre l'humanité, diffamation publique raciale et provocation à la haine raciale par des associations de résistants, de déportés et des organisations de défense des droits de l’homme. Puis, le scandale est médiatisé en avril 1996, lorsque Roger Garaudy et son avocat Jacques Vergès, annoncent le soutien de l'abbé Pierre, qui est exclu de la Licra et est contraint de s'éloigner de la vie médiatique. Converti à l’islam depuis le début des années 1980, Roger Garaudy avait aussi reçu pendant le procès le soutien d’intellectuels de pays arabes et musulmans.

suite à

http://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Garaudy

Mon opinion : Le négationnisme est intolérable.
La Shoah des Juifs est un fait historique indiscutable, et intolérable.
Reste que Garaudy a le droit d'exprimer ses opinions,  cela fait avancer le débat, tout débat étant légitime en tant que tel, et on n'a pas le droit de condamner, à cause de ce négationnisme non défendable, Garaudy tout  entier, car il a écrit une oeuvre immense, ses engagements humanistes, notamment pour le dialogue des civilisations, sont avérés et remarquables. Pour ma part, j'aime ces mots (titres de livres écrits par lui) :

  • Parole d'homme (1975)
  • Le projet espérance, Robert Laffont, Paris, 1976
  • Pour un dialogue des civilisations Denoël (1977)
  • Appel aux vivants, Éditions du Seuil, Paris (1979)
  • Pour l'avènement de la femme,
  • etc...

Un homme, une oeuvre, assurément à découvir, en formulant les réserves qui s'imposent.

Eva, humaniste pour le dialogue des civilisations et résistante à l'intolérable


Ses Mandats politiques [modifier]
Député du Tarn
  • 21/10/1945 - 10/06/1946 : Tarn - Communiste
  • 02/06/1946 - 27/11/1946 : Tarn - Communiste
  • 10/11/1946 - 17/04/1951 : Tarn - Communiste
Député de la Seine
  • 02/01/1956 - 08/12/1958 : Seine - Communiste
Sénateur de Paris
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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 18:39



Une si chaleureuse humanité


Luc Collès
, professeur à l'Université Catholique de Louvain, et qui me fait l'honneur et l'amitié de livrer sur ce blog des articles de haute tenue inédits en général sur la toile, m'a envoyé un commentaire au précédent message concernant le livre de Roger Garaudy "Parole d'homme". Ce commentaire, auquel je m'associe sans réserves, mérite la "une" du blog. Le voici:

Cet article, relatif au même ouvrage "Parole d'Homme", complète admirablement le mien, intitulé "Le bonheur selon Garaudy":
Je remercie mon presque homonyme pour son témoignage. Nous avons, sur ce blog, une véritable anthologie de la pensée de Garaudy au point de pouvoir nous faire une idée de sa personnalité complexe.

Voici ce que j'écrivais à l'auteur le 3 novembre 2003:
"Vos réflexions ont toujours trouvé en moi un écho très profond. Vous m’aidez à vivre et à penser et je vous en suis infiniment reconnaissant. Je continuerai à parler de vous autour de moi en combattant les préjugés ou les idées fausses qui circulent à votre sujet. Tôt ou tard, on se rendra compte de votre fidélité à vos engagements en faveur d’un monde plus juste, plus humain et ouvert à la transcendance."

A l'heure où nous savons Garaudy affaibli et malade, ayons pour lui une pensée amicale et remercions-le pour sa si chaleureuse humanité.

http://alainindependant.canalblog.com/archives/2008/08/01/10094561.html

Le bonheur selon Garaudy.
Par Luc Collès

 

« Le règne de Faust  a pris fin en mai 1968 : l?homme croit de moins en moins que le bonheur s'identifie avec la puissance et la possession. Son projet de bonheur est de moins en moins lié à la promesse de Descartes d'une « science qui nous rend maîtres et possesseurs de la nature ».

     Ses rêves ou ses projets de bonheur sont de plus en plus liés à un art de vivre de nouveaux rapports avec la nature, avec les autres hommes, avec l'avenir et le transcendant.

      De nouveaux rapports avec la nature qui ne soient plus des rapports de conquérants mais d'amoureux. Rousseau retrouve, à travers Illich, de nouveaux disciples. Le paysage chinois de l'époque Song, où l'homme appartient à la nature et non la nature à l'homme, est plus près de notre sensibilité que les grandes constructions de l'humanisme de la Renaissance, avec ses condottieri, ses princes, ou ses banquiers, dont les portraits n'utilisent la nature que comme un décor lointain. Le masque africain, rendant visible l'invisible, nous est plus proche et fraternel que la reconstruction possessive du monde dans l'art classique, et la musique concrète nous aidant à nous unir ou à nous fondre avec l'univers ambiant exerce parfois plus d'attirance que les grandes harmonies en lesquelles s'exprimait la domination sans partage de l'esprit humain. Le bonheur, c'est cette participation au tout qui m'habite et fermente en moi. Le bonheur, c'est quand la nature entière est devenue mon corps.

        De nouveaux rapports avec les autres hommes qui ne soient ni l'individualisme de jungle ni le carcan totalitaire, mais des rapports de communauté et d'amour.  Ce besoin fraternel se traduit par la constitution de multiples communautés de base. Ce besoin d'amour s'exprime parfois de façon pervertie, lorsque Sade retrouve à son tour, à travers Freud, de piètres émules dans l'érotisme du cinéma et de la drogue. Il témoigne, en revanche, d'une aspiration nouvelle au bonheur dans l'amour de l?autre, lorsque l'autre n?est pas la limite de ma liberté, mais au contraire sa condition, lorsqu'il est non pas une réalité extérieure, mais cette partie de moi-même qui me manque et qu'il m'appelle à être. Le bonheur, c'est d'abord l'amour. La plénitude sexuelle entre un homme et une femme, lorsqu'elle est portée par tout le sens de leur vie, en est l'image la plus immédiate et la plus belle.

      De nouveaux rapports avec l'avenir et le transcendant, des rapports qui ne seraient plus ceux de la simple extrapolation quantitative, technologique, des moyens, à la manière de la « futurologie » positiviste, mais invention du futur. La transcendance n'est pas seulement dépassement et rupture, mais découverte de possibles nouveaux, que je cherche et crée par mon propre effort, en même temps que je l'accueille comme un don (certains diront une « grâce »). Les sagesses de l'Orient et de l'Afrique, du Tao, du Zen, du Yoga, de la danse liturgique, nous ont appris que le bonheur commençait avec la dépossession de soi, avec l'abandon de nos individualismes illusoires, de nos dualismes destructeurs, et avec la communion avec le tout. Un authentique dialogue des civilisations avec les non-Occidentaux est la condition première de notre dépassement des conceptions occidentales, faustiennes, du bonheur, des conceptions dualistes qui nous mutilent : ni le corps ni l'esprit ne peuvent être joyeux séparément.

      Le bonheur, c'est cette création, la participation à la création continuée d'un homme toujours plus un, d'un monde toujours plus humain. » (Roger Garaudy, Parole d'homme, Paris, Laffont, 1975)


LE BONHEUR SELON GARAUDY :
POUR UN DIALOGUE
DES CIVILISATIONS
 


« N'est condamnable que ce qui existe isolément: dans le tout, tout se résout et s'affirme. Il ne nie plus mais une telle croyance est la plus haute de toutes les croyances possibles ; je l'ai baptisé du nom de Dionysos. »
               NIETZSCHE, Le Crépuscule des idoles.

    A la fin du XVIe siècle déjà, Christopher Marlowe, dans sa Tragique histoire du docteur Faust, donnait le mot d'ordre de la civilisation occidentale : « Faust, par ton cerveau puissant, deviens un Dieu, le maître et le seigneur de tous les éléments. » C'était, avec un demi-siècle d'avance, la promesse de Descartes d'une « science qui nous rende maîtres et possesseurs de la nature ».

L?homme unidimensionnel

    Dans toute son oeuvre, Roger Garaudy dénonce les fondements d'une telle civilisation. Les Occidentaux considèrent que l'individu est le centre et « la mesure de toutes choses » (Protagoras) ; ils réduisent la réalité au concept (« Je pense, donc je suis ») et érigent en valeurs suprêmes  la science et les techniques comme moyens de manipuler les hommes et les choses. Ce modèle faustien s'est surtout développé depuis la Renaissance, laquelle n'est pas seulement un phénomène culturel, mais aussi la naissance conjointe du capitalisme et du colonialisme. C'est à cette époque que se crée l'homme unidimensionnel qui nie les autres manières de penser et de vivre le rapport de l'homme avec la nature, avec les autres hommes et avec le divin.

    Du XVIe siècle à la fin du XXe siècle, le développement du monde occidental a reposé sur trois primautés : celle de l'action et du travail (« C'est en agissant sans relâche que l'homme déploie toute sa grandeur », dit le Faust de Goethe), celle de la raison (l'esprit étant réduit à la seule intelligence) et celle de la croissance vue en termes quantitatifs (production de besoins artificiels et des moyens de les assouvir). Pour Roger Garaudy, un tel modèle ne pouvait conduire qu'à la crise que nous connaissons aujourd?hui.

    Des visions du monde holistiques

    « Le bonheur » est un des vingt thèmes que le philosophe aborde dans son essai Parole d'homme (Laffont, 1975). En exergue à la rubrique consacrée à ce sujet, il évoque Dionysos qui, dans la pensée de Nietzsche, est opposé au rationalisme et à la métaphysique socratique, lesquels n'ont cessé de déformer la réalité en en privilégiant certaines composantes. Garaudy affirme ensuite avec force une de ses convictions fondamentales : la création d'un avenir heureux exige que soient retrouvées les dimensions de l'homme développées dans les cultures non occidentales. Comprendre la vie, c'est d'abord la saisir dans son unité. Plus tard, il développera cette thèse dans Pour un dialogue des civilisations (Denoël, 1977) et dans Appel aux vivants (Seuil, 1979) en témoignant de l'expérience planétaire qui l'a conduit à cette certitude et en présentant un projet politique concret.

    Ainsi évoque-t-il la vision dialectique et non logico-mécanique de la pensée chinoise : l'action réciproque des principes du Yang et du Yin implique une conception complexe de l'action et de la réaction, à l'intérieur d'une totalité unique des phénomènes. Le bonheur ne peut être atteint par l'individu considéré séparément. Il ne peut résulter que d'une prise de conscience de l'appartenance au Tout.

    Les religions de la Chine et du Japon ont enseigné à l'homme cette fusion de tous les éléments avec le grand Tout. Le taoïsme exige l'insertion dans le principe universel qu'il saisit par une connaissance intuitive, par une contemplation au terme de laquelle se concrétise l'union de l'homme et de la nature. Le bouddhisme qui, de l'Inde, gagnera massivement l'ensemble de l'Asie, enseigne que l'homme ne mettra fin à ses souffrances qu'en renonçant au désir et au plaisir et en se fondant dans l'éternité comme une tasse d'eau versée dans la mer. L'école bouddhisteTch'an (Zen, en japonais) met l'accent sur la nécessité de libérer l'esprit afin qu'il puisse accueillir l'illumination.

    Une ouverture à la transcendance

    Pour les peintres chinois de l'époque Song (de 960 à 1278), la nature n'est pas une matière inerte dont on cherche à se rendre maître. L'univers forme un tout animé d'un même mouvement de vie, englobant aussi bien la rivière que les sommets des montagnes, l'arbre que les rochers, les nuages que l?oiseau, et l'homme n'est qu'un moment de ce cycle éternel. La peinture est un médium de l'expérience zen. Contrairement à nos tableaux de la Renaissance, l'artiste ne cherche pas à représenter un spectacle, mais à communiquer un état d'âme de la nature. Il saisit les lignes de force d'un paysage et en compose le yin et le yang, les contrastes et les tensions.

    L'art africain tente, lui aussi, de « rendre visible l'invisible » (l'expression est de Paul Klee). Au contraire de l'art grec, qui part de l'individuel pour en extraire les lignes essentielles, le créateur africain part de son expérience vécue du grand Tout pour donner une forme concrète à ses talismans. Un masque, par exemple, doit être avant tout considéré comme un condensateur d'énergie. La force qu'il contient et qu'il dégage a pour sources la nature, les ancêtres et les dieux. Les oeuvres africaines n'ont pas été créées pour la contemplation. Ce sont des objets de participation destinés à l'acomplissement de cérémonies rituelles. Quand les Africains dansent avec leurs masques, ils y puisent une énergie qu'ls irradient dans toute la communauté.

    L'art musulman appelle des remarques analogues à celles que Garaudy fait à propos des arts de la Chine, du Japon ou de l'Afrique:à partir du sens pour déchiffrer le signe.La conception islamique du monde n?incite pas à la représentation réaliste. Pour elle, toute image détourne le croyant de la prière pure, l'amène à perdre conscience de l'unité de Dieu. Ainsi, la mosquée est-elle décorée des versets du Coran. Le développement de la calligraphie s'explique d'ailleurs par le caractère même de l'Islam, religion centrée sur un texte sacré, parole de Dieu dont Mohamed n'est que le messager.

    L'amour véritable

    Pour les civilisations non occidentales, la clé du bonheur réside dans l'harmonie des rapports que l'homme noue avec le transcendant à travers la nature : « Le bonheur c'est cette participation au tout qui m'habite et fermente en moi. Le bonheur, c'est quand la nature entière est devenue mon corps. » Mais cette harmonie se retrouve aussi dans les liens que l'homme tisse avec ses semblables, liens « qui ne soient ni l'individualisme de jungle ni le carcan totalitaire, mais des rapports de communauté et d'amour ». Dans Parole d'homme, la rubrique que Garaudy consacre à l'amour complète donc ce qu'il nous dit du bonheur.

   
L'amour véritable doit lui aussi se concevoir comme un tout. L'intellectualisme occidental l'a défiguré en distinguant le sensible et l'intelligible. Dans l'amour platonique, l'autre n'est que la métaphore ou le signe d'autre chose, un instrument pour accéder à la sphère du Bien. Certes, le christianisme a complètement inversé cette perspective en montrant l?amour divin qui s'incarne, mais il va bien vite être perverti par le dualisme grec, en se méfiant du corps et de la sexualité. Et le rejet des tabous qui a marqué la génération de 1968 n'a fait que réduire l'homme à sa dimension zoologique?

    Par contre, dans les sagesses orientales, l'amour total ne sépare pas le corps et l'âme qui ne sont que les deux facettes de l'unité humaine. Il s'agit d'un langage  où, comme dans la danse, l'on s'exprime avec tout son être, et pas seulement par la bouche (des paroles), c'est-à-dire une partie seulement de son corps. L'union des sexes apparaît alors comme la célébration de la plus profonde relation humaine : celle de n'exister pleinement que dans le dialogue avec l'autre.

    Dans cet accueil de l'autre, notre centre de gravité se déplace : nous sommes conviés à sortir de nous-même, à dépasser nos propres forces, à donner cette chose en nous que nous ne connaissons pas. L'amour est le contraire de la jalousie, corollaire de la possession ; il permet à l'autre de s'épanouir selon sa propre loi. L'expérience amoureuse nous ouvre donc aussi à la transcendance : elle nous fait prendre conscience de nos limites et de notre pouvoir de les franchir. Nous devenons ainsi autre par la révélation de l'autre.

    Un dialogue à poursuivre et à amplifier

    Pour  Garaudy, le véritable dialogue des civilisations ne fait que commencer.

La rencontre avec les arts non occidentaux, de la fin du XIXe siècle à nos jours, a déjà conduit l'occidental à s'engager sur des voies nouvelles. C?est ce qui explique qu'il soit touché aujourd'hui par un paysage chinois de l'époque Song, par un masque africain ou encore par un morceau de musique concrète, à base de sons naturels. Dans ces trois cas, il participe à l'émotion de l'artiste qui vit à l'unisson de l'âme cosmique. Le domaine artistique est particulièrement emblématique d'une fécondation qui doit s'approfondir.

    Dans la rubrique « Bonheur » de Parole d'homme, le philosophe évoque encore deux domaines concrets où peut s'affirmer une conception holistique des rapports que l'homme noue avec ses semblables et avec le monde : la vie associative et la pédagogie.

    Dans Appel aux vivants, il soulignera le rôle politique des communautés de base, cellules vivantes constituées contre la double désintégration de l'individualisme et du totalitarisme. Quant aux références pédagogiques de Garaudy, elles sont datées : les théories rousseauistes d'Ivan Illich (Une société sans école, 1971) que préfigurait déjà la pédagogie libertaire de Neill (Libres Enfants de Summerhill, 1972, trad. De « A Radical Approach to Child Rearing » qui date de 1960) se situent dans la droite ligne de la révolution de 1968 et ont une portée limitée en ce sens qu'elles méconnaissent le poids de l'héritage familial et demeurent implicitement réservées à une élite sociale. Néanmoins, par leur caractère utopique, elles postulent une société plus humaine où l'éducation viserait l'épanouissement de l'individu dans sa globalité. Et en cela, elles gardent toute leur pertinence.

    Pour une pédagogie interculturelle

    Mais pour l'éducateur d?aujourd'hui, c'est toute la pensée de Garaudy elle-même qui a une visée didactique. C'est une pédagogie interculturelle que recommanderait le philosophe s'il avait à faire oeuvre de pédagogue.De ce point de vue, une fois encore, les ouvrages ultérieurs seront plus explicites : « c'est en saisissant, avec les convergences et les complémentarités possibles, les différences irréductibles, que nous parviendrons à reconnaître en l'autre sa spécificité, et, par là même, à enrichir et à approfondir notre propre culture, à nous convertir, à l'intérieur de notre propre conviction, à une foi rendue, par la confrontation, plus consciente de ce qui lui est proche, plus riche de dimensions parfois oubliées. » (Appel aux vivants, p.223)

    Ce que souhaite donc l'auteur, c'est que l'accent soit mis sur l'enrichissement que pourraient apporter à l'homme les valeurs dont sont porteuses les autres cultures que la sienne. Or, l'objectif de la pédagogie interculturelle consiste précisément à fournir aux élèves des outils d'analyse pour les aider à rendre moins étranges leurs comportements respectifs, à mieux prendre conscience de leur identité propre et à percevoir plus correctement l'originalité de la culture d'autrui tout en en mesurant mieux les particularités.

    Cette approche interculturelle est donc destinée à valoriser ce qui est propre à chacun en corrigeant ses « cribles » culturels. On ne voit le monde qu'à travers soi ; on n'appréhende la culture d'autrui qu'à travers la sienne propre : l'expérience quotidienne le montre, et la littérature, au moins depuis Les Lettres persanes de Montesquieu et L'Ingénu de Voltaire, le confirme. Il s'ensuit des risques de déformation : la mosquée sera prise pour une église, et l'église pour une mosquée. Attitude qui prépare à l'ethnocentrisme, source de racisme.

    Si, en effet, un élève ignore la culture de l'autre, il ignore encore davantage la sienne propre : celle-ci se confond dans son esprit à un ordre naturel. (« Séparés des autres nations par les lois du pays, ils ont conservé leurs anciennes coutumes avec d'autant plus d'attachement qu'ils ne croyaient pas qu'il fût possible d'en avoir d'autres », dit Montesquieu des Moscovites ; « La coutume est une seconde nature », explique Montaigne). En travaillant à partir du principe de la confrontation, on permettra à cet élève de découvrir l'autre et en même temps de se découvrir lui-même à travers l'autre.

    La pensée de Garaudy débouche donc sur une approche à la fois comparatiste et anthropologique. En didactique, une telle démarche ouvrira l'espace de la classe à de nouveaux rapports avec la nature, avec les autres hommes et avec le transcendant. Confronté, à travers les autres cultures, à une conception holistique du monde, l'élève occidental sera invité à prendre conscience de ses richesses, mais aussi de ses manques. Un tel dialogue, surtout s'il s?approfondit durant toute la vie, devrait lui conférer un sentiment de plénitude, c'est-à-dire LE BONHEUR.

    Luc Collès in L. Collès et al., Passions de lecture, Bruxelles, Didier Hatier, 1997


Professeur ordinaire
Université catholique de Louvain
Département d'Etudes romanes
1, place B. Pascal
B - 1348 Louvain-la-Neuve
Belgique
Tél. 00-32-(0)-10/47.48.63
Fax. 00-32-(0)-10/47.25.79
luc.colles@uclouvain.be
http://www.fltr.ucl.ac.be/FLTR/ROM/CEDILL/bienvenue/personnes/colles.htm
http://cedefles.fltr.ucl.ac.be

http://alainindependant.canalblog.com/archives/2007/11/16/6892084.html




Biographie de Roger Garaudy

Intellectuel protestant, puis communiste stalinien, puis marxiste dissident, puis catholique et enfin musulman, Roger Garaudy a écrit une cinquantaine d'ouvrages notamment 'Dieu est mort', 'Le Grand tournant du socialisme' et surtout 'Les Mythes fondateurs de la politique israélienne' qui fut à l'origine d'une grande polémique. Dans ce pamphlet qui se voulait révolutionnaire, l'auteur expose une thèse négationniste : il mettait en cause la réalité de la Shoah, évoquée comme une invention destinée à financer et à légitimer la création de l'État d'Israël. Il avait à l'époque eu le soutien de l'abbé Pierre. Il fut condamné le 17 février 1998 pour 'diffamation raciale' et 'contestation de crime contre l'humanité'.


http://www.evene.fr/celebre/biographie/roger-garaudy-16833.php

 bibliographie de Roger Garaudy
de Roger Garaudy
L'auteur a voulu construire une réflexion sur le gaspillage des ressources naturelles et l'escalade des techniques de destruction violente : remontant aux cinq grandes sagesses de l'histoire du monde, Garaudy se targue d'intuitions prophétiques [...]


de Michaël Prazan et Adrien Minard
[Biographie]

Roger Garaudy tient du caméléon, tant il a changé de couleur au cours de sa longue vie d'intellectuel engagé. Né à Marseille en 1913 dans une famille de petits employés (qu'il a repeint plus tard en famille ouvrière pour les besoins de sa [...]

Les célébrités liées à Roger Garaudy

 

Abbé Pierre

Abbé Pierre

Religieux et intellectuel français
Né à Lyon le 5 Août 1912
Décédé à Paris le 22 Janvier 2007

Cinquième né d'une famille aisée de huit enfants, Henri Grouès a quinze ans lorsqu'il ressent un appel indescriptible et entre en 1930 au couvent des capucins où il reçoit le nom de frère Philippe. Ordonné prêtre en 1938, il est vicaire à la cathédrale de Grenoble. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il crée des maquis en Chartreuse et dans le Vercors, et aide plusieurs personnes à passer [...]

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Dominique Desanti

Dominique Desanti

Romancière et historienne française

Fille d'un émigré russe ami de George Clemenceau, Dominique Desanti a très tôt été amenée à côtoyer le cercle de l'intelligentsia et de l'éminence dans la France d'avant et d'après guerre. Elle côtoie Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir et s'engage dans la résistance dès les premières heures. Intellectuelle au sein d'une famille bourgeoise, elle devient journaliste puis historienne [...]

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 18:33
L'unité humaine, selon Teilhard

 




 

Selon Teilhard de CHARDIN, le christianisme
est une recherche de l’unité humaine.

 

 

 

Voir   Ces pages représentent un effort pour voir et faire voir, ce que devient et exige l’Homme, si on le place, tout entier et jusqu’au bout, dans le cadre des apparences. Pourquoi chercher à voir ? et pourquoi tourner plus spécialement nos regards vers l’objet humain ?

On pourrait dire que toute la vie est là, -sinon finalement, du moins essentiellement. Être plus, c’est s’unir davantage : tels seront le résumé et la conclusion même de cet ouvrage. Mais, le constaterons-nous encore, l’unité ne grandit que supportée par un accroissement de conscience, c’est-à-dire de vision. Voilà pourquoi, sans doute , l’histoire du monde vivant se ramène à l’élaboration d’yeux toujours plus parfaits au sein d’un Cosmos où il est possible de discerner toujours davantage.

La perfection d’un animal ;la suprématie de l’être pensant ne se mesurent-elles pas à la pénétration et à au pouvoir synthétique de leur regard ? Chercher à voir plus et mieux n’est donc pas une fantaisie , une curiosité , un luxe.

Voir ou périr.


Telle est la situation, imposée par le don mystérieux de l’existence, à tout ce qui est élément de l’Univers. Et telle est par la suite, à un degré supérieur, la condition humaine.Mais s’il est vraiment vital et béatifiant de connaître pourquoi, encore un coup, tourner de préférence notre attention vers l’homme ?

L’Homme n’est-il pas suffisamment décrit,-et ennuyeux ? ET n’est-ce pas justement un des attraits de la Science de détourner et reposer nos yeux sur un objet qui enfin ne soit pas nous-mêmes ?A un double titre, qui le fait deux fois centre du Monde, l’homme s’impose à notre effort pour voir, comme la clef de l’Univers.

Subjectivement, d’abord, nous sommes inévitablement centre de perspective, par rapport à nous-mêmes. Ç’aura été une candeur, probablement nécessaire de la science naissante, de s’imaginer qu’elle pouvait observer les phénomènes en soi, tels qu’ils se dérouleraient à part de nous-mêmes. Instinctivement, physiciens et naturalistes ont d’abord opéré comme si leur regard plongeait de haut sur un Monde que leur conscience pouvait pénétrer sans la subir ni le modifier.

Ils commencent maintenant à se rendre compte que leurs observations les plus objectives sont toutes imprégnées de conventions choisies à l’origine, et aussi des formes ou habitudes de pensée développées au cours du développement historique de la Recherche. Parvenus à l’extrême de leurs analyses, ils ne savent plus trop si la structure qu’ils atteignent est l’essence de la Matière qu’ils étudient, ou bien le reflet de leur propre pensée.

Et simultanément ils s’avisent que, par choc en retour de leurs découvertes, eux-mêmes se trouvent engagés, corps et âme, dans le réseau des relations qu’ils pensaient jeter du dehors sur les choses : pris dans leur propre filet. Métamorphisme et endomorphisme, dirait un géologue.

Objet et sujet s’épousent et se transforment mutuellement dans l’acte de la connaissance. Bon gré, mal gré, dès lors, l’Homme se retrouve et se regarde lui-même dans tout ce qu’il voit.Voilà bien une servitude, mais que compense immédiatement une certaine et unique grandeur.

Il est simplement banal, et même assujettissant, pour un observateur, de transporter avec soi, ou qu’il aille, le centre du paysage qu’il traverse. Mais qu’arrive-t-il au promeneur si les hasards de sa course le portent en un point naturellement avantageux (croisement de routes ou de vallées) à partir duquel non seulement le regard, mais les choses mêmes rayonnent ?

Alors , le point de vue subjectif se trouvant coïncider avec une distribution objective des chose, la perception s’établit dans sa plénitude. Le paysage se déchiffre et s’illumine. On voit.

Tel paraît bien être le privilège de la connaissance humaine. Il n’est pas besoin d’être un homme pour apercevoir les objets et les forces « en rond » autour de soi.

Tous les animaux en sont là aussi bien que nous-mêmes. Mais il est particulier à l’Homme d’occuper une position telle dans la nature que cette convergence des lignes ne soit pas seulement visuelle mais structurelle.

Les pages qui suivent ne feront que vérifier et analyser ce phénomène. En vertu de la qualité et des propriétés biologiques de la Pensée, nous nous trouvons placés en un point singulier, sur un nœud, qui commande la fraction entière du Cosmos actuellement ouvert à notre expérience. Centre de perspective, l’Homme est en même temps centre de construction de l’univers.

Par avantage, autant que par nécessité, c’est donc à lui qu’il faut finalement ramener toute Science. -Si, vraiment, voir c’est être plus, regardons l’Homme et nous vivrons davantage.Et pour cela accommodons correctement nos yeux.

Depuis qu’il existe, l’Homme est offert en spectacle à lui-même. En fait, depuis des dizaines de siècles, il ne regarde que lui. Et pourtant c’est à peine s’il commence à prendre une vue scientifique de sa signification dans la Physique du monde. Ne nous étonnons pas de cette lenteur dans l’éveil.

Rien n’est aussi difficile à apercevoir, souvent, que ce qui devrait « nous crever les yeux ». Ne faut-il pas une éducation à l’enfant pour séparer les images qui assiègent sa rétine nouvellement ouverte ? A l’Homme, pour découvrir l’Homme jusqu’au bout, toute une série de « sens » étaient nécessaires, dont l’acquisition graduelle, nous aurons à le dire, couvre et scande l’histoire même des luttes de l’Esprit.
 
-
Sens de l’immensité spatiale,
dans la grandeur et la petitesse,
désarticulant et espaçant, à l’intérieur d’une sphère de rayon indéfini, les cercles des objets pressés autour de nous.

- Sens de la profondeur,
repoussant laborieusement, le long de séries illimitées,
sur des distances temporelles démesurées, des évènements qu’une sorte de pesanteur tend continuellement à resserrer pour nous dans une mince feuille de Passé.

-
Sens du nombre,
 découvrant et appréciant sans sourciller la multitude affolante d’éléments matériels ou vivants
engagés dans la moindre transformation de l’Univers.

- Sens de la proportion,

réalisant tant bien que mal la différence d ‘échelle physique qui sépare, dans les dimensions et les rythmes, l’atome de la nébuleuse, l’infime de l’immense.

-Sens de la qualité et de la nouveauté,

parvenant, sans briser l’unité physique du Monde, à distinguer dans la Nature des paliers absolus de perfection et de croissance.

-Sens du mouvement,
capable de percevoir les développements irrésistibles cachés dans les très grandes lenteurs,- l’extrême agitation dissimulée sous un voile de repos, le tout nouveau se glissant au cœur de la répétition monotone des mêmes choses.

- Sens de l’organique,

enfin, découvrant les liaisons physiques et l’unité structurelle sous la b juxtaposition superficielle des successions et des collectivités.

Faute de ces qualités dans notre regard, l’Homme restera indéfiniment pour nous, quoiqu’on fasse pour nous faire voir, ce qu’il est encore pour tant d’intelligences : objet erratique dans un Monde disjoint. -Que s’évanouisse par contre, de notre optique, la triple illusion de la petitesse, du plural et de l’immobile, et l’Homme vient prendre sans effort la place centrale que nous annoncions : sommet momentané d’une Anthropologénèse couronnant elle-même une Cosmogenèse.

L’homme ne saurait se voir complètement en dehors de l’Humanité ; ni l’Humanité en dehors de la Vie, ni la Vie en dehors de l’Univers.

D’où le plan essentiel de ce travail : la Prévie, la Vie, la Pensée, -ces trois évènements dessinant dans le passé, et commandant pour l’avenir (la Survie !), une seule et même trajectoire : la courbe du Phénomène humain.

Phénomène humain, dis-je bien.

Ce mot n’est pas pris au hasard. Mais pour trois raisons je l’ai choisi. D’abord pour affirmer que l’Homme dans la Nature est véritablement un fait, relevant (au moins partiellement) des exigences et des méthodes de la Science.

Ensuite, pour fiare entendre que, parmi les faits présentés à notre connaissance, nul n’est plus extraordinaire, ni plus illuminant. Enfin , pour bien insister sur le caractère particulier de l’ essai que je présente.

Mon seul but, et ma vraie force, au cours de ces pages, est simplement, je le répète, de chercher à voir, c’est à dire à développer une perspective homogène et cohérente de notre expérience générale étendue à l’homme. Un ensemble qui se déroule. Qu’on ne cherche pas ici une explication dernière des choses, -une métaphysique. Et qu’on ne se méprenne pas non plus sur le degré de réalité que j’accorde aux différentes parties du film que je présente.

Quand j’essaierai de me figurer le Monde avant les origines de la Vie, ou la Vie au Paléozoïque, je n’oublierai pas qu’il y aurait contradiction cosmique à imaginer un Homme spectateur de ces phases antérieures à l’apparition de toute Pensée sur Terre.

Je ne prétendrai donc pas les décrire comme elles ont été réellement, mais comme nous devons nous les représenter afin que le monde soit vrai en ce moment pour nous : le Passé non en soi, mais tel qu’il apparaît à un observateur placé sur le sommet avancé où nous a placé l’Evolution. Méthode sûre et modeste, mais qui suffit, nous le verrons, pour faire surgir, par symétrie, en avant, de surprenantes visions d’avenir.

Bien entendu, mêmes réduites à ces humbles proportions, les vues que je tâche d’exprimer ici sont largement tentatives et personnelles. Reste que appuyées sur un effort d’investigation considérable et sur une réflexion prolongée, elles donnent une idée, sur un exemple, de la manière dont se pose aujourd’hui en Science le problème humain.

Etudié étroitement en lui-même par les anthropologistes et les juristes, l’Homme est une chose minime, et même rapetissante. Son individualité trop marquée masquant à nos regards la Totalité, notre esprit se trouve incliné, en le considérant, à morceler la Nature, et à oublier de celle-ci les liaisons profondes et les horizons démesurés : tout le mauvais anthropocentrisme. D’où la répugnance, encore sensible chez les savants, à accepter l’Homme autrement que par son corps, comme objet de Science.

Le moment est venu de se rendre compte qu’une interprétation, même positiviste, de l’Univers, doit, pour être satisfaisante, couvrir le dedans, aussi bien que le dehors des choses,-l’Esprit autant que la Matière. La vraie Physique est celle qui parviendra, quelque jour, à intégrer l’Homme total dans une représentation cohérente du monde.

Puissé-je faire sentir ici que cette tentative est possible, et qu’elle dépend, pour qui veut et sait aller au fond des choses, la conservation en nous du courage et de la joie d’agir.

En vérité, je doute qu’il y ait pour l’être pensant de minute plus décisive que celle où , les écailles tombant de ses yeux, il découvre qu’il n’est pas un élément perdu dans les solitudes cosmiques, mais c’est une volonté de vivre universelle qui converge et s’hominise en lui.

L’homme, non pas centre statique du Monde-comme il s’est cru longtemps ; mais axe et flèche de l’Evolution, -ce qui est bien plus beau.

Teilhard de CHARDIN

 

 

Bibliographie :
CUENOT Claude : Teilhard de Chardin, coll.écrivains de toujours, Seuil, 1962.
CHARDIN Teilhard de : Le phénomène humain, Pékin, 1938-1940 ; et Oeuvres, Seuil, Paris,1955.

http://jeanmarcdl.free.fr/

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 18:28


Averroès :

 

 

Averroes, 1126-1198, le musulman

- Ibn Roschd… Ibn Roschd …
(…) la médecine, l’astronomie, toutes les sciences … Vous voulez toujours que je vous explique tout ce qu’Aristote a dit du savoir des choses de la terre. Vous ne vous posez donc jamais les questions dernières : …D’où venons-nous ? Où allons-nous ? La Création et, surtout, le but et le sens de la vie et de l’histoire ?

- un disciple : Maître, aujourd’hui …
(…) Aujourd’hui, comme toujours, notre philosophie ne servirait à rien si elle ne savant pas lier ces trois choses que j’ai enseigné d’unir dans mon “ Harmonie de la science et de la religion ”. Une science fondée sur l’expérience et la logique pour découvrir les causes. Une sagesse qui réfléchisse sur les buts de chaque recherche scientifique pour qu’elle serve à rendre notre vie plus belle. La révélation, celle de notre Coran. Car c’est seulement par révélation que nous connaissons les fins dernières de notre vie et de notre histoire.

- une femme : Mais pour nous les femmes ?
Les femmes ont les mêmes fins dernières que les hommes. Le Coran ne distingue qu’entre ceux, hommes ou femmes, qui cherchent la Loi de Dieu et ceux qui ne s’en soucient pas. Il n’y a pas d’autre hiérarchie entre les êtres humains … Mais vous, les hommes, vous considérez les femmes comme des plantes qu’on ne recherche que pour leurs fruits, la procréation. Et vous en faites des séparées, des servantes. Ce sont vos traditions : elles n’ont rien à voir avec l’islam. ”

- un étudiant : Mais nos rois …
Le Prophète nous a enseigné qu’il n’est de plus sainte guerre que de dire la vérité à un dirigeant injuste. Le tyran est le plus esclave des hommes. Il est livré à ses passions par ses courtisans, à ses terreurs parce qu’i a peur de son peuple.

- un autre étudiant : Mais qu’elle est alors la société la meilleure ?
Celle où chaque femme, chaque enfant, chaque homme, reçoit tous les moyens de développer toutes les possibilités que Dieu lui a données.

- un autre : Quel pouvoir l’établira ?
Il ne s’agit pas d’une théocratie, comme chez les chrétiens d’Europe, d’un pouvoir de religieux complices des tyrans : “ Dieu - dit le Coran - a insufflé en l’homme de Son Esprit ”. Faisons-le vivre en chaque homme !

- un autre : Quelles sont les conditions d’une telle société ?
Une société sera libre et agréable à Dieu quand nul n’agira ni par crainte du Prince ou de l’enfer ou par désir de récompense d’un courtisan ou du paradis. Et quand personne ne dira : ceci est à moi.

- un autre : Maître, encore un mot
J’en ai assez de vos questions : d’abord, je ne suis pas “ Maître ” ; Dieu seul est Maître, et l’enseignement le plus fréquent de Son Coran est de faire effort pour réfléchir par soi-même. Vous entendez, par soi-même.

Maïmonide, 1135-1204, le juif

Dans la synagogue, devant la Thora qu’il commente.

Dans ce qu’il a dit sur les sciences terrestres, Aristote reste notre maître, mais, au-delà, tous ces propos ressemblent, à peu de choses près, à des conjectures. Si pour Ibn Roschd, le Livre Saint n’est pas notre Thora mais le Coran, nous sommes d’accord, l’un et l’autre, sur l’apport de la raison et de la révélation : elles sont deux manifestations d’une même vérité divine. Il n’y a de contradiction que lorsqu’on s’en tient à une lecture littérale des Ecritures, en oubliant leur signification éternelle. J’ai donné, dans mon “ Guide des égarés ” les règles de cette lecture allégorique, et qui tient compte de l’histoire. Nos problèmes historiques doivent être résolus à partir des principes éternels : il n’y a aucune opposition entre l’absolu et l’histoire. Ces principes éternels, mon expérience de juriste m’a appris qu’ils se ramenaient à quatre, que vous retrouverez dans mon “ Commentaire ” de la Mishna ”, de notre tradition juive :

1) L’individu ne peut se développer que dans une société saine, où les devoirs viennent avant les droits.
2) Le but de toute société fidèle à Dieu est une croissance de l’homme et non la richesse. L’homme grandit quand il développe en lui la raison dans sa plénitude : une raison qui a conscience de ses limites et de ses postulats. Une telle raison témoigne de la présence de Dieu en l’homme.
3) La raison de l’homme n’est qu’une participation à la raison divine, qui nous dépasse infiniment, et qui ne se réalise que par l’accueil à la prophétie biblique.
4) Un cycle nouveau de l’histoire ne commence que lorsqu’un Prophète, comme Moïse, descend vers le peuple pour lui proposer de nouvelles lois.

Psaume de David : Pourquoi ces vaines pensées parmi les peuples ? Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils contre l’Eternel et contre son oint ? Brisons leurs liens. Délivrons-nous de leurs chaînes ”.

Alphonse X, 1221-1284, le Sage

Je ne suis plus que l’ombre d’un roi qu’on appelait autrefois Alphonse X, le Sage, mais le Pape et mes propres vassaux me déposèrent en 1282. Peut-être mes rêves étaient-ils trop grands pour ce siècle ? Et pourtant nous étions au bord d’un grand éveil ? J’avais eu la chance, dans ma jeunesse, d’être élevé à Tolède, où l’évêque Raymond, avec ses traducteurs chrétiens et juifs, m’avaient initié à la culture de l’islam. J’ai fait traduire en latin le Coran et le Talmud. Vous voyez ce que fut l’acte le plus glorieux de mon règne : celui de créer, à Murcie, avec le philosophe musulman Mohammed Al Riqouti, la première école au monde où enseignaient à la fois des chrétiens, des juifs et des musulmans. A Séville, j’ai exigé que l’on enseigne dans les deux langues de mon temps : l’arabe et le latin. Ecoutez : l’un de mes pages chante l’un de mes cantiques : “ O mon Christ, qui pouvez accueillir le chrétien, le juif, le maure, pourvu que leur foi se dirige vers Dieu ”. Dans mes lois, comme dans mes prières, je n’ai jamais oublié que les mécréants sont de même sang et nature que nous. Mes légistes peuvent, avec fierté, vous lire mes codes :

“ Comme la synagogue est maison où l’on glorifie le nom du Seigneur, défendons qu’aucun chrétien ait l’audace de la détruire ni d’en emporter rien ni d’en prendre aucune chose par force ”. Et à l’égard des musulmans : “ Laisser vivre les Maures parmi les chrétiens en conservant leur foi, et en n’insultant pas la nôtre ”. Oui, sous mon règne, par les efforts des sages de nos trois religions, notre Espagne du XIIIème siècle pouvait éveiller l’Europe entière à une vraie renaissance : celle qui pouvait se faire non contre Dieu, mais avec Dieu.

Ibn Arabi, 1165-1240, le soufi

“ Ceci est interdit ! Ceci est permis ! ”, nous disent les juristes. Mais jamais : ceci est à inventer. Tu es responsable de toi-même. Réfléchis par toi-même ! Alors que le Coran nous y appelle à chaque page. À les entendre, il n’y aurait, entre Dieu et l’homme, que des rapports de maître à esclave. La foi et la philosophie commencent là où finit ce juridisme desséché !

Le Coran nous dit “ Dieu fera se lever des hommes qu’il aimera et qui l’aimeront ” (V, 54), et aussi : “ Si vous aimez Dieu, Dieu vous aimera ” (III, 31). Dieu est unité. L’unité de l’amour, de l’amant et de l’aimé. Tout amour est désir d’union. Tout amour, qu’il en est conscience ou non, est amour de Dieu. Il y a un amour naturel dans lequel tu crois chercher à ne satisfaire que ton propre désir. Mais, il te fait sentir que tu ne suffis pas à toi-même. Même dans l’union des corps, où tu veux trouver l’extase, tu éprouves la nostalgie et le besoin de ce qui n’est pas toi. Il y a un amour spirituel quand tu n’aimes l’aimé que pour l’aimé lui-même. Tu ne vis alors qu’en te dépassant : en préférant à la tienne sa joie, sa plénitude d’être. Cet amour t’enseigne le sacrifice. Il y a un amour divin, le plus haut : tu aimes en toute chose Celui qui l’a créée, et tu n’aimes Dieu que pour lui-même. sans crainte d’un châtiment ni désir d’une récompense. Cet amour que tu portes à Dieu est un reflet de celui qu’Il te porte.

Tu ne peux t’identifier à Lui, mais agir selon le but qu’il a révélé par Son Messager. Le Prophète a dit “Quand Dieu t’aime, Il est l’oreille par laquelle tu entends, l’œil par lequel tu vois, le pas par lequel tu avances, la main par laquelle tu travailles”. Dieu a “insufflé en l’homme de Son Esprit”. Témoignage de cette présence de Dieu en toi, de l’acte de Dieu qui ne cesse de créer. L’action est l’extérieur de la foi. Tu rends visible l’invisible chaque fois que tu te dépasses : artiste, quand tu exprimes la beauté que Dieu aime, amant, quand tu vois et sers Dieu en celle que tu aimes, savant, quand tu découvres des vérités nouvelles, chef, quand tu créés pour chacun les conditions de son épanouissement.

Voir en chaque être l’acte qui l’a créé et soumettre sa vie entière à la volonté de ce Créateur, c’est ce qui unit tous les hommes de foi. Tout homme est appelé par Dieu. Ne méprise pas ceux qui, en le cherchant, croient Le voir en ce qui n’est pas Lui. L’islam reconnaît tous les prophètes comme messagers du même Dieu. Apprends à découvrir en chaque homme le germe, en lui, du désir de Dieu, même si sa croyance est encore confuse, et parfois idolâtre, pour l’orienter vers la pleine Lumière.

J’écrivis, dans un poème d’amour (avec luth) : “ Mon cœur est devenu capable d’entrer dans toutes les formes : pâturage pour les gazelles et couvent pour le chrétien ; temple pour les idoles et pèlerins de la Ka’ba ; tables de la Thora et livre du Coran. Ma religion est de l’amour : quelque soit le chemin que prenne la caravane de l’amour, ce chemin est celui de ma foi ”.

http://alainindependant.canalblog.com/archives/2007/09/18/6265481.html

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 15:20



Oui à son rejet de l'islamisme,
Non à son infidélité à ses origines
et à ses engagements 
fanatiquement  pro-occidentaux


Les extrémismes sont une abomination. Les fanatismes, les intégrismes aussi. Quels qu'ils soient : chrétien (évangéliste, souvent plus sioniste que tous les autres, ou catholique intégriste, une frange active), juif (ultra-sionistes, obsessionnellement anti-arabes et pathologiquement angoissés par l'industrie nucléaire iranienne au point d'être prêts à rayer l'Iran de la carte et à susciter une guerre mondiale), musulman (islamiste, dénoncé dans cet article).

Ce sont les extrémistes qui mettent le monde en danger. 

Mais ceux qui, dans une religion donnée, les dénoncent, peuvent tomber dans l'excès inverse.


C'est le cas de Mme Nonie Darwish, installée aux Etats-Unis, un signe qui ne trompe pas, puisqu'elle vit dans le pays qui, par ses excès, son matérialisme égoïste et militariste, sa haine de tout ce qui de près ou de loin ressemble à un Arabe, crée de la tension, des antagonismes, et au final des guerres meurtrières. 

L'engagement légitime contre l'islamisme ne doit pas conduire à son opposé, la défense caricaturale des valeurs occidentales qui pour moi sont aussi pernicieuses : matérialisme, culte du Veau d'Or, Argent déifié, compétition, démocratie uniquement  théorique, domination des esprits, des cultures, des pays, goût pour le choc des civilisations et les guerres préventives, d'ingérence, eugéniques, mépris des valeurs collectives, de l'éthique, des solidarités, etc. Ce qu'elle défend (suprématie de l'Occident blanc, occupation de la Palestine, choc de civilisations qu'elle alimente, etc...) est aussi injuste que ce qu'elle dénonce, l'islamisme, est juste. Eva 


_____________________________________________________________________



Qui est Nonie Darwish ?
Nonie Darwish
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Pour les articles homonymes, voir Darwich.

Nonie Darwish est une journaliste, écrivaine et conférencière arabo-américaine née au Caire en 1948. Auteure du livre Now they Call Me Infidel; Why I Renounced Jihad for America, Israel and the War on Terror, elle est aussi fondatrice de l'association Des Arabes pour Israël qui réunit des Arabes et des musulmans qui « respectent et soutiennent l'État d'Israël », rejettent les « attentats-suicides comme forme de jihad » et promeuvent une « auto-critique constructive du monde arabo-musulman ».

Elle appartient au collectif Des femmes contre l’islam aux côtés de Ayaan Hirsi Ali, Wafa Sultan, Brigitte Gabriel, Mina Ahadi, Chahdortt Djavann, Irshad Manji, Necla Kelek, Taslima Nasreen et Nyamko Sabuni.

Œuvres [modifier]

  • Now They Call Me Infidel: Why I Renounced Jihad for America, Israel, and the War on Terror. Sentinel HC, 2006. ISBN 1595230319 (en anglais).

Liens externes [modifier]

  • Son témoignage ;
  • Nonie Darwish au sommet de l’islam laique, mars 2007 ;
  • Escaping "Submission" (article en anglais) ;
  • Site du collectif Des femmes contre l’islam. 

  • _________________________________________________________________________


    Je ne soutiens pas la femme qui est passée d'un bord à l'autre, des pays arabes aux Etats-Unis lancés dans un meurtrier choc de civilisations, femme finalement aussi haineuse envers l'Islam  que les Islamistes envers l'Occident judéo-chrétien.

    Tous les excès sont également condamnables. 
     
  • Reste que sa dénonciation des perversions de l' Islam est fondée, et que certains de ses combats entrent dans le cadre de ce blog attaché à promouvoir la paix dans le monde, la communion des civilisations - qui ne pourra avoir lieu que si les intégrismes de TOUS bords sont dénoncés et rejetés.
     
  • Avec Nonnie Darwish, Il faudra donc en prendre (le combat contre l'intégrisme musulman), et en laisser (le soutien ambigu pour une Musulmane des Américains et des Israéliens). La dénonciation des perversions d'un système ou d'une religion n'implique pas l'adhésion aux valeurs de ceux qui les combattent de façon fanatique, obsessionnnelle, et dangereusement belliciste.

_______________________________________________________________________________________

Nonnie Darwish n'est aucunement liée à la rédaction de ce site

« De nombreux Musulmans ne cherchent qu’une chose, islamiser l’Amérique et l’Occident, coûte que coûte ! »

« Je crois que le monde musulman a perdu son équilibre moral »

« Les appels à la prière étaient presque toujours suivis d’appels à détruire les juifs et les infidèles »

Arabe et musulmane, Nonie Darwish est née au Caire et a grandi à Gaza à l’époque où Nasser promettait de détruire Israël. Son père, Mustapha Hafez Darwish, dirigeait à l’époque les services de renseignement à Gaza. C’est lui qui crée les Fedayin, ces groupes armés qui mènent des attaques en territoire israélien pour y semer la mort et la destruction.


Sur son blog :
Expatriée aux Etas Unis, Nonie Darwish est aujourd’hui journaliste, écrivain, et fondatrice de
ArabsForIsrael.com.
Elle a participé en 2007 au
Sommet de l’islam laïque

-> lire les déclarations essentielles de Nonie Darwish

  • _________________________________________________________________________

    Que l'on soit légitimement contre les épouvantables excès des Islamistes, ne doit pas conduire à s'engager pour un Etat qui ouvertement (notamment à travers certains de ses dirigeants ou intellectuels) songe à rayer l'Iran de la carte, et qui fait de la vie des Palestiniens un enfer, bien qu'ils ne soient pas responsables de la Shoah.


  • Les écrits de Mme Darwish sont donc à lire avec précaution. Oui à la dénonciation de l'islamisme, non à la dénonciation de l'Islam. Oui au rejet de l'idéologie islamiste de domination mondiale, mais oui aussi au rejet de l'idéologie sioniste de domination de la planète ou de la croisade chrétienne pour la christianisation du monde entier.  Le respect de la religion de l'autre ne souffre aucune exception.  Eva


  • _________________________________________________________________________

    Nonie Darwish : 

  • « J’ai réalisé à quel point l’Occident est mal informé… Je ne veux pas voir la propagande, la désinformation, la haine, l’antisémitisme que j’ai connu au Proche-Orient se disséminer en Occident… Le terrorisme n’est pas un accident, il fait partie intégrante de la religion et de la culture du djihad, de la marche pour la domination mondiale qui s’est enclenchée voici des décennies dans le monde musulman… Ils maîtrisent à la perfection l’art de jouer avec les faiblesses et les tabous de l’Occident et utilisent à cette fin des mots tels qu’islamophobie ». [lire le texte intégral]

      La façon dont les juifs ont été traités au Proche-Orient est une disgrâce. Et le monde, à l’exception des Etats-Unis, a abandonné Israël de façon à se concilier des pays musulmans producteurs de pétrole ». (…) Je crois que le monde musulman a perdu son équilibre moral et devrait prendre d’urgence la voie de la réforme.

    L’obsession paranoïde envers Israël qui l’imprègne est de plus en plus intolérable, et l’Occident ne devrait pas l’excuser… Nous sommes dans une guerre sans précédents. Pire que le nazisme et le communisme, le djihad global est porté par des fanatiques qui croient qu’ils doivent conquérir le monde sur l’ordre de Dieu. Nous devons mener cette guerre et, en même temps, œuvrer pour la réforme de l’islam ».

    __________________________________________________________________________

  • On voit les excès de telles déclarations. Pour pasticher Mme Darwish, moi je dirai  : "La façon dont les Palestiniens sont  traités est une disgrâce (comme autrefois d'ailleurs les Juifs). Et le monde ferme les yeux sur les souffrances des Palestiniens, l'injustice qui leur est faite. Les islamistes ont perdu leur sens moral, comme les néo-sionistes aujourd'hui. La vocation de "nation sainte" juive est piétinée à chaque instant. Les extrémistes juifs n'ont rien à envier aux islamistes. Ils se valent.  Même abandon de tout sens de l'éthique, même soif de domination, même peur et haine obsessionnelle de l'altérité. Même envie d'en découdre avec le monde entier.. Pour être crédible, son combat aurait dû dénoncer les TROIS grand extrémismes, islamiste bien sûr, mais aussi chrétien (évangéliste) et juif. Eva

    __________________________________________________________________________

  • Nonie Darwish fait ses études à l’Université américaine du Caire et s’y ouvre ainsi peu à peu à la civilisation occidentale. Elle vit de plus en plus mal sa condition de femme dans un pays arabe et décrit comment la nécessité de mentir lui pèse, tout comme la nécessité d’être emprisonnée à l’intérieur de sa féminité :
    « Si j’avais décidé de m’habiller à l’occidentale, on aurait dit que j’étais provocante et que j’appelais au viol. Pour cette raison, de nombreuses femmes autour de moi portaient le voile, simplement pour n’être ni insultées ni violées ».

    Nonie refuse l’alternative que choisissent ses amies : « porter le voile comme un symbole d’honneur, de pouvoir et de respect, la forme féminine du djihad ». Elle discerne, au contraire, que la situation est grave et difficilement remédiable : « Le changement semble ne pouvoir survenir qu’au détriment de l’honneur des hommes et de la chasteté des femmes.

    _________________________________________________________________________


    La situation des femmes dans les pays musulmans est souvent intolérable. Mais l'appel des Islamistes à la guerre "sainte", à détruire les Juifs et les infidèles, rejoint celui des sionistes envers les Arabes et même envers une partie de l'humanité, au nom de la pureté juive. Et les évangélistes ne sont pas en reste, quand ils se joignent aux Israéliens pour entreprendre des guerres de civilisation, pour prôner le choc de culture, la suppression de tout ce qui de près ou de loin est arabe ou musulman. Les évangélistes sont fanatiquement pro-sionistes, je les connais bien car j'ai une soeur pentecôtiste évangéliste qui considère comme ENNEMIS et à combattre, tous ceux qui défendent la cause palestinenne de près ou de loin - par exemple. Tous les fanatismes sont abjects. Et à dénoncer.

    Ils mènent directement à l'effroyable choc de civilisations que je dénonce dans ce blog.

    _________________________________________________________________________

    Nonie Darwish se souvient comment on lui a appris à haïr les Juifs depuis sa tendre enfance. “On m’a toujours dit de ne pas accepter les bonbons proposés par les étrangers, car c’était peut-être un Juif qui essayait de m’empoisonner” se rappelle-t-elle. “On nous répétait sans cesse que les Juifs étaient des démons, le mal, les ennemis de Dieu”.

    “J’ai mis du temps à réaliser qu’Israël ne constituait en aucune manière une menace pour le monde arabe, bien au contraire (…)

    Elle est confiante qu’un jour le monde arabe mettra un terme à sa querelle avec l’état Juif, mais elle est moins optimiste quant à la menace croissante du fondamentalisme islamiste en Occident. “La plus grande erreur de jugement que font les Occidentaux, c’est de croire que leur culture et la démocratie sont indestructibles, sous-estimant les forces du Mal et de la terreur. De nombreux Musulmans ne cherchent qu’une chose, islamiser l’Amérique et l’Occident, coûte que coûte!”

    ____________________________________________________________________________________


    Erreur ! Israël constitue actuellement une grande menace pour les Arabes (prêt à tout faire pour combattre l'Arabe, le Musulman, même à l'extermination, beaucoup d'Israéliens apprennent dès l'enfance à haïr l'Arabe et à mener une lutte à mort..), et même pour le monde, car il cherche à imposer le choc de civilisations afin d'éliminer l'autre camp, quitte à risquer une effroyable guerre mondiale et la mort de millions d'innocents ! Même idéologie de haine raciste, de rejet de l'autre, de mort, même prosélytisme, même désir d'en découdre. Idem pour les évangélistes.

    Pourtant, à mon avis, les fanatismes les plus dangereux sont d'abord évangéliste et néo-sioniste, néo-con, car eux détiennent le pouvoir de détruire l'humanité à travers des guerres nucléaires préventives, de civilisations, éugéniques, permanentes, totales, ils ont un armement sophistiqué et l'appui de la Haute Finance internationale. Le terrorisme islamiste d'attentats est moins coûteux en précieuses vies humaines, que le terrorisme d'Etat des Américains et des Israéliens. 

    Ensuite, Nonnie parle des islamistes "le Coran d'une main, et tuant de l'autre". Qu'elle sache que j'ai l'habitude de parler des Américains comme ayant la bible dans une main, et le fusil dans l'autre. Je reproche à Mme Darwish, par dégoût légitime de l'islamisme, de tout caricaturer, de tomber dans l'excès INVERSE. Ce qui discrédite son combat, qui aurait pu être légitime. Eva

    _________________________________________________________________________


    Jeune femme, j’ai rendu visite à une amie chrétienne au Caire lors des prières du vendredi. Dans les haut-parleurs des mosquées, on entendait : “qu’Allah détruise les infidèles et les Juifs, les ennemis de Allah. Nous ne les fréquenterons pas et nous ne signerons aucun traité avec eux” et la foule des fidèles répondait Amen!

    Mon amie avait peur et moi j’avais honte. Et c’est là où j’ai compris que l’enseignement et la pratique de ma religion étaient erronés. Malheureusement je ne suis pas la seule à avoir subi cette forme d’éducation religieuse. Des centaines de millions de Musulmans ont été élevés dans cette haine de l’Occident et des Juifs.

    Ce que Mme Darwish oublie de dire, c'est que les Juifs extrémistes font la même chose, de l'autre côté, en apprenant aux enfants très tôt à haïr l'Arabe et à chercher à le tuer. Sauf que eux ont les moyens d'exterminer, avec armes sophistiquées et appui de l'ogre américain indifférent aux malheurs qu'ils provoquent dans le monde entier. Eva

    J’ai été le témoin de meurtres de filles pour l’honneur, de l’oppression de femmes, de mutilations génitales, de la polygamie et de ses effets dévastateurs dans les relations familiales. Tout cela est en train de détruire la foi musulmane de l’intérieur
    . "

    Je rejoins complètement N. Darwish dans sa dénonciation de tous ces intolérables. Eva

    ARABS  FOR  ISRAEL :

    Arabs for Israel Home
    (NB Eva : Il est évident qu'un peuple persécuté doit pouvoir disposer d'une terre où se retrouver, protégé. Même chose pour d'autres peuples, d'ailleurs, il y a suffisamment de terres vierges ! Arméniens, etc... Tsiganes, bien que peuple voué à l'errance, pa choix, et c'est un de ses charmes !)
     

    To Muslims and Arabs across the globe:

    Reject hate, embrace love. Bring out the best in Islam by showing your compassion, gratitude and forgiveness. Make the holy land truly holy by giving Israel and the Jewish people the respect they deserve in their tiny little country. This is not a crisis over land. It is a crisis of the soul; a crisis in our faith, judgement and self confidence. Israel should not be regarded as an enemy, but as a blessing to our neighborhood. We need not fear peace, but embrace it.

    Palestinian Woman Simpathizes with Israel

    2008.03.11

    When a Palestinian woman gave birth to twins in an Israeli hospital she experienced what it is like to be the target of rocket fire from the Gaza Strip.

    Read the full article at http://www.israellycool.com/2008/03/11/todays-must-read-article/
    (attention, comprendre la souffrance des Israéliens  quand ils reçoivent des bombes des résistants Palestiniens et en avoir compassion, militer ligitimement pour leur sécurité ne doit pas empêcher d'abord, de comprendre la souffrance des Palestiniens condamnés collectivement à vivre en prison, en enfer, ensuite de les soutenir dans leur lutte (personnellement de façon pacifique, car je suis pacifiste) légitime pour une existence normale, lutte de libération de l'occupation). Eva

    The David Horowitz Freedom Center launches a Declaration Against Genocide

    2008.02.20

    The David Horowitz Freedom Center announced that it will distribute a Declaration Against Genocide and ask individuals and groups, particularly those on American college campuses, to sign it. The Declaration notes that the Sudanese and other Africans have been victims of a slow motion genocide, and that Islamo fascists in the Middle East are preparing a new genocide against the Jews

    Read more at FrontpageMag.com

    A Taste of Peace

    2007.12.21

    ...but what of other borders that lie beyond the relatively minor distinctions in religious practice and personal attitudes? What might it mean, for instance, for a Wellesley woman of Egyptian-Jewish origins after having experienced a personal tragedy, to reach out to an Arab mother living in Israel to understand and share the meaning of deep, irreparable loss?

    On a trip to East Jerusalem, local resident Eliane Markoff did just that, the result of which is a compelling written narrative that earlier this year she shared with the Wayland-Weston interfaith group. An edited version of Markoff's story accompanies this article (see sidebar). It speaks with eloquence and candor to those who seek to understand the challenges of reconciling cultural displacement, religious differences, and personal loss.

    Read the full article on the 'Jewish E-Mails' page

    Muslims in Iraq ask Christian friends to return fr
    om exile
    Muslims in Iraq ask Christian friends to return from exile

    Muslims Against Sharia interviewed

    Muslims Against Sharia

    Now They Call Me Infidel


    Arabs for Truth

    Dear Nonie,

    What better place to enjoy the bulk of your book then on an El Al Flight from Los Angeles to Tel Aviv? There was plenty of time for me to read and re-read favorite passages. Truth is the message of your book and truth will help set this conflict free and end it. You are as they say "her father's daughter" and in his memory you will accomplish much, perhaps event more then you can imagine. So many people around the world will join your grassroots organization and help reveal and live with truth. I hope to offer much more support in the future. At the moment I'm visiting my ailing mother in Tel Aviv. We inherit all the good and sometimes not so good traits our parents instilled in us. As each generation comes forth, the good from the previous generation is embellished in the new while the bad, is edited out, hopefully.

    May you be blessed with many years of good health, may your children follow in your steps, if they wish, and may our wish for peace between Arabs and Jews come in our life time. To be cont.

    Best wishes,

    Avner




    Jews do not hate Arabs

    2007.11.07 Hi
    As I read your letters from Israel I want to underline that jews do not hate arabs.
    I want to say that I have lived in Israel for 13 years as non jewish and we lived very close with the jews in the land. Since I grew up in the country (6 to 22 years of age) during that time I always heard that arabs and jews could make a paradise in the middle east. I never heard a jew speak of hate. I never heard a jew blame the Germans for the holocaust. All they said was let us forget and make a better day.

    A short story:
    A friend of mine have a garage for trucks in Israel. An arab left his truck for repair. The worker forgot to put in a small security pin for the breaks and told the owner. The owner jumped in his car and drove to the arab village wich was very far away, and waited for the truck to come home. As he waited he saw people gather in a building so he went to the building ,it was a big hall and people sat along side the wall. As he sat there the arabs spoke so much bad about Israel and jews the my firend said to me "How much can you take?" (he know arabis since he came from Iraq) so he spoke up and and told them that he was Israeli, jew and he shows them the security pin and told them why he was there only so that they would not blame him for delibratly forget the security pin. He left the room and by that time the truck owner had come home and he mounted the pin and drove from the town late that evening. He told me that he was very scared as they could have shot him as he drove down the hill.
    The garage had in 1989 about 20 muslim workers of total 50 workers.
    What I want to say is that Israel don't hate the arabs/mulsims/Palestinians all they want is to live in peace and make a better place to live in.
    My best math and physics teacher in Israel is a muslim.

    Regards from Dan Johansson
    Sweden



    Life is to short to be consumed by hatred

    Dear Mrs. Darwish and Arab/Muslim friends,

    I am a 27 year old Jewish man from Holland The Hague. I am a member of the orthodox Jewish congragtion here. Reading through the ´´Arab´´reactions about Israel I became happy. A overwhelming feeling of brotherhood came over me. I have always thought if we could settle our problems and work together we could make the Middle East flourish! I do not and I know many Jews do not feel any hatred or negative feelings towards Arabs or Muslims what so ever!!

    Life is to short to be consumed by hatred....from both sides.. My wishes are that as many people as possible speak out and be positive about peace and reconciliation. We have to look to the future..

    Salaam Aleikum, Shalom Aleichem..

    Alexander L.Y. van der Linden



    Two very important verses from the Qur'an regarding hatred and making peace with one's enemies.

    1. Hatred:

    O ye who believe! Be steadfast witnesses for Allah in equity, and let not hatred of any people* seduce you that ye deal not justly. Deal justly, that is nearer to your duty. Observe your duty to Allah. Lo! Allah is informed of what you do.
    - AL-MA'IDAH The TABLESPREAD - SURAH V:8

    * That includes Jews and Israelis.

    2. Making Peace with One's Enemies

    It may be that Allah will grant affection (and friendship) between you and those whom ye (now) hold as enemies. For Allah has power (over all things), and Allah is Forgiving, Most Merciful.
    -AL-MUMTAHANA The WOMAN TO BE EXAMINED - SURAH LX:7

    Jihad Watch

    Tall Shadows: Interviews with Israeli Arabs

    Interfaith StrengthInterfaith Strength

     

    Interfaith Encounter Association

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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 22:09
Daniel Barenboïm
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Daniel Barenboim
Daniel Barenboim

Daniel Barenboim, né le 15 novembre 1942 à Buenos Aires, est un pianiste et chef d'orchestre de nationalité argentine et israélienne. En 2002, il reçoit la nationalité espagnole et depuis janvier 2008, il est également porteur d'un passeport palestinien[1],[2].

Biographie [modifier]

Enfant prodige, il donne son premier concert en tant que pianiste à Buenos Aires à l'âge de sept ans. Son père est alors et restera longtemps son professeur de piano.

En 1952, il s'installe en Israël avec ses parents, juifs d'origine russe (son nom est la graphie yiddish de l'allemand Bachenbaum), .

Très tôt, en Argentine d'abord puis au cours de nombreux voyages, il aura l'occasion de rencontrer Arthur Rubinstein et Adolf Busch, Wilhelm Furtwängler, Edwin Fischer et beaucoup d'autres grands interprètes. Il se perfectionne au piano avec Edwin Fischer et à la direction d'orchestre avec Igor Markevitch puis en 1955 avec Nadia Boulanger, dans la classe de qui, à Paris, il étudie la composition.

Au début des années 1960, il joue avec le vieux maître Otto Klemperer et enregistre avec lui ses premiers disques pour EMI : le 25e concerto de Mozart et l'intégrale des concertos de Beethoven. Puis il devient chef de l'English Chamber Orchestra en 1965 et enregistre, en dirigeant du piano, l'intégrale des concertos de Mozart, une somme que certains critiques considèrent aujourd'hui encore comme la plus belle jamais gravée. À cette période, Barenboïm est un merveilleux mozartien, tant au piano qu'à la baguette, et il mêle à un élan juvénile une profondeur extraordinaire des mouvements lents sans doute en partie acquise à la fréquentation de Klemperer.

C'est la période heureuse, celle de son amour pour la violoncelliste britannique Jacqueline du Pré avec laquelle il se marie en 1967. La période aussi où il pratique assidûment la musique de chambre avec elle et ses amis les violonistes Pinchas Zukerman et Itzhak Perlman et d'autres comme Isaac Stern ou Gervase de Peyer. De nombreux disques sont gravés en particulier de Beethoven. Un DVD garde pour la postérité une interprétation exceptionnelle du quintette « La Truite » de Schubert avec le chef d'origine indienne Zubin Mehta à la contrebasse, un instant de pur bonheur.

Le bonheur sera de courte durée : Jacqueline est atteinte de sclérose en plaques et doit arrêter sa carrière dès 1972. Elle décèdera en 1987.

La carrière de Barenboim semble marquée par une sorte de boulimie inextinguible de concerts, d'enregistrements et de projets. Il est chef de l'Orchestre de Paris de 1975 à 1989 où il crée un Chœur symphonique qu'il confie à Arthur Oldham. Pressenti pour être le responsable artistique du nouvel Opéra Bastille, il entre en conflit avec les autorités de tutelle de l'époque et part finalement aux États-Unis diriger l'Orchestre symphonique de Chicago, poste qu'il occupe jusqu'en 2006[3], tout en menant une carrière de chef à Berlin, à la tête du Staatsoper.

En mai 2006, il est nommé principal chef invité de la Scala de Milan, poste qu'avaient occupé avant lui notamment Arturo Toscanini et Herbert von Karajan.

Direction de l'orchestre Divan occidental-oriental à Séville en 2005
Direction de l'orchestre Divan occidental-oriental à Séville en 2005

Il a également créé en collaboration avec Edward Saïd une fondation visant à promouvoir la paix au Proche-Orient au travers de la musique classique, initiative lui ayant attiré de violentes critiques en Israël. Ceci s'est concrétisé en un atelier musical et un orchestre israélo-arabe : l'Orchestre Divan occidental-oriental.

En 2006, il est lauréat du prestigieux Prix Ernst von Siemens, considéré comme le « Nobel de la musique ».

Son répertoire immense s'étend de Bach, dont il a gravé une des plus puissantes versions des Variations Goldberg, à la musique contemporaine dont il est un ardent défenseur. Ainsi a-t-il créé de nombreuses œuvres de Pierre Boulez ou Henri Dutilleux, par exemple. Il est aussi un grand chef d'opéra, notamment à Bayreuth où il dirigera pendant les vingt dernières années du XXe siècle, mais aussi à Édimbourg et dans de nombreux autres festivals.

Excellent accompagnateur de lieder,il a donné des concerts et enregistré de nombreux disques avec Janet Baker notamment, mais surtout avec Dietrich Fischer-Dieskau, avec qui il a gravé en particulier des lieder de Mozart (chez EMI) et des intégrales de Brahms, de Liszt et d'Hugo Wolf (chez Deutsche Grammophon).

En mars 2007, il est élevé au rang de Commandeur de la Légion d'honneur par Jacques Chirac qui a souligné son engagement pour la paix au Proche-Orient.Image:Daniel Barenboim.jpg


Il essaie de réconcilier Israéliens et Palestiniens sur une même terre; ils ont tout intérêt à vivre ensemble, les guerres n'ont pas leur place, la résolution du conflit est essentielle pour la paix du monde.


Ce 11 août 2008, sur Arte, soirée spéciale :

Concert en Jordanie avec le West Eastern Divan Orchestra

Enrendu (présentatrice) : "Celui qui est à l'écoute des autres s'oublie un instant, et à ce moment-là tout est possible, cela fait reculer la haine."

Au cours de la soirée, projection du documentaire "Nous ne pouvons qu'atténuer la haine".

L'orchestre réunit de jeunes musiciens de pays arabes, de Palestine et d"Israël.





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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 21:30
Reconnaissance à Stéphane.

mariam

Jésus(s) et Marie(s)

 

J’ai lu le dernier article de Stéphane sur « christianisme » et lui en sais gré.
J’ai écrit que Stéphane n’avait pas de sens critique et j’ai mis en doute son honnêteté intellectuelle. Je l’efface !
A l’avenir, je ferai un distinguo entre les faux évangéliques et les vrais.

La violence, que l’on peut lire dans les textes du monothéïsme, se retrouve un peu partout : dans l’Ancien Testament elle est redoutablement présente, moins dans l’Evangile et elle transparaît dans certaines sourates du Coran.

Il importe, dans la lecture de ces écrits, de connaître le contexte historique de leur rédaction et l’avancée de civilisation des peuples que ces propos concernent.

Personne n’est obligé d’aimer une religion ou d’en pratiquer une, mais tout un chacun doit respecter l’autre,  tant il est vrai que l’on n’est  vraiment soi-même qu’à travers le regard d’autrui.

Pourquoi Stéphane ne rend-il pas la liberté à ses commentaire ? Le musulman-compusif et harceleur, ce n’est pas moi.

« Quiconque fait le bien le fait à son avantage :
celui qui fait le mal le fait à son détriment,
et Dieu n’est point le tyran des hommes »

Coran


11-08-2008, 17:53:29 Dr Ali

 
10-08-2008 Général
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Il a donc pris la plume pour me répondre.
Trop d’honneur !

Il me qualifie de « harceleur, mais en vertu de quoi ? Quand sur le blogue « Justice », je permettais les commentaires ;  pour un  que je postais sur le sien, il en mettait quatre sur le mien.
Mais foin de mesquineries, venons-en à l’essentiel !

Tous les évangéliques ne sont pas des bellicistes enragés. J’en veux pour preuve des hommes comme le pasteur Jesse Jackson et le Président Carter qui, récemment encore, préconisaient au gouvernement de Bush de négocier avec le Hamas.
Dites-moi, avez-vous lu sur le blogue de « christianisme » le moindre copier/coller de ces deux personnalités ?

Non ! Vous êtes submergés d’amalgames sur l’air du : Arabes+Iraniens+islam = terrorisme, ne me dites pas le contraire, les faits sont là, et les faits sont plus puissants qu’un Lord Maire !
Si « christianisme « est tellement pacifique, pourquoi ne dénonce-t-il pas l’injustice qui est faite aux Palestiniens par un « état » qui les opprime sans vergogne depuis plus de soixante ans ?
Pourquoi toujours se metre du côté des plus forts ? Les premiers ne seront-ils pas les derniers ?

Pourquoi prêter à l’Iran des intentions qu’aucune preuve ne vient étayer ?

Qui possède la bombe atomique ? La France, la Chine, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Russie et aussi, c’est patent, Israël…
Qui a usé de la bombe, et sur des populations civiles de surcroît ? Les Etats-Unis !

Qui pousse à la guerre contre l’Iran, comme il a tout fait, même mentir, pour attaquer l’Irak : les Etats-Unis !

Tous les Américains ne sont pas des fauteurs de guerre, tous les évangéliques ne sont pas complices de la politique de Bush et consorts. Pourquoi « christianisme » ne met-il pas plus en avant cette caractéristique ? Faut-il qu’un petit blogue comme le mien le titille pour le lui rappeler ?

Il y a plus grave. Pourquoi faire plâner l’accusation d’antisémitisme, sinon pour discréditer lâchement son adversaire (ennemi) ? Avez-vous lu sur « Justice » ou « Nourislam » le moindre propos dans ce sens ? Je vous en défie !

De tels procédés sont iniques et relèvent de l’incitation à la haine raciale et religieuse !

Et je vais être clair: le premier qui me traite d'antisémite, je le traîne en justice pour diffamation, injure publique et calomnie !

Moi, je ne suis pas un îmam, mon blogue est une plateforme de défense et d’attaque contre tous ceux qui déforment les faits et précipitent les hommes et les femmes dans des conflits qu’ils ne veulent pas et qui les dépassent. Je ne combats pas pour le seul islam, simplement pour la justice et la vérité et, à l’âge où le Créateur m’a permis d’arriver, et qui verra bientôt la chair quitter les os, j’ai compris combien ces concepts étaient consubstantiels aux pauvre et aux déshérités.

Que l’islam se confondeavec eux n’est pas un hasard, Dieu les aime !


Alors, je l’écris en toute sérénité, si « christianisme » veut prouver sa bonne foi et son ardent désir de paix, qu’il se penche avec compassion et sollicitude sur ces braves gens, et il comprendra que le salut vient de chez eux qui ne sont rien au regard des possédants, mais tout à Celui qui préside à nos destinées !

« Ceux qui reviennent à moi, qui se corrigent et font connaître la vérité aux autres ; à ceux-là, je reviendrai aussi, car j’aime à revenir chez un pêcheur converti, et je suis miséricordieux. »
Coran.

En attendant, voici une preuve de la haine viscérale des évangéliques à l'égard de l'islam:

 

 


3eme guerre mondiale

envoyé par bambouko


Je pense comme lui : Les évangéliques sont souvent  fanatiques, intolérants, racistes, extrémistes. Ceux-là, on les appelle les "évangélistes". Eva


 
 
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Présentation

  • : Eva pour la communion des civilisations
  • : Eva est une femme de paix, de consensus, s'opposant au "choc de civilisations", prônant la tolérance, le dialogue et même la communion de civilisations. Elle veut être un pont fraternel entre les différentes religions monothéistes. Elle dénonce les fondamentalismes, les intégrismes, les communautarismes sectaires et fanatiques, repliés sur eux, intolérants, va-t-en-guerre, dominateurs, inquisiteurs, haineux, racistes, eugénistes, impérialistes.
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