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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 10:44

 

Iran-monument.jpg

Mosquée d'Iran

 

Preuve que la tolérance n’est pas un vain mot pour les israéliens, un millionnaire israélien a décidé de construire une mosquée en France .


L’homme d’affaire juif sioniste Robert Harush, qui a grandi à Ashkelon va dépenser une partie de sa fortune personnelle à la construction d’une mosquée à Montereau (77), une ville de banlieue parisienne. Son but: promouvoir la co-existence.


Considéré comme un “ultra-sioniste” par ses voisins, cet homme a fait fortune dans le secteur immobilier européen . Il a décidé de payer une mosquée en France et la construction d’une extension pour cette dernière.


«Je me suis dit voici une occasion de rassembler les gens et j’ai décidé de faire don de l’argent nécessaire », a déclaré Harush.


«Les gens étaient abasourdis. Que vient faire un homme juif-sioniste et israélien dans la rénovation d’une mosquée? La réponse est simple: je suis malade et fatigué de la haine. Une voix saine doit émerger. » ajoute t-il.


Harush a expliqué avoir accepter le financement de ce lieu de culte musulman afin de promouvoir la co-existence. « Ce n’est pas une entreprise à bas prix et j’y mets tout mon coeur. »


Les dirigeants de la communauté musulmane de cette banlieue française en Seine et Marne ont remercié vivement Harush pour ce qu’il fait.


En 2009 à Ashkelon, Harush avait financé une synagogue à la mémoire de son père et il travaille actuellement à mettre en place un mikvé (bain rituel juif) dans cette même ville.


“Je ne suis moi-même pas une personne religieuse, mais je pense que, en l’absence d’hommes politiques respectables, c’est aux hommes d’affaires de rassembler juifs, arabes laïcs et religieux”.


Ce millionnaire israélien, qui se dit sioniste, et construit des mosquées en France est la preuve que la tolérance n’est pas un vain mot pour les israéliens. Comme toujours, aucun média arabe n’a fait Echoc de cette nouvelle (1).Pour eux les sionistes sont forcément méchants.


Aujourd’hui je peux dire que je suis sioniste.


Ftouh Souhail, Tunis

(1) Source : www.ynet.co.il/english/articles/0,7340,L-3907600,00.html


http://www.juif.org/blogs/26191,un-milliardaire-juif-sioniste-israelien-paye-les-travaux-pour-une.php

 

 

 

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1 août 2009 6 01 /08 /août /2009 20:20
Michel Serfaty
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
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Le bus AJMF 2009

Michel Serfaty
, né le 20 janvier 1943 à Marrakech (Maroc), est un rabbin, professeur, président d'associations, et ancien sportif français.

Biographie

Il émigre en France dans les années 1960. Il est depuis 1985 le rabbin de la communauté de Ris-Orangis, dans la banlieue parisienne.

Ancien international français de basket-ball, il choisit ensuite la carrière universitaire et est aujourd'hui l'un des seuls spécialistes français de l'étude de la Massora (lexicographie hébraique). Il est aussi président de l'Amitié judéo-musulmane de France, ainsi que de l'association DPM (Déportation-Persécution-Mémoire).

Michel Serfaty est de longue date engagé dans le dialogue interreligieux, tant au plan local qu’au plan national. Professeur à l’Université de Nancy 2, il préside la commission « Relations avec les autres religions » du Consistoire de Paris.

Oeuvres

En 2002, il a publié, avec Benoît Billot et Zuhair Mahmoud, un livre à trois voix : « Le moine, l'imam et le rabbin » (Calmann-Lévy).

Projet AJMF

Le 17 octobre 2003, en fin de journée, alors qu’il se rendait à pied avec son fils Lior à la synagogue, Michel Serfaty a fait l’objet d’une agression antisémite[1]. L’auteur de cette agression et son complice ont été identifiés et mis en examen ; tous deux sont d’origine maghrébine et habitent une cité voisine, et c'est à la suite de cet événement que le Rabbin de Ris-Orangis lance le projet AJMF qui aboutira à la création de la première association judéo-musulmane de France et la réalisation de deux tours de France consacrés aux rencontres entre communautés juives et musulmanes des villes-étapes (en 2005 et 2006).

Lien externe

http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Serfaty

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14 juillet 2009 2 14 /07 /juillet /2009 09:05
Jonathan Cook - The National

NAZARETH - Les droits des enfants palestiniens sont régulièrement violés par les forces de sécurité israéliennes, selon un nouveau rapport qui affirme que les passages à tabac et la torture sont routiniers.


soldats israéliens arrêtent un enfant palestinien


En outre des centaines de mineurs palestiniens sont poursuivis chaque année par Israël sans procès décent et privés de visites de leur famille.
Les conclusions de l’association « Defence for Children International » (DCI) suivent de peu les révélations de
soldats et de hauts responsables militaires israéliens selon lesquelles c’est une « procédure normale » en Cisjordanie afin de terroriser les civils palestiniens, notamment les enfants.
Le Colonel Itai Virob, commandant la Brigade Kfir, a révélé le mois dernier que pour accomplir une mission, « l’agressivité vis-à-vis de chacun des habitants du village est habituelle ». Il ajoutait que les interrogatoires comprennent gifles, coups de poing et coups de pied.
A la suite de quoi Gabi Ashkenazi, chef des services armés, a été forcé de comparaître devant le parlement israélien pour désavouer le comportement de ses soldats. Les tabassages seraient « absolument interdits », a-t-il dit aux députés.
Le Colonel Virob a formulé ses remarques au tribunal pendant un témoignage soutenant la défense de deux soldats, notamment son commandant adjoint, accusés d’avoir battu des Palestiniens dans le village de Kaddum près de Naplouse. L’un d’eux a déclaré à la cour que « dans les FDI [l’armée], les soldats sont éduqués pour l’agression ». Le Colonel Virob est venu confirmer son observation, disant que c’était une politique visant à « troubler l’équilibre » de la vie du village pendant les missions et que la grande majorité des agressions avaient lieu « contre des personnes non impliquées »
La semaine dernière, d’autres révélations sur de mauvais traitements à des Palestiniens, dont certains n’avaient que 14 ans, ont été diffusées à la télévision israélienne, montrant le matériel recueilli par des soldats dissidents faisant partie du projet « Breaking the Silence », qui braque les projecteurs sur les brutalités de l’armée.
Deux soldats servant dans le bataillon Haroub disent avoir été témoins de passages à tabac dans une école du village cisjordanien de Hares, au sud-est de Naplouse, lors d’une opération effectuée en mars pour faire cesser des jets de pierres. Beaucoup des personnes arrêtées n’étaient pas impliquées, disent les soldats.
Au cours d’une opération de 12 heures entamée à 03 heures du matin, 150 détenus, les yeux bandés, ont été menottés dans le dos avec des liens en nylon tellement serrés que leurs mains sont devenues bleues. Les pires tabassages, disent les soldats, ont eu lieu dans les toilettes de l’école.
Selon le témoignage d’un des soldats, un garçon de 15 ans environ a reçu « une gifle qui l’a jeté au sol ». Il ajoute que beaucoup de ses camarades « donnent des coups de genou [aux Palestiniens] simplement parce qu’ils s’ennuient, parce qu’on est là pendant 10 heures sans rien à faire, alors on tabasse les gens ».
Le tableau brossé par les soldats en service confirme les conclusions de DCI, qui notait que beaucoup d’enfants étaient ramassés lors de ratissages généraux après des troubles ou lors de rafles nocturnes tardives de leurs maisons.
Son rapport inclut un choix de témoignages d’enfants qu’il représentait en 2008, dans lesquels ceux-ci décrivent comment des soldats israéliens les battent ou comment des interrogateurs les torturent.
Un garçon âgé de 10 ans, identifié comme Ezzat H, a décrit une perquisition de sa maison familiale à la recherche d’un fusil. Il dit qu’un soldat l’a giflé et battu à coups de poing pendant deux heures d’interrogatoire, avant qu’un autre soldat ne pointe une arme sur lui. « Le canon de l’arme était à quelques centimètres de mon visage. J’étais tellement terrifié que je me suis mis à trembler. Il s’est moqué de moi ».
Un autre garçon, Shadi H, 15ans, dit que lui et son copain ont été forcés par des soldats de se déshabiller, dans une orangeraie près de Tulkarem, pendant que les soldats leur lançaient des pierres. Ensuite ils ont été battus à coups de crosse.
Jameel K, âgé de 14 ans, décrit comment il a été emmené dans un camp
militaire où il a été agressé après quoi on lui a passé une corde au cou en un simulacre d’exécution.
Yehuda Shaul, de “Breaking the Silence”, dit que des soldats traitent tout Palestinien de plus de 12 ou 13 ans comme un adulte.
« Pour la première fois un soldat de haut grade [le col. Virob] nous a rejoints en soulevant cette question - même si ce n’était pas son intention - que l’usage de la violence physique contre les Palestiniens ne relève pas de l’exception mais d’une politique. Il y a quelques années, aucun officier haut gradé n’aurait eu le culot de le dire » ajoute-t-il.
Le rapport de DCI souligne également l’usage systématique de la torture par les interrogateurs de l’armée et de la police secrète, le Shin Bet, pour essayer d’arracher des confessions aux enfants, souvent dans des affaires de jet de pierres. Islam M, 12 ans, dit qu’on l’a menacé de lui verser de l’eau bouillante sur le visage s’il n’avouait pas avoir lancé des pierres, avant de le jeter dans un buisson épineux. Un autre garçon, Abed S, 16 ans, dit qu’il a eu les mains et les pieds attachés au mur d’un local d’interrogatoire en forme de croix pendant toute une journée, avant d’être mis à l’isolement pendant 15 jours.
Le mois dernier, le Comité des Nations Unie contre la Torture, un panel d’experts indépendants, a exprimé sa « profonde inquiétude » devant le traitement de mineurs palestiniens par Israël.
Selon le rapport de DCI, quelque 700 enfants sont inculpés chaque année devant des tribunaux militaires israéliens, avec des enfants de plus de 12 ans interdits de contact avec un avocat en cours d’interrogatoire.
Il ajoute que les interrogateurs ont l’habitude de bander les yeux et de menotter des enfants détenus pendant les interrogatoires et d’utiliser des techniques incluant gifles et coups de pied, privation de sommeil, détention en isolement, menaces contre l’enfant et sa famille, l’enfant étant ligoté pendant de longues périodes.
De telles pratiques ont été interdites par la Cour Suprême israélienne en 1999 mais des groupes israéliens en faveur des droits humains ont prouvé qu’elles sont toujours largement utilisées.
Dans 95% des cas, les enfants sont inculpés sur la base de confessions signées écrites en hébreu, langue que peu d’entre eux comprennent.
Une fois jugés, les enfants sont détenus, en violation du droit international, dans des prisons en Israël, où la plupart se voient interdire la visite de leur famille et où ils ne reçoivent que peu ou pas d’éducation.
« Yesh Din », un groupe israélien pour les droits de l’homme, rapportait en novembre dernier que les soldats se voient rarement infliger une mesure disciplinaire pour l’illégalité de leur conduite..

Les données de l’armée de 2000 à fin 2007 ont révélé que la police militaire n’avait inculpé des soldats que dans 78 enquêtes sur 1.268. La plupart des soldats ont reçu des sentences minimes.
Jonathan CookJonathan Cook est écrivain et journaliste basé à Nazareth, Israël. Ses derniers livres sont : Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the Plan to Remake the Middle East (Pluto Press) et Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair

Son site : http://www.jkcook.net
(Zed Books).
 
 

http://candide-exocet.skynetblogs.be/


Disappearing Palestine: Israel's Experiments in Human Despair



Disappearing Palestine: Israel's Experiments in Human Despair
Israël : Expériences sur le désespoir des Palestiniens (armes expérimentées, méthodes de guerre etc)

Israël et le clash de civilisations,

2 livres de ce grand auteur


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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 21:03


Sœur Emmanuelle  Wikipedia.org

 
Nom Madeleine Cinquin
Naissance 16 novembre 1908
Bruxelles, Belgique Belgique
Décès 20 octobre 2008 (99 ans)
Callian, France France
Nationalité Belge
Profession Religieuse catholique
Humanitaire
Distinctions Grand officier
de la Légion d'honneur


La religion, c'est l'Homme


Il ne faut pas se fier aux apparences. Cette voix rapide et flûtée, ce ton chaleureux et parfois cassant, cet esprit vif et caustique appartiennent à une jeune dame de... 86 ans. Madeleine Cinquin - soeur Emmanuelle depuis son entrée dans la communauté de Notre-Dame-de-Sion, en 1929 - a trop parcouru le monde pour s'en laisser conter. On connaît l'action qu'elle mena pendant plus de vingt ans auprès des enfants des chiffonniers, dans les bidonvilles du Caire. Quand elle se lance dans cette aventure, elle a dépassé la soixantaine et elle a, déjà, derrière elle un long parcours d'enseignante entre Turquie, Tunisie et Egypte. En 1993, elle a rejoint une maison de retraite dans le sud de la France. Mais son action au service des enfants continue en Egypte et se développe du Soudan au Brésil, grâce à l'association qu'elle a fondée (Les Amis de soeur Emmanuelle, 15, rue Chapon, 75003 Paris). Jamais en repos, elle vient de publier un livre attachant au titre qui lui ressemble: «Le paradis, c'est les autres» (1). (1) Entretiens avec Marlène Tuininga. Flammarion, 170 p., 79 F.


 

L'EXPRESS: Vous donnez l'impression d'avoir choisi la voie de l'Eglise comme d'autres, aujourd'hui, se font «French doctors».
SoeUR EMMANUELLE: Je n'ai jamais choisi la voie de l'Eglise, jamais de la vie! J'ai choisi Dieu, ce n'est pas pareil! Les structures de l'Eglise ne m'intéressent absolument pas. Lorsque j'avais 20 ans, il n'y avait qu'une voie pour servir Dieu totalement: la vie religieuse. Quand je suis entrée au couvent, en 1929, aucune de ces oeuvres humanitaires n'existait. J'avais commencé à m'intéresser à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), mais ils me faisaient remplir des dossiers... Je voulais quelque chose de plus vivant!
- Vous reconnaissez-vous dans l'engagement humanitaire actuel?
- Je ne crois pas. Même si, aujourd'hui, je n'aurais probablement pas suivi la voie que vous appelez l'Eglise, j'aurais choisi une cause et je m'y serais dévouée. Je voulais faire de ma vie quelque chose qui ne meure pas, quelque chose d'absolu, parce que j'avais le sentiment que tout passe, tout coule, et qu'au milieu il y a un être qui ne coule pas, c'est Dieu. J'ai voulu entrer dans ce fleuve très limpide qui va droit à l'essentiel: l'Homme. Et spécialement l'enfant, qui a besoin pour s'épanouir d'une main qui tienne la sienne.
- Pourquoi les enfants?
- Ce sont les êtres les plus faibles. J'ai toujours eu l'impression qu'ils m'appelaient. Ma soeur était mariée, elle avait deux enfants, elle était heureuse en ménage, mais cela ne me paraissait pas suffisant. Moi, il me fallait le monde.
- Ceux qui s'occupent des enfants ont souvent été des enfants blessés. Est-ce votre cas?
- Peut-être, après tout... J'ai perdu mon père quand j'avais 6 ans et je crois que j'en suis encore marquée. Cela a produit, chez moi, une sorte de trou, de manque, d'appel à ce qui ne meurt pas, à ce qui ne disparaît pas. La relation qu'on établit avec Dieu peut d'autant plus apparaître comme une réponse à cela qu'elle traverse toutes les dimensions. Elle est constante, verticale et horizontale, car on trouve aussi Dieu dans les êtres. Et particulièrement chez les enfants, victimes, comme j'en ai trop vus, de la famine ou de la société.
- Votre désir d'absolu, était-ce le besoin de rompre avec la vie bourgeoise?
- Plutôt l'envie de couper avec la fascination pour la bagatelle: ce qui brille, ce qui est amusant, ce qui est «un peu champagne». A 20 ans, j'avais la passion de vivre. Je n'ai pas goûté à tout parce que, heureusement, ça ne se faisait pas à l'époque. Je n'étais jamais satisfaite. Je voulais toujours une belle toilette, un bijou de temps en temps, une soirée au théâtre ou au cinéma, un séjour en Angleterre. Jamais ce sentiment d'insatisfaction ne me quittait. J'oscillais comme un pendule entre le Seigneur et les plaisirs. Je me suis dit: je ne peux pas continuer, allez hop! je m'en vais pour être enfin libre. Les voeux monastiques me libéraient de tout. Encore mon goût pour la bagatelle ne m'a-t-il pas quittée: il y a quelques jours, j'ai fait arrêter un ami devant... une vitrine de chapeaux. Et ce manteau de vison, à Bruxelles, l'autre fois, à l'aéroport: je suis restée plantée à le regarder et à le caresser pendant que tout le monde me cherchait! Heureusement que je ne me suis pas mariée, j'aurais coûté cher à mon mari.
- Choisir l'amour du genre humain, n'est-ce pas refuser d'aimer une seule personne?
- Sans doute. Quand j'étais professeur, un de mes collègues me plaisait énormément. Pour une religieuse, cette situation est plus simple à résoudre que pour un prêtre: on peut toujours écrire à Rome pour être délivrée de ses voeux. J'avais entre 30 et 40 ans - âge redoutable pour les femmes, dit-on. Le choix n'a pas été facile.
- Comment peut-on être religieuse sans être mystique?
- Le mysticisme recouvre l'invisible, qui devient visible. Moi qui suis très concrète, j'ai toujours un peu peur d'une exaltation; j'aurais l'impression de me tromper moi-même.
- Avez-vous pris la place de ces missionnaires dont, enfant, la vie a inspiré votre vocation?
- Je n'ai pas été rôtie et mangée comme eux! Je n'ai jamais éprouvé les risques ni les souffrances des premiers missionnaires d'Afrique. On dit que j'ai vécu au péril de ma vie chez les chiffonniers du Caire, mais c'est faux! J'ai tout de suite été vraiment très aimée par eux. Je n'ai souffert ni de la peur ni de la faim.
- Quel est l'avenir de leurs enfants?
- C'est trop tôt pour le dire. Quand je suis arrivée, en 1971, les parents refusaient que leurs enfants s'instruisent. Il a fallu que nous construisions des écoles en plein bidonville pour les arracher à leur sort. Dans ces années-là, ces petits étaient si sauvages que les maîtres n'en voulaient pas. Il faudra attendre une génération pour savoir comment ces enfants vont évoluer.
- Votre dernier combat, c'est le Soudan. Le responsable de votre association a été jeté en prison là-bas...
- C'était l'an dernier. J'ai dû demander à ma provinciale l'autorisation d'y aller. J'ai fait prévenir l'ambassadeur de France que j'allais demander un audience au chef religieux Hassan el-Tourabi, que je connais personnellement, pour lui parler de l'affaire. Ce seul message a suffi pour que notre représentant, Kamal Tadros, un diacre de l'Eglise catholique, soit libéré... Il s'occupe de nos 80 écoles de bambou et de roseaux réparties dans les camps de réfugiés autour de Khartoum, où l'on prend en charge - pour 25 dollars par an et par enfant - la scolarité et la nourriture. Etait-ce par affection pour moi ou pour éviter la médiatisation? Je n'en sais rien.
- Craignez-vous l'expansion de l'islam politique?
- Je ne m'interroge pas sur l'islam politique. Je m'intéresse aux gens. Je connais le problème en Egypte. L'Egyptien n'est pas un fanatique, mais il est très fanatisable. Si on donne 100 dollars à un pauvre homme en lui disant qu'il doit jeter deux bombes au nom d'Allah, il croira qu'il accomplit un acte magnifique. Les femmes reçoivent de l'argent pour acheter le voile. Leur nombre est incalculable, alors qu'il y a dix ans les femmes voilées n'étaient qu'une poignée.
- Les femmes souffrent-elles plus que les hommes de l'islamisme?
- Pendant mes trente années de présence, je n'ai pas réussi à faire évoluer leur situation. Elles sont considérées commes des esclaves, mariées à 12 ans, battues comme plâtre, résignées... Nous aboutirons quand les petites filles que je suis arrivée à faire scolariser à force de luttes seront plus nombreuses.
- Et continueront à avoir dix enfants comme avant?
- Certainement pas. J'ai beaucoup travaillé là-dessus. J'ai tout essayé, mon Dieu, qu'est-ce que je n'ai pas fait! J'ai vu des femmes allaiter un enfant à chaque sein en étant enceinte d'un troisième... Moi, je suis catholique, apostolique et romaine, je ne veux pas être active dans le domaine de la contraception, en m'opposant au pape. Mais les chiffonniers sont des chrétiens coptes, comme leurs médecins. J'ai cheminé avec eux.
- Peut-on continuer à dire, comme le pape l'a fait en Afrique, que l'usage du préservatif est hérétique?
- On m'a raconté qu'un missionnaire africain, de passage à Rome, lui avait demandé, un peu gêné, ce qu'il devait faire des tonnes de préservatifs qu'il s'apprêtait à emporter là-bas. Le pape lui a dit: «Mon fils, marchez avec votre conscience...» Le pape ne peut pas dire dans une encyclique qu'il est permis d'utiliser le préservatif, parce qu'alors c'est fini. Mais, dans le cas d'un village où 80% des gens sont malades, le pape ne dira rien...
- Dans ce cas, pourquoi le dire «en général»?
- Un jour on comprendra qu'il est le seul du monde à dire cela. La société est tellement obsédée par tout ce qui est sexuel qu'il semble que la vie de l'homme se résume à s'amuser sans avoir d'ennuis. Le pape, lui, dit qu'il faut être heureux le plus possible. C'est une culture de vie qu'il propose. Le bonheur, ce n'est pas de commencer à coucher à 13 ou 14 ans. Le pape n'est pas contre le préservatif - moi non plus - mais il est pour diminuer la nécessité du préservatif. Il faut, comme l'a dit l'abbé Pierre, un peu plus de fidélité pour qu'il y ait un peu moins de sida. C'est là-dessus qu'il faut prêcher. Sur les cas limites, tout le monde est d'accord. On n'est pas des imbéciles, on ne veut pas que tous les hommes meurent!
- Jacques Gaillot dit cela bien haut. Est-ce un crime de lèse-Eglise?
- Il n'a rien fait contre l'Eglise: c'est vous, les journalistes, qui l'avez manipulé. Je le connais, j'ai été invitée à sa table. Je l'ai beaucoup apprécié.
- Avec plus de religieux comme vous ou d'évêques comme Gaillot, y aurait-il plus de vocations et la religion serait-elle plus attirante?
- Je ne sais pas. La crise des vocations est moins forte dans les ordres cloîtrés. Actuellement, les jeunes ont une faiblesse: ils ne savent pas s'engager pour la vie. Or le prêtre doit gérer le célibat pour la vie. Ce n'est pas simple. Et la jeune fille, si elle est religieuse, c'est aussi pour la vie.
- Et si on ordonnait des hommes mariés?
- Ça viendra. En Egypte, j'assistais à la messe dite par des Syriens libanais de l'Eglise orientale: c'étaient des hommes mariés. Dans la communauté charismatique de l'Emmanuel, des jeunes filles sont consacrées pour un an: si elles veulent se marier ensuite, c'est possible.
- Est-on aussi tolérant que vous dans l'entourage du pape?
- La curie romaine n'est pas éternelle, le pape non plus. Moi, je suis plutôt pressée, mais la vie m'a appris que c'est une grande erreur. Je ne suis pas inquiète. J'ai vu l'Eglise à travers bien des pays, celle dont on ne parle pas, et qui est formidable.
- Est-ce plus facile d'agir au nom de Dieu qu'au nom des hommes?
- Je n'agis pas au nom de Dieu, moi. Religieuse, je dois être ouverte, fraternelle, simple. Pour moi la religion, Dieu, c'est l'Homme. Ce qui m'intéresse, c'est: «Que fais-tu, toi, pour les autres?» et non: «Vas-tu à la messe tous les dimanches?».
- Vous connaissez la question de Bernard Pivot: «Quand vous arriverez devant Dieu, qu'aimeriez-vous l'entendre vous dire?»
- Est-ce que tu m'as aimé? Est-ce que tu as aimé l'Homme? Qu'as-tu fait sur terre?
- Avez-vous attendu la mort toute votre vie, comme l'abbé Pierre?
- Non, moi, j'ai envie de vivre, mais je serai très contente le jour où je mourrai. J'aime beaucoup de choses dans la vie. Comme les glaces à la vanille; ça amuse quand je dis cela. Sur son lit de mort, François d'Assise demandait un peu de frangipane. C'est très humain, non?

PHOTO: SOEUR EMMANUELLE


http://www.lexpress.fr/informations/la-religion-c-est-l-homme-l-express-va-plus-loin-avec-soeur-emmanuelle_608610.html

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 20:24




Entretien avec
soeur Emmanuelle

Soeur Emmanuelle s’exprime sur le sens de la vie, la souffrance et la mort. "Si tu veux vivre, tu dois aimer", dit-elle.

Par Annie Jeanneret

Annie Jeanneret

http://www.buddhaline.net/spip.php?article101




Sœur Emmanuelle (1908)

 

Annie Jeanneret.- Vous avez dit, un jour, aimer beaucoup cette phrase d’un poète persan du Ville siècle, Shiab Istari : "Fends le coeur de l’homme, tu y trouveras un soleil !" J’aime en effet beaucoup cette phrase, car elle s’applique très exactement à ce que je vois autour de moi. Il est étonnant, voyez-vous, d’être en relation avec des femmes, des hommes, des jeunes, des enfants, et de voir à quel point le soleil fuse dès qu’on arrive à entrer plus profondément, préci-sément, dans le coeur de ces gens-Ià. Il suffit de faire un petit trou, une petite fente et, tout de suite, le rayon de soleil apparaît !

Soeur Emmanuelle.-

Le sourire n’est-il pas lui aussi l’une de ces « petites fentes » ?

Exactement ! Chaque année, lorsque j’envoie des calendriers, j’écris au-dessus une petite phrase, comme : "Donne chaque jour ton sourire !"

Et Dieu sait que vous donnez généreusement le vôtre, avec tout l’amour et l’écoute qu’il exprime... Mais derrière ce sourire, cette joie de vivre, quel est le fond de votre caractère ? Et est-ce le fait d’être religieuse, d’avoir la foi et d’avoir mené cette vie consacrée totalement aux autres, qui vous permet d’être apparemment dénuée de défauts ?

Dénuée de défauts ? Oh non, pas du tout ! J’en ai des tas, naturellement, et je ne suis pas du tout une sainte âme, moi ! Comment vous expliquer ? Je connais des personnes vertueuses, que j’admire beaucoup : où qu’elles soient et quoi qu’elles fassent, elles y mettent toujours, précisément, un cachet de vertu admirable. N’oublions pas que virtus, en latin, veut dire « force » !

Moi, je ne suis pas du tout comme ça ! Quant à ma joie de vivre, je crois que c’est l’amour -l’amour du Christ -, cette relation que Dieu m’a permis d’avoir avec Lui, avec ce Fils bien-aimé, depuis l’âge de douze ans, qui me porte. C’est une relation quotidienne, une méditation sur l’Evangile, sur des passages de la Bible, des grands prophètes (Hoshé, par exemple, prophète de l’amour), qui m’ont fait comprendre le sens de la vie : si tu veux vivre, tu dois aimer !

Il n’y a pas de problème  ! Le seul problème, c’est. . . aimer ! Nous connaissons tous, par exemple, des femmes qui passent des heures et des heures, des nuits entières, auprès d’un être cher, mangeant et dormant à peine : et elles tiennent le coup ! Pourquoi ? Parce qu’elles aiment ! Comme il est dit dans L’Imitation de Jésus-Christ : « L’amour court, vole, ne s’arrête à rien, n’est jamais fatigué. » Pourquoi ? Parce qu’il possède en lui une force, un souffle qui l’emporte : c’est son moteur !

Pendant de longues années, vous avez mené, au Caire, avec vos chers chiffonniers, une vie plus que spartiate, au milieu des ordures, des insectes, des rats : est-ce l’amour qui est en vous et que vous leur apportiez, qui vous y a aidée ?

Remettons ce passé au présent, si vous le voulez bien, car cette longue partie de ma vie passée avec mes chiffonniers est en moi, toujours si présente. Vous dites que je leur ai apporté, que je leur apporte l’amour ? Mais eux aussi, ils m’apportent l’amour ! C’est un va-et-vient : il n’y a pas que moi qui aime, je suis aimée !

C’est précisément cette relation d’amitié toute simple mais quotidienne qui fait que la partie matérielle m’intéresse beaucoup moins. Des rats ? C’est évident : avec les rats, nous dormons presque ensemble ! Une fois, je me suis réveillée et je me suis aperçue qu’un rat... avait dormi avec moi ! Il avait même laissé sa carte de visite, sous forme de petites crottes, et il avait eu faim, le pauvre (ce qui est étonnant, car ils sont bien nourris, chez nous, avec toutes ces ordures !). Alors, il avait mangé un petit bout du drap de mon lit. Eh bien, ce n’est pas un drame !

Après quoi, je me lève, je vais voir mes sœurs chiffonnières, nous nous asseyons par terre, au milieu des ordures : pas de problème ! Et fraternellement, nous buvons ensemble un verre de thé. J’écoute leurs difficultés, elles me racontent comment elles ont été battues, la veille, par un mari qui avait bu cet alcool frelaté, épouvantable, et combien il ne savait plus ce qu’il faisait. . .

Alors vous pensez bien que l’histoire de mon rat-qui-m’a-Iaissé—quelques-crottes-comme-carte-de-visite devient tout à coup risible, sans importance !

Risible, dérisoire, en effet... Mais notre vie ne nous apparaît-elle pas, bien souvent, à la fois dérisoire, à l’image de ces petites visites de rats, et primordiale, comme le laisse entendre saint Augustin, que vous aimez citer ?

C’est un petit enfant qui, sur une plage, essaie de « verser la mer », dans un trou creusé dans le sable, en utilisant un simple coquillage. Vous nous confiez alors : « Je suis comme ce petit enfant. Saint Augustin y voyait le symbole du cerveau de l’homme, incapable, quels que soient ses efforts, de contenir l’immensité de Dieu. C’est vrai, mais j’y vois aussi le symbole de l’océan de la misère humaine, que nous n’arriverons jamais à écoper complètement. Mais, comme ce petit enfant, je continuerai, jusqu’à ma mort, à offrir mon coquillage pour y transvaser quelques gouttes et sauver les pauvres de la marée ! »

Je ne me rappelais pas avoir dit cela ! Ce n’est pas mal, en effet ! Mais, et pour être plus sérieuse... c’est cela, évidemment ! C’est un problème terrible que cet océan de souffrance, de misère, de mort, que j’ai rencontré au Liban, en Egypte -un peu moins en Egypte qu’ailleurs, car on n’y meurt pas de faim, bien que la vie y soit très dure -, et il est vrai qu’on se sent impuissant.

Mais je crois en Dieu, et si je n’y croyais pas, si je ne croyais pas que Dieu est amour, et que Dieu a un faible pour les pauvres, pour ceux qui souffrent, si je ne croyais pas possible, après ce combat qui doit être le plus dur, de marcher avec eux, debout, dans la vie (même si nous n’arrivons pas à être tous debout comme je voudrais que tous le soient). . . alors je ne croirais pas non plus qu’il y ait une autre justice. Eh bien, j’y crois, à cette autre justice, et je crois qu’il y a une autre vie et que le Vendredi saint prépare Pâques !

Vous êtes religieuse, vous êtes une femme de foi, mais nous n’oublions pas que vous avez été professeur de philosophie, que vous êtes aussi une intellectuelle et que vous avez le sens, l’art, des formules claires et poétiques. Permettez-nous de citer cette définition que vous donnez du mot vivre  : « Vivre, c’est avoir une double relation : verticale, vers Dieu, horizontale, avec les hommes, nos frères.

Vivre, ce n’est pas cheminer tout seul, c’est progresser en cordée. La vie, c’est ce va-et-vient de mains qui se tendent, qui se serrent, qui s’agrippent, cet échange de regards, de paroles, de sourires, d’appels, de cris, qui créent entre les hommes des liens d’une solidité incomparable : cette sorte de respiration collective, ce souffle qui passe d’une bouche à une autre bouche, cette force qui passe d’un coeur à un autre coeur. »

Oui, en effet, je crois que c’est la relation qui fait la vie ! Nous vivons (je continue à parler au présent, vous voyez !) beaucoup plus chez les chiffonniers que dans nos grandes villes d’Europe, où les individus marchent côte à côte parfois sans même se regarder, sans s’écouter, sans se sourire, dans les métros ou dans les trains. . .

Chez nous, ce n’est pas possible ! D’abord, nos maisons ne sont pas de beaux immeubles mais de pauvres cabanes de tôle, évidemment les unes à côté des autres, et l’on entend presque tout ce qui se passe d’une cabane à l’autre, les portes étant toujours ouvertes.

Nous avons donc une relation constante, et c’est ce regard, cette écoute, ce sourire, cette main qui se tend, ces pas les uns à côté des autres (non pas en solitaires mais en cordée), c’est tout cela -parce que c’est cela, l’homme- qui fait que nos chiffonniers sont plus heureux dans leurs bidonvilles misérables, au milieu des ordures, des porcs, des rats, que les gens qui habitent les plus beaux immeubles de Paris, de Londres ou de Washington !

On peut donc être heureux dans des conditions aussi misérables ?

Oui, je le crois sincèrement ! Car enfin, qu’est-ce, pour l’homme, que le bonheur ? Ce n’est pas le plaisir, ce n’est pas de manger des choses excellentes, d’être toujours par monts et par vaux pour aller s’amuser à droite et à gauche, danser, etc. Tout cela n’est pas mal, bien sûr, mais ne remplit pas le coeur de l’homme. On assouvit pour un moment quelques instincts naturels, normaux, qui n’ont pas à être critiqués, par le fait... Mais après ? Après, il y a toujours ce même vide, ce tonneau des Danaïdes qui est percé par son fond : vous pouvez y verser tous les plaisirs du monde, votre tonneau restera toujours vide !

Chez nous, au contraire, nous avons gardé le sens de la famille. Chez nous, on se marie encore et on a des enfants (et même parfois trop, malheureusement, mais c’est une autre affaire), et cette relation d’amour et d’amitié, qui est le substrat de la vie quotidienne, donne à celle-ci une saveur que l’on a beaucoup perdue en Europe et en Amérique !

Vous avez longtemps consacré votre vie à résoudre ces problèmes quotidiens de la misère, oubliant que vous étiez aussi une intellectuelle. Vous avez même brûlé vos cahiers sur lesquels vous notiez vos réflexions philosophiques ou poétiques. Pourtant, vous avez gardé précieusement une lettre à Marguerite Yourcenar, qui éclaire bien votre pensée pour ceux qui vous considèrent essentiellement comme une femme d’action.

C’était en 1979 et voici ce que je lui disais.

Ma chère Marguerite,Marguerite Yourcenar vous a répondu et l’on sait qu’elle parlait de vous avec beaucoup d’estime, et même d’admiration. Cet échange ne s’est-il fait que par correspondance ?

Si, durant ma vie de professeur de lettres, j’ai toujours beaucoup lu, depuis ces années de partage avec les chiffonniers, je ne me sens plus le devoir de me tenir au courant de la littérature moderne : ma vie auprès de mes frères du bidonville est tellement enrichissante qu’elle est même arrivée à atténuer mon goût passionné de la lecture.

Mais votre livre -qui m’a été donné par un jeune ami, BenoÎt Lambert-, ma chère Marguerite, a été pour moi un mets de choix que j’ai savouré, le lisant et le relisant sans me lasser, ouvrant parfois une page au hasard et m’enchantant de la phrase balancée, des termes faisant saillir l’objet et jaillir la pensée jusqu’à sa profondeur la plus secrète.

J’ai lu tout genre d’ouvrages depuis une cinquantaine d’années : littérature, philosophie, arts et sciences, religion et théologie, que j’analysais dans des milliers de pages. Mais aucun ne m’a apporté un tel enrichissement par l’analyse de la matière et du déroulement - je voudrais même dire de l’enroulement de la pensée, escalier en spirale qui s’enfonce de plus en plus loin dans L’Inconnaissable du Philosophe de Rembrandt.

Vous avez conçu l’ébauche de Zénon, dites-vous, dans votre jeunesse. Mais chaque page porte maintenant la frappe d’une synthèse de connaissances et d’une philosophie de l’Homme qu’on ne peut réaliser que dans l’âge mûr. Cette magistrale recherche de Zénon rejoint le mythe de Prométhée, de Sisyphe : l’humanité qui reprend à chaque siècle le tragique destin -avec une psychologie inégalée par la Genèse. La Genèse : si vous mangez du fruit de l’arbre de la science du Bien et du Mal, vous serez comme des dieux I Ils en mangèrent et se virent nus. Et l’ange les chassa du Paradis. Sous ces symboles, toute l’histoire de Zénon et de tant d’autres. Et la mort entra dans le Monde. . . Ce qui manque, disait Bergson (je l’avais au programme de Sorbonne, avec Pascal et Descartes), c’est un « supplément d’âme »...

 

Oui, car je n’ai jamais eu l’honneur de la rencontrer. Elle m’a parlé de cette « angoisse grandissante devant le désarroi à peu près irrémédiable du monde et de la capacité de l’homme à infliger la souffrance à tout ce qui vit, y compris, d’ailleurs, à soi—même » et elle a ajouté : « ... Votre réussite à rebours, triomphalement détachée des conventions, qui semble avoir été votre vie : j’admire les renonçants, qui du reste ne renoncent à rien, car ils savent le peu de prix de ce qu’ils ont quitté ! »

Marguerite, évidemment, était très profonde, et nous pouvions nous comprendre : sa recherche a toujours été du côté de ce qu’il y a de plus authentique dans le coeur de l’homme. Peut-être cette recherche ne l’a-t-elle pas amenée jusqu’au dépassement total de tout ce qui est philosophie, intellectualisme.

Comme disait Pascal, il faut s’abêtir parfois, pour trouver Dieu, car notre intelligence est trop remplie de tout ce que nous y mettons lorsque nous nous cherchons nous-mêmes ! Nous voilà de retour à saint Augustin ! C’est l’océan de Dieu, que nous ne pouvons pas faire entrer dans la coquille de notre cerveau. Et c’est là que les plus grandes intelligences de notre siècle ont peut-être une connaissance de l’homme, et une connaissance de Dieu, bien moindre que celle de certains de nos chifonniers !

À propos de vos chiffonniers, justement, Marguerite Yourcenar ajoutait : « Je me demande s’ils ne vous ont pas prouvé l’immuabilité de la nature humaine, pareille, en somme, à celle que vous aviez laissée derrière vous en France et à l’Université, avec, peut-être, quelques clichés de moins ! »

Elle a vu tout à fait juste : j’ai été tellement enrichie par cette relation quotidienne avec mes soeurs et mes frères du bidonville ! Je crois qu’ils m’ont plus appris et plus donné que j’ai pu, moi, leur apprendre et leur donner. . .

Vous avez noté au cours de ces années quelques réflexions, peu nombreuses il est vrai, mais pour nous si frappantes. Parmi elles : « L’âme aspire de plus en plus vers l’autre rivage et la terre s’estompe », et surtout « J’ai perdu l’Avoir, j’ai gagné l’Etre. »

Il est vrai que j’ai dû être très active pour marcher avec mes frères et mes soeurs, mais j’ai toujours pris un temps de silence dans la journée ; car la règle religieuse de Notre-Dame-de-Sion me demande de rester chaque jour, pendant une heure, en silence, en méditation, en relation directe avec Dieu. Relation qui est aussi directe, bien sûr, avec ces frères et ces soeurs. Quand on aime, en effet, on a besoin de temps en temps de rester en silence seule avec celui qu’on aime. Alors, je suis avec le Christ, je suis avec le Père, sous le souffle de l’Esprit, avec la Vierge. Cette heure quotidienne m’est d’un prix incomparable parce qu’elle est ma source (avec l’eucharistie quotidienne vers laquelle je vais depuis l’âge de douze ans), et c’est cela qui me permet chaque fois de rebondir, d’être de nouveau remplie de cet amour du Seigneur pour mes frères et mes soeurs.

De plus, chaque année, je me suis toujours réservé quelques jours de totale solitude. Quant au dimanche matin, je l’ai toujours consacré à l’approfondissement de la Bible.

Tout cela, c’est la vie, c’est vivre !

Qu’est-ce alors que mourir, pour vous ?

Pour moi, vivre et mourir sont les deux aspects d’une seule réalité car, comme je vous le disais au début de notre entretien : « Le Vendredi saint prépare l’éclatement de Pâques », et c’est parce que le Christ est mort qu’il a pu ressusciter !

Mais croyez-vous qu’il y ait également autre chose après la mort, pour chacun d’entre nous ?

Je crois, je suis sûre, qu’il y a autre chose ! Je crois à la résurrection de la chair et je crois à la vie éternelle. Et je suis sûre que nous ne sommes pas des bêtes que l’on jette dans un trou avec de la terre par-dessus ni, comme dit Pascal, que « la comédie est finie » !

Pensez-vous souvent à la mort et à la vie éternelle ?

J’ai accroché au mur la reproduction d’une toile de Fra Angelico que je regarde chaque soir avant de m’endormir. C’est La Ronde des élus, une des peintures que j’aime le plus. On y voit, autour d’une prairie émaillée de fleurs multicolores, un ange et un homme qui dansent ensemble. Ils font une ronde, et cette ronde se dirige vers les hauteurs. Vers la fin de la ronde, un homme et un ange entrent dans un rai de lumière : ils montent vers la lumière de Dieu, la lumière éternelle, la seule qui n’ait jamais de couchant.

Cette ronde, qui semble représenter la mort, c’est aussi le symbole de la vie ?

Mais oui ! Cette ronde, c’est la vie ! Et je suis vraiment persuadée que la vie est une danse ! Parfois, comme au Moyen-Âge, c’est « la danse macabre », c’est vrai. . . II y a la douleur et la misère -vous en avez parlé-, il y a la souffrance.

Mais cette danse avance, elle monte, et nous dansons, nous montons en cordée, hommes avec les hommes, anges avec les hommes. Car les anges nous aident, j’y crois profondément, et je sais que j’ai moi-même un ange qui m’aide, chaque jour, à aimer.

Dans cette peinture de Fra Angelico sont ainsi mêlés la vie, la mort, l’amour et surtout la lumière-symbole ?

La Ronde des élus est toujours, pour moi, une lumière, en effet ! Et je me dis : voilà, j’arrive à la fin de ma vie, donc la ronde va se terminer. . . Dans un sens, je vais lâcher la main de mes soeurs et de mes frères qui sont sur la terre, mais pour quoi vais-je la lâcher ? Je pars dans la lumière, je pars en éclaireuse ! Je pars pour continuer à les aimer, dans la lumière du Seigneur. Je pars donc en continuant à les aimer. Car, dit la Bible : l’amour est plus fort que la mort

et les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour.

Association LES AMIS DE SOEUR EMMANUELLE, 26, boulevard de Strasbourg, 75010 PARIS

Interview extraite du livre Partager l’essentiel , publiée avec l’aimable autorisation des éditions Dangles.

Mai 1999

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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 14:04





François Marie Arouet, dit Voltaire

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Puissent les hommes
se souvenir
qu'ils sont frères

Voltaire

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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 01:47

 

Hélder Câmara

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Prière (Helder Camara)


Pour garder l'espérance envers et contre tout !



Prière de Carême
      

Je crois en Dieu, Père et Mère de tous les êtres humains
         Et qui leur a confié la terre.

Je crois en Jésus-Christ qui est venu pour nous encourager et pour nous guérir,
        Pour nous délivrer des puissances et pour annoncer la paix de Dieu avec humanité.

          Il s'est livré pour le monde. Il est au milieu de nous, ce Seigneur vivant.

Je crois en l’Esprit de Dieu qui travaille en toute personne de bonne volonté.

Je crois en l'Église donnée comme un signe pour toutes les nations,
         Armée de la force de l'Esprit et envoyée pour servir l’humanité.

Je crois que Dieu, à la fin, brisera la puissance du péché en nous et en tout être humain.

Je crois que l’homme vivra de la vie de Dieu pour toujours.

Je ne crois pas au droit du plus fort, au langage des armes, à la puissance des puissants
 
Je veux croire aux droits humains, à la main ouverte, à la puissance des non-violents.

Je ne crois pas à la race ou à la richesse, aux privilèges, à l’ordre établi.

Je veux croire que tous et toutes sont des personnes humaines
         Et que l’ordre de fa force et de l’injustice est un désordre.

Je ne croirai pas que je n'ai pas à m'occuper de ce qui arrive loin d'ici

Je veux croire que ce monde entier est ma maison

         Et que tous moissonnent ce que tous ont semé.

Je ne croirai pas que je puisse là-bas combattre l’oppression si je tolère ici l’injustice.

Je veux croire que le droit est un, ici et là,
         Et que je ne suis pas libre tant qu'une seule personne est esclave.

Je ne croirai pas que la guerre et la faim soient inévitables et la paix inaccessible.

Je veux croire à l’action modeste, à l’amour aux mains nues et à la paix sur terre.

Je ne croirai pas que toute peine est vaine.

Je ne croirai pas que le rêve de l’être humain restera un rêve et que la mort sera la fin.

Mais j'ose croire, toujours et malgré tout à l’homme nouveau.

J'ose croire au rêve de Dieu même :
         Un ciel nouveau, une terre nouvelle où la justice habitera.


 D'après Don Helder Camara qui fut archevêque de Récife, au Brésil.


http://alainindependant.canalblog.com/archives/2008/09/20/10516027.html

 

http://r-sistons.over-blog.com/article-22992573.html







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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 23:36

 

 

Abd el Kader al Djazaïri (1808-1883)

 

 

L'homme qui appela au djihad contre l'agression étrangère,
c'est aussi celui-là même qui sut chanter l'amour;
et l'amour proclamé par l'émir c'est l'amour de Dieu,
l'amour du prochain, l'amour de la vie, l'amour de l'humanité
mais aussi l'amour paternel et l'amour sentimental.
N'écrit-il pas ces vers qui rappellent le mystique Ibn Arabi.

. . . Je professe la religion de l'amour
Et quelque direction que prenne ma monture
L'amour est ma religion et ma foi ...

 

http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/emir_abdelkader.htm




Grandes figures. Découvrir :

Abd el Kader al Djazaïri (1808-1883)
Un mystique ?
La religion de l'Amour ?
Djihad défensif
Il sauva des Maronites et des Européens




L'homme qui appela au djihad contre l'agression étrangère, c'est aussi celui-là même qui sut chanter l'amour; et l'amour proclamé par l'émir c'est l'amour de Dieu, l'amour du prochain, l'amour de la vie, l'amour de l'humanité mais aussi l'amour paternel et l'amour sentimental. N'écrit-il pas ces vers qui rappellent le mystique Ibn Arabi.

. . . Je professe la religion de l'amour
Et quelque direction que prenne ma monture
L'amour est ma religion et ma foi ...

L'émir Abd el-Kader (1808-1883), héros de la lutte algérienne contre la colonisation française au XIX°siècle, a depuis jeudi une place à son nom à Paris dans le Vème arrondissement non loin de l'Institut du Monde arabe et de la Grande Mosquée.

En présence d'un des arrières petit-fils de ce grand combattant, penseur musulman et humaniste qui organisa un Etat arabe fondé sur l'islam, le maire de Paris Bertrand Delanoë a salué «un personnage magnifique» à travers lequel la capitale veut «rendre hommage au peuple algérien».

Cette place, située au croisement des rues Poliveau, des Fossés Saint-Marcel et Geoffroy Saint-Hilaire, permet d'inscrire le nom de ce «nationaliste algérien (...) dans l'éternité de Paris», a-t-il ajouté. C'est le 16 mai que le Conseil de Paris a décidé de ce geste qui prend une importance toute particulière au moment où Alger exige de la France une «repentance» pour la colonisation. Paris compte deux autres lieux portant les noms de grands dirigeants du Maghreb: la place Mohammed V, l'ancien roi du Maroc, inaugurée en 2002, et l'esplanade Habib Bourguiba, le leader de l'indépendance tunisienne, inaugurée en 2004.

Né à La Guetna, près de Mascara, en mai 1808, alors que l'Algérie est ottomane, l'Emir Abd el-kader a reçu une solide éducation scientifique, philosophique et religieuse. Dès 1832, après le départ du dey d'Alger, il conçoit, puis fonde un Etat en Algérie, et conduit le combat contre le colonisateur français. Bien que désigné en 1834 «sultan des Arabes», ce n'était pas un homme de pouvoir, et il refusa la fonction de vice-roi que l'empereur Napoléon III voulut lui donner pour la partie non-ottomane du Proche-Orient.

En 1831, la transformation de la plus grande mosquée d'Alger en cathédrale le révolta. La violence contre le vaincu lui faisait horreur. «Tout Arabe ayant un Français ou un chrétien en sa possession est tenu pour responsable de la façon dont il est traité [...]. Au cas où le prisonnier se plaindrait du plus petit sévice, l'Arabe qui l'a capturé perdrait tout droit à récompense», disait-il. Vaincu en 1847, après des combats terribles en 1845 contre les troupes du maréchal Thomas-Robert Bugeaud, il est interné en France, alors que son ennemi, le duc d'Aumale, qui se glorifiait d'avoir détruit sa «smala» (ensemble des tentes d'un chef combattant, avec ses soldats et ses richesses) lui avait promis la «terre d'Islam».

Il demeure à Toulon - où il dispose aussi d'une rue, octroyée sous Vichy, en 1942 -, Pau, puis Amboise, où il approfondit ses liens avec les intellectuels français. Sans rien renier de lui-même, il devient alors l'ami de la France. Napoléon III, qui le respecte et dont il devient l'ami, le libère.En 1853, Abd el-Kader se retire en Turquie puis en Syrie, où, en 1860, il sauve les chrétiens du massacre et lance un dialogue interreligieux, aux accents très modernes. Il meurt à Damas le 25 mai 1883.

L'enseignement de l'émir est un modèle de tolérance : tout individu en prière, qu'il soit juif, musulman, chrétien ou même idolâtre prie un seul et même Dieu unique. C'est la théorie du wahdat al-wujud, de l'unicité absolue de l'essence divine, qu'il développe notamment dans son œeuvre majeure, Kitâb al-mawâqif (Le Livre des haltes, des stases, des états et des étapes) : "Dieu est l'essence de tout adoré et tout adorateur n'adore que Lui." Mais il va plus loin encore qu'aucun homme de foi ou de religion avant lui : toutes les prières, enseigne-t-il, s'adressent au Dieu unique, seule la forme diverge car chaque peuple a reçu la parole divine selon le mode spécifique qui lui correspondait :


Pour qui le veut le Coran [...]
Pour qui le veut la Torah
Pour tel autre l'Évangile
Pour qui le veut mosquée où prier son Seigneur
Pour qui le veut synagogue
Pour qui le veut cloche ou crucifix
Pour qui le veut Kaaba dont on baise pieusement la pierre
Pour qui le veut images
Pour qui le veut idoles
Pour qui le veut retraite ou vie solitaire
Pour qui le veut guinguette où lutiner la biche.


L’éducation religieuse qu’il reçut fit de lui un musulman mystique et un théologien. Mais les circonstances le transformèrent en guerrier. Devenu soldat pour défendre la terre d’Islam, sa tentative de créer un État indépendant devait laisser un souvenir prestigieux: il est célébré aujourd’hui comme le fondateur de la nation algérienne.
Proclamé "sultan des Arabes" par quelques tribus de l’Oranie le 22 novembre 1832, Abd el-Kader s’imposa par une victoire sur les milices de l’ancien bey turc et mena avec bravoure, pendant quinze ans, la guerre sainte contre les Français. Jusqu’en 1838, toutefois, ceux-ci l’aidèrent à asseoir sa souveraineté sur les deux tiers de l’Algérie. Les généraux français, Desmichels puis Bugeaud, après l’avoir combattu, crurent devoir négocier avec lui dans l’espoir d’instaurer un protectorat.
Abd el-Kader en profita pour étendre son autorité dans les provinces d’Oran, d’Alger, du Titteri et jusque dans le Constantinois et organiser un État arabe. Les fondements en furent essentiellement islamiques et les dirigeants recrutés parmi l’aristocratie religieuse, ce qui entraîna l’opposition de la noblesse d’origine militaire, les jawada , et la méfiance des tribus kabyles, jusque-là quasi indépendantes. Abd el-Kader commença pourtant à unifier son État en supprimant la distinction traditionnelle entre tribus makhzen privilégiées et tribus sujettes exploitées, puis en percevant partout comme impôt la zakkat (dîme coranique). Il le fortifia en le dotant d’une armée de 10 000 volontaires rétribués, d’une ligne de places fortes et d’une capitale, Tagdempt.
Lorsqu’il crut que le temps jouait en faveur des Français, il reprit la lutte en novembre 1839 et envahit la Mitidja, où étaient déjà installés des colons. Une grande guerre s’engagea, au cours de laquelle il tenta par la mobilité de ses troupes de suppléer à leur infériorité numérique. Vaincu au terme de quatre années de combats, affaibli par la soumission de nombreuses tribus, il dut se réfugier au Maroc à la fin de 1843, mais il réussit à entraîner le sultan ‘Abd al-Rahman dans la guerre contre les Français. Après les bombardements de Tanger et de Mogador et la défaite de l’armée marocaine à la bataille de l’Isly (14 août 1844), le sultan se résigna à la paix. Abd el-Kader, déclaré hors la loi au Maroc, se cantonna près de la frontière algérienne puis, profitant de nouveaux mouvements insurrectionnels déclenchés par la confrérie des Taibiyya en 1845, il reparut en Algérie. Ses succès (Sidi Brahim, 23 sept. 1846) firent craindre aux Français son triomphe définitif. L’armée française, forte de 106 000 hommes répartis en dix-huit colonnes opérant simultanément, parvint à le rejeter de nouveau au Maroc. Le sultan, qui redoutait désormais en lui un compétiteur, le fit pourchasser. Alors l’émir des Croyants préféra se rendre aux Français, le 23 décembre 1847.
Manquant à la promesse qui lui avait été faite de le transporter avec les siens à Alexandrie, le gouvernement de Guizot, puis ceux de la IIe République, tout aussi méfiants, le retinrent prisonnier en France. Mais de nombreux Français lui témoignèrent égards et amitié. Le prince-président Louis-Napoléon, homme généreux, fut de ceux-là: le 16 octobre 1852, il vint lui-même annoncer à l’émir sa mise en liberté et un traitement digne de son rang pour s’établir à Brousse en Turquie.
Ces cinq années de séjour forcé en France révélèrent cependant à Abd el-Kader ce qu’étaient la civilisation et la religion chrétiennes et expliquent peut-être qu’il ait pu songer plus tard à un rapprochement islamo-chrétien.
Dans la troisième partie de son existence, qui se déroula tout entière dans le Proche-Orient, de 1852 à 1883, Abd el-Kader se consacra presque exclusivement à l’étude et à la méditation religieuses. Cette orientation répondait à une vocation profonde; dès sa jeunesse, il avait manifesté le goût de l’oraison et de l’exercice mystique. À Brousse, il rédigea un traité de philosophie religieuse à l’usage des chrétiens qu’il intitula Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent. Installé à Damas, où il vécut de 1855 jusqu’à sa mort, il prit figure de maître spirituel: son enseignement y fut recueilli. Une partie de ses propos et de ses commentaires écrits a été publiée sous le titre Le Livre des haltes (mystiques), très partiellement traduit en français. Cet ouvrage, dont la splendeur littéraire frappe, révèle la profondeur du mysticisme de l’émir. Il s’y affirme disciple d’un des plus grands soufis de l’Islam, Ibn ‘Arabi, le Shaykh al-akbar (ce qu’on a pu traduire par Doctor maximus de la gnose islamique). Ainsi s’explique la volonté d’Abd el-Kader d’être inhumé à Damas près de la tombe d’Ibn ‘Arabi.
Bien qu’il se tînt désormais à l’écart des affaires politiques, Abd el-Kader s’occupait activement de la colonie des muhajirin (émigrés pour la foi) algériens qui affluaient à Damas. Cela l’obligea à solliciter parfois l’aide de l’empereur Napoléon III. Mais s’il intervint, en juillet 1860, lors des émeutes antichrétiennes de Damas, ce fut seulement, expliqua-t-il, "par devoir de religion et d’humanité".
En prenant sous sa protection et celle de ses Algériens plusieurs milliers de maronites et d’Européens, il leur permit d’échapper aux massacres.
Ce geste, qui eut un grand retentissement en Europe, attira à nouveau l’attention sur lui. Il fut décoré de l’ordre de Pie IX et reçut la grand-croix de la Légion d’honneur.
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  • : Eva est une femme de paix, de consensus, s'opposant au "choc de civilisations", prônant la tolérance, le dialogue et même la communion de civilisations. Elle veut être un pont fraternel entre les différentes religions monothéistes. Elle dénonce les fondamentalismes, les intégrismes, les communautarismes sectaires et fanatiques, repliés sur eux, intolérants, va-t-en-guerre, dominateurs, inquisiteurs, haineux, racistes, eugénistes, impérialistes.
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