Eva est une femme de paix, de consensus, s'opposant au "choc de civilisations", prônant la tolérance, le dialogue et même la communion de civilisations. Elle veut être un pont fraternel entre les différentes religions monothéistes. Elle dénonce les fondamentalismes, les intégrismes, les communautarismes sectaires et fanatiques, repliés sur eux, intolérants, va-t-en-guerre, dominateurs, inquisiteurs, haineux, racistes, eugénistes, impérialistes.
Au deuxième jour de sa visite en Israël, Benoît XVI a apporté mardi son message de paix sur l'Esplanade des Mosquées et au Mur des Lamentations, site le plus symbolique du conflit israélo-palestinien. Mais le pape a également été rattrapé par la controverse, de nombreuses voix critiques en Israël lui reprochant de ne pas avoir exprimé de manière suffisamment claire ses remords pour la Shoah. Lire la suite l'article
Benoît XVI s'est rendu sur l'Esplanade des Mosquées, dans la Vieille Ville de Jérusalem, où il a visité la mosquée du Dôme du Rocher, troisième lieu saint de l'islam. En signe de respect, il a retiré ses souliers rouges pour pénétrer dans l'édifice, également appelé Mosquée d'Omar. Selon la tradition musulmane, le prophète Mahomet est monté au paradis depuis ce site au cours d'un voyage mystique nocturne narré dans le Coran.
"Cette place sacrée nourrit notre inspiration et met au défi les hommes et les femmes de bonne volonté de travailler à vaincre les incompréhensions et les conflits du passé et à tracer la voie d'un dialogue sincère pour construire un monde de justice et de paix", a dit le pape lors d'une rencontre avec le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Hussein.
La colline de l'Esplanade des Mosquées, surnommée par les juifs le Mont du temple, est également le site du Mur des Lamentations, ou Mur occidental, dernier vestige du second des deux temples bibliques et plus haut lieu saint du judaïsme.
Le site, revendiqué à la fois par les musulmans et les juifs, est la source de tensions entre les deux religions qui ont conduit à des violences par le passé. Profitant de sa venue en ce lieu hautement symbolique, Benoît XVI a appelé Israéliens et Palestiniens à engager "un dialogue sincère pour construire un monde de justice et de paix".
Après avoir été accueilli par des dignitaires juifs, qui lui ont offert une sculpture et un livre intitulé "Toucher les pierres de notre héritage", le pape s'est rendu au Mur des lamentations. Là, il s'est longuement recueilli avant de sacrifier à la tradition en glissant un message dans l'un des interstices du monument: "Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, entendez le cri des affligés, des apeurés, des dépouillés; envoyez votre paix sur cette Terre sainte, sur le Moyen-Orient, sur l'ensemble de la famille humaine". Le pape a déposé sa bénédiction écrite en présence du rabbin gardien des lieux et de deux ecclésiastiques catholiques.
Malgré ces gestes de paix, le discours prononcé lundi par Benoît XVI au mémorial de la Shoah de Yad Vashem a suscité de nombreuses critiques en Israël, où il a été jugé insuffisant pour dissiper le malaise liée à l'"affaire" Pie XII, voire au propre passé de Benoît XVI dans les jeunesses hitlériennes et l'armée allemande.
"Le pape a parlé comme un historien, comme quelqu'un observant de l'extérieur", a déploré le président de la Knesset Reuven Rivlin. Deux responsables de Yad Vashem ont également critiqué le fait que Benoît XVI n'ait pas prononcé les mots "nazis" ou "meurtre" durant son discours.
La presse israélienne se montrait également très critique mardi. "On aurait pu attendre des cardinaux du Vatican qu'ils préparent un texte plus intelligent pour leur chef", écrivait le chroniqueur Tom Segev.
Face à ces multiples attaques, le Vatican est monté au créneau mardi pour défendre Benoît XVI. Le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, a souligné que le pape avait déjà mentionné auparavant son passé allemand, notamment lors de sa visite d'une synagogue à Cologne, en 2005 et au camp de la mort d'Auschwitz l'année suivante. "Il ne peut pas tout mentionner à chaque fois qu'il parle", a expliqué le père Lombardi devant la presse à Jérusalem.
Reste que la Shoah est un sujet extrêmement sensible en Israël alors que les juifs accusent le pape Pie XII d'avoir gardé le silence sur l'extermination des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, ce que l'Eglise dément.
L'histoire personnelle de Benoît XVI est également de nature à susciter le trouble en Israël, même s'il a expliqué avoir été contraint de rejoindre les jeunesses hitlériennes et avoir plus tard déserté alors qu'il était dans l'armée. Pour ne rien arranger, il a récemment levé l'excommunication de l'évêque intégriste Richard Williamson, connu pour ses vues négationnistes.
Malgré les controverses, le pape a été accueilli chaleureusement par les dignitaires israéliens, les religieux musulmans et les fidèles catholiques à chaque étape de son voyage, entamé vendredi en Jordanie. Mardi soir, il a célébré une messe devant plusieurs milliers de fidèles dans la vallée de Kidron, l'un des lieux les plus sacrés de Jérusalem, non loin de la Vieille Ville.
Benoît XVI poursuivra son pèlerinage en Terre sainte mercredi en célébrant une messe sur la place de la Crèche devant la basilique de la Nativité à Bethléem. Il visitera également le camp de réfugiés palestiniens d'Aïda et rencontrera le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. AP
http://fr.news.yahoo.com/3/20090512/twl-israel-pape-terre-sainte-951b410.html