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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 01:01

jeudi 18 mars 2010

L’Europe et l’Islam : Le malentendu comme certitude

 

 

Allah en arabe




 

La visibilité des musulmans semble poser la question identitaire en Europe. Discrimination, incompréhension, voire racisme sont le lot quotidien d’humiliations entretenues par le monde politique et celui des médias.

Seul, le monde associatif et universitaire résiste à cette dérive dangereuse pour la paix en Europe et… ailleurs.

En Europe, le débat sur les questions identitaires et religieuses est monté, ces dernières semaines, d’un cran. Plus précisément, le débat se cristallise autour de la «présence musulmane» en Europe, son rapport aux valeurs judéo-chrétiennes et à la démocratie occidentale.

En tête, les partis politiques de l’extrême droite surenchérissent dans le mensonge, l’opprobre, l’amalgame et la manipulation de la présence musulmane face à la droite nationaliste, qui a compris l’effet racoleur dans les milieux populaires du débat sur l’identité nationale en période électorale et s’en saisit à son tour.

Le débat est violent, dangereux et a fini par ne plus viser, au-dessus et par-dessus tout, que la seule présence des immigrés maghrébins et ceux qui ont pour foi l’islam.

Cette comédie politique aux relents fascistes est amplifiée par les J.T des médias lourds et la presse à sensation et scandales. Les télés exposent la «souffrance» des femmes portant la burqua, le niqab et même le voile. Les journaux rapportent, quotidiennement, des faits divers de violences, vols et agressions sur de veilles personnes commis par des adolescents et jeunes immigrés. Jusqu’aux écoles qui, dans certains pays comme la France, sont devenues des bunkers sous surveillance des caméras vidéo, de policiers et gendarmes.

Une image et un climat de guerre des sanctuaires du savoir de «nos enfants». Le battage médiatique est permanent. La société s’installe dans un climat de peur permanente. Pour rassurer leurs opinions prises dans le vertige de la peur, les pouvoirs politiques répondent par des actes, souvent à la limite de la légalité, pendant que ceux qui aspirent à la conquête du pouvoir, estiment que ces réponses sont insuffisantes.

A l’approche d’échéances électorales, les actes et discours politiques redoublent, dans une enchère, immorale, de férocité et de violence. Les médias, pour des raisons d’audimat, s’y accrochent et amplifient parfois le discours avec une irresponsabilité inouïe.

Heureusement que l’Europe dispose encore de bastions de résistance à cette fuite en avant de la classe politique dans son incapacité à répondre aux véritables problèmes économiques et sociaux que vivent leurs sociétés.

Angoisses légitimes des populations face à la crise multidimensionnelle, fruit de l’ultralibéralisme et d’une mondialisation économique incontrôlable. Cette résistance se manifeste dans la société civile organisée (le monde associatif) et dans un autre temple du savoir, qui fait honneur à sa tradition : les universités.

Oui, régulièrement, chaque jour, en France, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre, au Canada, aux USA et ailleurs, des chercheurs, philosophes, écrivains, étudiants, journalistes, artistes… se rencontrent dans les universités, les sièges d’associations civiles, ils débattent et discutent des questions de l’immigration, de la présence musulmane, des minorités ethniques, religieuses, culturelles… exclues de la scène publique.

Ce vaste mouvement «averti» active, bouge et prend des risques sans être… médiatisé, encouragé. Sans bénéficier de l’intérêt des médias, en particulier ceux dits «lourds».

Ce boycott par les médias n’entame en rien la résistance de ce monde intense et foisonnant. Et pas seulement le boycott par les médias, puisque très rares sont les hommes politiques au pouvoir ou dans l’opposition qui y participent. L’un ne va pas sans l’autre : caméras de télé et personnages politiques en quête de promotion.

C’est que ce monde du savoir et de la citoyenneté responsable qui échappe aux manipulations politiciennes promeut un discours différent. Il démontre l’absurdité du discours politique ambiant et replace les urgences de la modernité dans le contexte de la mondialisation envahissante (et inévitable à long terme).

Il construit les paradigmes nouveaux et futurs d’interprétation de la démocratie, de la légalité, de l’égalité, de la justice de la… liberté. C’est un combat permanent contre le révisionnisme et les dangers de la soif du pouvoir pour le pouvoir. C’est un combat qui s’inscrit dans le sens du mouvement de l’histoire.

Qui n’a pas remarqué que depuis que le président américain, Barack Obama, a décidé d’ouvrir le dialogue avec le monde musulman (discours du Caire, juin 2009), depuis son vœu de promouvoir le dialogue des civilisations contre celui de leur affrontement, depuis ses tentatives au profit d’une concertation multilatérale sur les grandes questions du monde contre l’unilatéralisme de son prédécesseur George Bush, l’Europe politique se recroqueville, se crispe et remet au goût du jour les questions identitaires, l’immigration…

Dans la lancée, elle abandonne, peu à peu, sa solidarité sur le terrain aux Américains dans leur engagement contre les talibans d’Afghanistan. «Obama veut s’ouvrir au monde musulman, cela ne nous arrange pas, nous, Européens. L’islam nous fait peur» c’est le message du monde politique européen à Obama.

Et Tout ce débat sur l’islam en Europe est porté sur la scène publique par une majorité de «spécialistes» qui ignore non seulement la très grande complexité et intensité du message coranique, mais ignore jusqu’à la culture, les us et coutumes du monde musulman, ignore… l’histoire du monde musulman et son rapport et apport à la civilisation universelle.

M’hammedi Bouzina Med
(Source : Lequotidien-oran.com)

http://europeislam.wordpress.com/

http://alainindependant.canalblog.com/archives/2010/03/18/17283681.html

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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 01:58
 

 


L’analyse du géopoliticien français Aymeric Chauprade
sur la contestation à la version officielle du 11 septembre 2001



Aymeric Chauprade est docteur en science politique et en droit international de la Sorbonne, diplômé de Sciences Po Paris. En outre il est diplômé en mathématiques, chargé de cours à l'Université de Neuchâtel en Suisse (histoire des idées politiques), conférencier en géopolitique au Collège Royal de l'enseignement militaire supérieur du Royaume du Maroc, directeur du cours de géopolitique au Collège interarmées de défense, directeur de la Revue française de géopolitique et directeur de plusieurs collections aux éditions Ellipses. Souverainiste opposé à tous les impérialismes, il est régulièrement questionné par la presse et la télévision pour expliquer les grands événements internationaux. Il est l’auteur de « Chronique du choc des civilisations » (décembre 2008), un ouvrage abondamment illustré dont 10 pages traitent de « la version officielle contestée » du 11 septembre 2001 (pp. 14-24). Voici quelques passages de ce résumé aux termes soigneusement pesés (l’auteur est en effet chargé d’instruire l’élite militaire française, et l’éditeur est réputé pour son sérieux).

 

 



lire l'article >

lire l'analyse de l'astrophysicien J.-P. Petit >

écouter l'interview radio de A. Chauprade (12.2.09 - 19 min.)>



http://www.vigli.org/


http://www.decitre.fr/livres/Chronique-du-choc-des-civilisations.aspx/9782205062205



Des attentats du 11 septembre 2001 à l'effondrement brutal des marchés financiers en 2008, l'histoire a connu une accélération foudroyante.
Emergence d'une Chine aux ambitions planétaires, expansion de l'islamisme radical, révolte des peuples latino-américains, retour de la puissance russe : nous assistons à la naissance d'un monde multipolaire. Chronique du choc des civilisations propose un décryptage des grands événements géopolitiques récents, en les rapportant à la "longue durée" de l'histoire. A travers un ouvrage illustré de nombreuses photographies souvent très spectaculaires et de cartes explicatives, l'auteur propose une véritable "grille de lecture" du monde actuel et de ses fractures.




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6 novembre 2009 5 06 /11 /novembre /2009 01:26



L'appel aux nouvelles « croisades »

 

On se souvient que Nicolas Sarkozy a été élu président de la République française au mois de mai 2007. Le passage du relais US en Europe étant donc assuré, Tony Blair, le caniche de Bush, qui a apporté son soutien inconditionnel, contre le gré du peuple britannique, aux guerres d'agression contre l'Irak et contre l'Afghanistan, pouvait enfin céder son poste de premier ministre britannique. Ce qu'il fit en juin 2007.

 

 

Dans la foulée, Blair fut remercié pour ses efforts dans la défense des « bonnes » causes pour mater et civiliser les « sauvages », en étant nommé comme représentant du Quartet au Proche Orient pour y apporter la « paix ». Une tâche dont il s'est brillamment acquittée car il a su se montrer silencieux et patient en attendant que les sionistes finissent leur folie meurtrière de grande envergue à Gaza. Il s'est finalement rendu sur la bande de Gaza début mars 2009, en vrai gentleman, et pour la première fois depuis sa nomination comme représentant du Quartet, afin de faire part à l'humanité de son émotion devant la destruction massive, mais aussi de sa détermination à tout faire pour reconstruire Gaza. Nobles sentiments !

 

Des beaux parleurs comme Blair, on peut toujours en avoir besoin et on saura toujours leur trouver une place sur la scène internationale. En effet, voilà que le Times nous fait part ce jeudi 23 avril 2009 de son appel au monde pour faire la guerre contre « l'islam militant ». Monsieur Blair semble se préparer maintenant à une autre grande destinée pour mobiliser en faveur des nouvelles guerres « défensives » ou « préventives » contre le « terrorisme islamique », voire des guerres d' « ingérence humanitaire », que s'apprête à mener le nouvel-ancien conseil d'administration de l'empire US en s'appuyant sur une « coalition internationale » de ses alliés bien connus, et pour promouvoir sa « démocratie » qu'il veut appliquer dans les territoires conquis.

 

Le journal rapporte que Blair s'est adressé à un forum sur la religion et la politique à Chicago au soir du mercredi 22 avril, pour appeler à combattre ce qu'il a appelé « l'islam militant », à l'instar du combat qui a été mené contre le communisme révolutionnaire !

 

Son discours intervient presque dix ans depuis sa première intervention à Chicago aussi lors de la crise de Kosovo où il a défini une « doctrine de la communauté internationale » qui rend légitime toute intervention, y compris militaire, en cas de crise humanitaire ou de grave oppression de la population civile.

 

Tony Blair a maintenu sa position en justifiant son intervention en Irak et en Afghanistan et en affirmant qu'il était pour le renversement de ceux qui opprimaient leurs citoyens.

 

Pour Blair les raison de la doctrine qu'il avait proposée il y a dix ans sont toujours aussi fortes aujourd'hui. Il rappelle les attentats à Mumbai, en Irak, et en Afghanistan, les tentatives de déstabilisation au Yémen et les camps d'entrainement des rebelles en Somalie, pour souligner qu'il ne s'agit pas d'un mouvement et d'un commandement unique, mais qu' « il y a une idéologie commune », de « l'extrémisme jihadiste ». Et il pointe « des éléments parmi les dirigeants d'un grand pays, à savoir l'Iran, qui soutiennent et viennent à l'aide de ceux qui font recours à cette idéologie ».

 

Blair apporte tout de même son soutien à la politique de la main tendue d'Obama envers l'Iran pour ne pas donner prétexte au gouvernement iranien que l'Occident refuse le dialogue. Cependant il affirme que le but de ce dialogue doit être « de mettre un terme à la politique de déstabilisation menée par le régime iranien et à son soutien au terrorisme ».

 

Blair énumère différents conflits dans le monde, d' « Israël » à l'Irak en passant par les Philippines et l'Algérie et il insiste qu'il est temps de se rendre compte qu'il y a un factor principal commun dans ces conflits ; parmi ceux qui se battent il y en qui le font « au nom de l'islam ».

 

Bien sûr Blair prend garde de souligner que le vrai islam est opposé à ce que « prêchent les extrémistes » et il soutient l'ouverture du président Obama envers le monde musulman, mais il avertit que cela pourrait créer « l'illusion de croire qu'il y a une autre alternative que de mener ce combat à son terme ».

 

Car pour lui il s'agit de vaincre « l'idéologie en tant que mouvement au sein de l'islam », car cette idéologie est incompatible non pas seulement avec l'Occident mais même avec les « musulmans ouverts et tolérants ». Il souligne l'importance de « soutenir les musulmans qui croient profondément à l'islam tout en croyant en la coexistence pacifique, et à s'associer à eux pour affronter et vaincre les extrémistes qui n'y croient pas. »

 

Blair affirme que cela ne suffit pas de renverser un régime despotique pour créer les conditions du progrès, mais qu'il faut mener un combat pour une victoire plus globale et mieux définie.

 

Ensuite, il définit une stratégie en six points qui inclut l'usage des forces armées en cas de nécessité. « Nous devons comprendre une seule chose : quand nous sommes appelés à nous battre, nous devons le faire. Si nous sommes vaincus quelque part, nous risquons d'être vaincus partout ».

 

Enfin Blair finit par nous offrir une fleur en affirmant qu'il « n'accepte pas du tout le point de vue qui prétend que la démocratie est irréalisable ou refusée dans le monde musulman. Bien on contraire, c'est seulement en incitant à plus de démocratie, bien que graduellement, que ce combat sera gagné ».

 

Merci Monsieur Blair, voilà ce qui est clair. Cependant, vous ne nous dites pas combien de nouveaux morts collatéraux cela risque de faire ?

 

Et puis, il en est où la reconstruction promise de Gaza, Monsieur Blair ?

 

Iyad Abbara

Le 25 avril 2009

 

 

PS. :

         • Pour être complet, je n'ai pas eu à traduire le texte du Times. En effet je suis tombé sur une traduction intégrale du texte sur un site canadien dont l'objectif déclaré est de « s'attaque à l'islamisme » et qui était ravi du discours de Blair tout en trouvant que Blair ne va pas suffisamment loin sur la vérité de l'islam.

         • L'autre site qui cite des extraits du discours de Blair est le site d'un conseil représentatif français bien connu pour son soutien farouche de l'état sioniste, dont le président a prétendu que 95% des juifs français soutiennent la politique de cet état, et qui mène un combat tambour battant contre tous ceux, en France ou ailleurs, qui osent afficher leur soutien aux mouvements de résistance palestinien ou libanais. C'est tout dit.

 

 

http://www.timesonline.co.uk/tol/comment/faith/article6153607.ece

 http://albatroz.blog4ever.com/blog/lire-article-10832-1405817-la_derive_nationaliste_de_la_fausse_gauche.html



Sur ce blog (portugais ?), sur la même page :





collage de Robert Varlez

Le port de la burqa menace l'ordre républicain bourgeois. Au nom de la "fierté d'être français" on appelle au "combat commun droite/gauche" pour préserver "l'identité de la France". D'un mot, il s'agirait d'un "défi de civilisation" auquel nous invite non pas un quelconque parti fasciste ou agent particulièrement niais du parti républicain américain, mais tout bonnement le député du PCF, André Gérin, ex-maire de Vénissieux. L'homme est déjà bien connu pour ses prises de position nationalistes bornées qu'il a confirmé avec "Les ghettos de la République", un livre publié en 2007 où il justifiait les célèbres propos de Chirac de juin 1991, sur d'insupportables "bruits et odeurs" des familles immigrées, qui troubleraient le cadre de vie idyllique des familles autochtones...
Dans une lettre du 11 avril dernier, adressée au premier ministre, Gérin réclame la convocation d'une commission d'enquête parlementaire pour barrer la route à la menace islamiste radicale "qui mène une lutte anti-France, anti-blancs"; il veut une commission pour enquêter et, bien sûr interdire, le port de la burqa qui "constitue, auprès de la population, une gène, un rejet et un trouble à l'ordre public"; il s'inquiète au nom de milliers de ses concitoyens "de voir sur nos marchés, nos lieux de commerces et de loisirs des femmes emprisonnées, entièrement voilées", pretend-il.
 
Mais quelle est donc l'ampleur de cette menace? Ça presse, prévient Gérin, le phénomène s'est "amplifié ces dix dernières années" et notamment depuis un certain 11 Septembre —  évènement qui a opportunément permis de mettre à l'ordre du jour la théorie du "choc des civilisations"... et le besoin impérieux d'une nouvelle croisade guerrière en Orient.
Mais combien sont-elles ces femmes "prosélytes", ces "fantômes ambulants" soumises "au mari" ou à une "conception radicale de la religion" (pour utiliser le langage de Gérin)? Curieusement ce sont les services de police qui viennent désarmer l'ardeur anti-intégriste du imprécateur au ruban tricolore. Une note de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) datée du 8 juillet dernier révèle "que seules 367 femmes en France seraient voilées intégralement sous une burqa ou un niqab". Ça étonne de prime abord : si peu et si précis?! On se demande comment la police a procédé à un tel comptage et à plus forte raison comment est-elle arrivée à un chiffre d'un telle précision... suisse!  Bien entendu, on n'a pas besoin d'être un fin limier pour que chacun se rende compte que "l'invasion de la burqa" n'existe pas, sinon sous la forme d'une hallucination ancrée dans le cerveau surchauffé d'un Gérin probablement gavé de soleil ...et sottises.
 
Néanmoins, l'appel républicain du député "communiste" n'a pas laissé indifférent Sarkozy qui devant le Congrès réuni à Versailles le 22 juin, déclarait : "Je veux le dire solennellement : la burqa n'est pas la bienvenue sur le territoire de la République française". Et, à la vitesse d'un éclair à laquelle le chef suprême de la bourgeoise nous a habitué, la commission d'enquête réclamée par Gérin, muée en "commission d'information", s'est installée le 1er juillet à l'Assemblée Nationale pour dresser "l'état des lieux", dont elle doit rapporter les conclusions en début d'année 2010. Et le voilà Gérin à la tête de sa commission parlementaire composée de 32 membres, réunissant la fine fleur de la réaction parlementaire française, tous, bien entendu, avec "la main tendue vers les musulmans" pour "faire reculer l'intégrisme".

Voilà un Gérin populiste marchant côte à côte avec l'une des droites les plus chauvines et coloniales de l'Europe avec la complicité implicite de son parti — appelé toujours communiste — et qui laisse faire son poulain sans piper le moindre mot...  Tout cela, sous prétexte de laïcité et de lutte contre l'intégrisme, sous prétexte de défendre l'Occident et la République, et surtout, sous prétexte de protéger, défendre et étendre les droits des femmes. Les voilà partis en guerre une fois de plus contre l'islam pratiqué en France : il serait la seule religion répressive à l'égard des femmes et cela en raison de la visibilité de l'apparat vestimentaire des fidèles (et les menaces cachées intrinsèques), tout en épargnant la critique des autres religions du Livre. La conséquence évidente et immédiate d'une telle tempête dans un verre d'eau, tempête unilatérale et provocatrice, sera l'aggravation inévitable des tensions raciales déjà criantes au sein de la population. En pleine crise, devant les nouvelles vagues de licenciement qui pointent, devant une législation de plus en plus liberticide, Gérin sert objectivement les dessins transparents de la bourgeoisie réactionnaire dirigée par Sarkozy : faire diversion en attisant les haines religieuses entre les communautés, diviser particulièrement la classe ouvrière suivant une ligne religieuse.
 
Le fait religieux ("radical" ou pas), n'est pas le produit d'un complot, d'une conspiration ourdie dans le secret par un groupe de cléricaux fanatiques cachés miraculeusement dans une grotte au fin fond d'une montagne inaccessible, manipulant à dessin et au moyen de "sortilèges divins" des millions d'hommes et de femmes à travers la planète, téléguidant au moyen de multiples et innombrables "mains invisibles" des réseaux redoutables équipés à la manière de James Bond... et qu'on traque patiemment dans les halls de gare et les SAS des aéroports... C'est pourtant ainsi qu'on décrit le tableau général des troubles dans le pays et dans le monde. C'est bien ainsi que tous les organes de médiation bourgeoise véhiculent l'image de l'ennemi actuel de l'Occident, donc, de notre supposé ennemi commun — ce n'est plus le rouge, le totalitaire, le communiste mais le terroriste, l'intégriste, l' islamiste.  C'est ainsi que l'appareil de propagande bourgeois réduit la lutte politique majeure de notre temps à une sombre histoire compliquée entre flics et malfrats. Nous sommes là au coeur même du paradigme culturel type — décliné maintes fois en récits romanesques, biographies express, reportages haletants, représentations dramatiques, séries audiovisuelles, cinéma hollywoodien — auquel sont réduits les conflits de classes, qu'ils soient quotidiens ou de longue haleine, dans un monde qui au fond ne reconnaît qu'un seul dieu, l'argent. Cette représentation politique simple et simplette, entre le bien et le mal, entre les bons et les méchants, répondant aux archétypes bien rodés du réel réinterprété par la machine idéologique dominant, d'une religion hostile à l'ordre impérial dominante, justifie donc le recours naturel à la guerre sur le plan extérieur et à la vigilance policière accrue et toute une floppée de lois scélérates à l'intérieur des frontières.
 
Or, la religion est une représentation idéologique globale du monde, un reflet inversé du réel dans la conscience. L'illusion religieuse est bel et bien le produit du réel. Elle a donc ses racines dans le monde social tel qu'il est. Lutter contre la religion est d'abord lutter contre ce monde, pour son dépassement. "Il est clair que tout bouleversement historique des conditions sociales entraîne en même temps le bouleversement des conceptions et des représentations des hommes et donc de leurs représentations religieuses" (Marx, "l'idéologie allemande, 1846).  
D'autre part, comme l'a souligné Nadine Rosa-Rosso lors de son intervention au Forum international de Beyruth du 17 janvier 2009, si la religion est "l'opium du peuple", phrase lapidaire de Marx si souvent citée par ses adeptes, elle est bien précédée d'une réflexion fort instructive : "La misère religieuse est à la fois l'expression de la misère réelle et d'autre part la protestation contre cette misère. La religion est le soupir de la créature accablée, le coeur d'un homme sans coeur, comme elle est l'esprit des temps privés d'esprit. Elle est l'opium du peuple". ("Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel", 1844). Certes, elle est bien un opium, une consolation, un paradis artificiel, un frein à la conscience critique du monde. Mais elle est aussi "la protestation contre la misère", elle est aussi "l'esprit dans un temps privé d'esprit". Il y a donc dualité dans le phénomène idéologique religieux.
Si on ne tient pas compte du double caractère dialectique de la religion, souvent comme légitimation de la société existante et parfois comme foyer de contestation de celle-ci, on n'est pas en mesure de comprendre l'ampleur grandissante de l'islam parmi les peuples opprimés du Proche et Moyen Orient victimes d'expropriations et massacres d'une violence inouïe pratiqués par les impérialistes. Les larges masses de ces contrées sont la cible d'agressions high-tech barbares venant de cet Occident laïcisé, bien pensant et professant des idées religieuses "civilisées" — "non-radicales" comme le dirait Gérin. Il ressort à l'évidence  que dans la conjoncture historique actuelle, les peuples opprimés du monde oriental ont fait de l'islam leur bannière dans la lutte de résistance contre l'agression américaine et ses alliés.
On ne comprendra pas non plus, la percée de l'islam parmi les masses prolétaires issus de l'immigration qui s'entassent par centaines de milliers dans nos banlieues lointaines. Ici, l'islam apparaît, comme "le soupir de l'âme souffrante" devant l'ampleur de l'exploitation d'une bourgeoisie médiocre, assoiffée de profits, ne respectant même pas ses propres règles; devant un appareil d'Etat décrétant loi sur loi contre leur présence "clandestine" et pénalisant leurs moeurs vestimentaires religieux "ostentatoires". Ils l'ont déjà fait en 2004 en interdisant le port du voile à l'école, ils recommencent désormais avec le port (imaginaire) de la burqa dans l'espace public. 

En 1909, Lénine abordant la religion et ses interférences dans la lutte des classes de son époque, synthétisait ainsi la question : "Pourquoi la religion se maintient‑elle dans les couches arriérées du prolétariat des villes, dans les vastes couches du semi-prolétariat, ainsi que dans la masse des paysans ? Par suite de l'ignorance du peuple, répond le progressiste bourgeois, le radical ou le matérialiste bourgeois. Et donc, à bas la religion, vive l'athéisme, la diffusion des idées athées est notre tâche principale. Les marxistes disent : c'est faux. Ce point de vue traduit l'idée superficielle, étroitement bourgeoise d'une action de la culture par elle-même. Un tel point de vue n'explique pas assez complètement, n'explique pas dans un sens matérialiste, mais dans un sens idéaliste, les racines de la religion. Dans les pays capitalistes actuels, ces racines sont surtout sociales. La situation sociale défavorisée des masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les forces aveugles du capitalisme, qui causent, chaque jour et à toute heure, mille fois plus de souffrances horribles, de plus sauvages tourments aux humbles travailleurs, que les événements exceptionnels tels que guerres, tremblements de terre, etc., c'est là qu'il faut rechercher aujourd'hui les racines les plus profondes de la religion. « La peur a créé les dieux. » La peur devant la force aveugle du capital, aveugle parce que ne pouvant être prévue des masses populaires, qui, à chaque instant de la vie du prolétaire et du petit patron, menace de lui apporter et lui apporte la ruine « subite », « inattendue », « accidentelle », qui cause sa perte, qui en fait un mendiant, un déclassé, une prostituée, le réduit à mourir de faim, voilà les racines de la religion moderne que le matérialiste doit avoir en vue, avant tout et par‑dessus tout, s'il ne veut pas demeurer un matérialiste primaire" ("De l'attitude du parti ouvrier à l'égard de la religion").


De nos jours, à cela doit s'ajouter une autre misère encore plus grave, une misère morale et politique qui frappe le prolétariat dans son ensemble et isole particulièrement la fraction du prolétariat issu de l'immigration — les uns et les autres se trouvent abandonnés d'une gauche moribonde, capitularde et à la dérive... et qui en bien des situations se drape ostensiblement, comme c'est le cas du philistin Gérin, des vieux oripeaux d'une droite fidèle aux valeurs de l'occident, à la barbarie civilisatrice de l'accumulation capitaliste. N'est ce pas significatif que Xavier Mathieu, leader syndical CGT de l'usine de pneumatiques Continental de Clairoix (Oise) en lutte pour l'indemnisation des 1 120 ouvriers licenciés, vient de qualifier Thibault, secrétaire général de confédération, de "parasite"?  Parlant des bonzes syndicaux, Mathieu ajoute, "Les Thibault et compagnie, c'est juste bon qu'à frayer avec le gouvernement, à calmer les bases. Ils servent juste qu'à ça, toute cette racaille!", tout en précisant, "J'attaquais uniquement les fédérations. J'ai un respect immense pour la base qui se bat au quotidien mais qui voit qu'en haut, ça ne suit pas". Si la gauche bien pensante, politique ou syndicale, vient à penser que  les ouvriers combatifs,comme ceux de "Continental", ne sont qu'une bande de "voyous", elle n'est pas loin de penser que tous ces prolétaires d'origine immigrée qui s'engagent au nom d'Allah dans le soutien à la résistance, à l'agression impérialiste ne sont que des "terroristes"  menaçant l'occident et l'homme blanc. Comme l'a souligné fort à propos Alain Badiou, "La "montée des intégrismes" n'est que le miroir dans lequel les Occidentaux repus considèrent avec effroi les effets de la dévastation des consciences à laquelle ils président" ("Derrière la loi foulardière, la peur", Le Monde, 22 février 2004).
 
La religion est bien incompatible avec la libération de l'humanité de ses sujétions millénaires, issues des différentes sociétés divisées en classes qui nous ont précédé. De ce point de vue, elle ne doit pas échapper pour des "raisons tactiques" à la critique idéologique, mais il serait absurde de penser que l'arme de la critique suffirait, voire même, supplanterait la dimension politique du développement de la lutte de classes. Pour toute la période historique qui nous sépare de la chute du capitalisme, la religion sera là bien vivante, comme produit spirituel de ce monde, à la fois comme un frein et un levier. Un frein la plupart du temps, lorsqu'elle épouse la cause des oppresseurs et devient "une espèce d'alcool spirituel dans lequel les esclaves du capital noient leur image humaine", un ferment de révolte, quand les opprimés l'épousent comme bannière de leur cause. Aux révolutionnaires, à une véritable gauche qui doit renaître de ses cendres, de démontrer qu'il est possible de faire mieux et plus, en s'affirmant concrètement comme "la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres" ayant l'avantage de maîtriser "l'intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien", comme le préconisait le manifeste communiste de 1848. Aux révolutionnaires de transformer la révolte en révolution, d'épouser sans réticences la cause des opprimés, d'effacer au sein des prolétaires toute ligne de démarcation entre croyants et non-croyants. "L'unité dans la lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée pour la création d'un paradis sur terre est plus importante pour nous que l'unité de l'opinion prolétarienne sur le paradis aux cieux", soulignait opportunément Lénine (Le socialisme et la religion, 1905). La transformation radicale des conditions matérielles de vie au cours du processus révolutionnaire, autrement dit dans la révolution en train de se faire, est le socle sur lequel s'érigera une humanité nouvelle, la condition aussi du dépassement de la religion comme conception général du monde. Le chantier est devant nous, béant.

MV

24 août 2009

article publié par Mudar de Vida : http://www.jornalmudardevida.net/?p=1757

http://albatroz.blog4ever.com/blog/lire-article-10832-1405817-la_derive_nationaliste_de_la_fausse_gauche.html

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23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 02:31



Le « choc des civilisations » aura vécu
 18/03/2005

            Sous ses airs abscons, la thèse du « choc des civilisations » peut se résumer en une phrase : les conflits idéologiques font peu à peu place à des conflits entre civilisations, qui seraient une forme ultime de l’idée d’affrontement entre les peuples. Selon certains observateurs, l’heure de la fin des civilisations avait sonné avec les attentats du 11 septembre 2001. Notre hypothèse est que le fameux « choc des civilisations »* tant annoncé, prédit et craint n’a finalement pas eu lieu (* : expression inventée par Bernard Lewis – un universitaire anglais proche des milieux néo-conservateurs américains – et médiatisée par la thèse de Samuel P. Huntington dans " ? " Foreign Affairs vol. 72, no 3, 1993, pages 22 à 49). Pour Oussama Ben Laden, qui consulte à n’en pas douter notre site Internet depuis les grottes afghanes, c’est assurément triste à entendre. Pourtant, force est de constater que non seulement le n’a pas, loin de là, recueilli les suffrages des populations arabes du Globe, mais qu’en plus les civilisations musulmanes et occidentales n’ont que trop rarement compté autant de points communs. D’Alger à Bagdad en passant par Gaza, de New York à Madrid en passant par Bali, on a peur autant qu’on abhorre le terrorisme des Islamistes fondamentalistes. Décryptage, à travers un duo de questions-réponses, de la chute d’une thèse trop séduisante pour ne pas être suspecte.
 
 
 
Comment se traduit cet atterrissage en douceur de l’idée d’un « choc des civilisations » ?
 
            Plusieurs éléments semblent indiquer la caducité de la thèse du « choc des civilisations ».
Ainsi, l’aide américaine à l’Indonésie, le plus grand pays musulman de la planète, très touchée par la vague de du lendemain du dernier Noël (l’épicentre de la catastrophe se trouvait dans la région d’Aceh), si elle a été la plus ostentatoire (la VIIème Flotte a constitué le gros de l’intervention humanitaire internationale, faisant de l’ombre aux autorités indonésiennes complètement désorganisées et dépassées par les événements), a également été la plus importante. Et ce, même en rapportant les montants apportés au produit intérieur brut. Quand bien même ce geste serait le fruit d’une volonté politique, ce n’est pas exagérer que d’affirmer que l’argent achète tout, même l’amitié.
 
Ont suivi les élections irakiennes, et la descente aux enfers des Sunnites qui, ne s’étant pas rendu aux urnes en masse, loin s’en faut, firent le ridicule score de deux pour cent, soit presque vingt-cinq fois moins que les Chiites qui cautionnent malgré eux la politique moyen-orientale des néo-conservateurs américains. On ne mesure peut-être pas totalement la portée de cet événement, mais les Chiites ont réhabilité la politique américaine en Irak contre la minorité sunnite de Saddam Hussein. Il est étrange d’asséner une telle formule alors que l’Irak est plus que jamais un bourbier sanglant, mais le peuple irakien s’est malgré lui et probablement involontairement réconcilié avec les Etats-Unis…
 
La tendance de fond est toutefois révélée par Gilles Kepel (Fitna, guerre au cœur de l’Islam, Gallimard, 2004). La , c’est le pouvoir de séduction des femmes sur les hommes, la victoire de la diplomatie contre la force, de la charité contre les armes, du contre le . Les exemples illustrant la victoire de la sur le ne manquent pas : les pays de l’Union Européenne, dans un effort commun soutenu par les Etats-Unis qui viennent de lever l’interdiction d’entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce de l’Iran, commencent finalement à contenir si ce n’est infléchir la politique d’armement nucléaire de l’Iran ; il est de plus banalité d’asséner le refrain selon lequel jamais depuis Oslo Palestiniens et Israéliens n’ont été si proche d’un accord de paix ; c’est la rue et les instances multilatérales qui poussent au retrait des troupes syriennes du Liban ; l’Egypte se prépare à un jeu de chaises musicales dans les sphères du pouvoir (cf. un éditorial  intitulé
« Fin de Règne au Caire » ) ; l’Arabie Saoudite augmente unilatéralement la production de barils pour soulager les économies occidentales ; enfin, c’est par le dialogue qu’on obtient de sanguinaires coupeurs de têtes la libération de journalistes européens.
 
 
Comment la collision entre les plaques tectoniques culturelles a-t-elle été évitée ?
 
            Un extraordinaire concours de circonstances est venu parachever la chute de la thèse « huntingtonienne ». Pourtant, nombre d’universitaires (dont le géopolitologue Pascal Boniface, dans un article intitulé « Le choc des civilisations et le conflit israélo-palestinien », publié dans La revue internationale et stratégique (Printemps 2004, N°53), et dont vous trouverez une analyse  
en cliquant ici), avaient confiné la thèse du « choc des civilisations » à une interprétation pessimiste. Intellectuellement séduisante, la thèse de Samuel P. Huntington relève d’une prophétie auto-réalisatrice (à force d’en parler, les événements tant redoutés arrivent) et de paroles angéliques – dont on pourrait cyniquement écrire que cet article s’y rapporte - qui écartent l’hypothèse d’un conflit alors que les dangers étaient réels. Arguons du fait qu’on pourrait cyniquement classer le présent éditorial dans cette dernière catégorie, encore que…
 

Les dangers étaient en effet réels : Gilles Kepel ( nous rappelle les thèses du docteur égyptien Ayman Al-Zawahiri (dont le manifeste intitulé « Cavaliers sous la bannière du Prophète » circule sur Internet depuis l’automne 2001), conscience d’Al-Qaeda en même temps que parrain spirituel d’Oussama Ben Laden. Pour Ayman Al-Zawahiri, les de la première heure ont échoué, dans les années quatre-vingt-dix, dans leur tentative de mobiliser les « masses musulmanes » contre leurs « ennemis proches », les dirigeants arabes anti-islamistes. Dans l’analyse proposée, la raison en incombe à l’absence de cause unificatrice telles que, par exemple, l’Intifada dans les Territoires palestiniens et en Israël.  rajouterait une seconde raison à cette première défaite de la contamination fondamentaliste : l’absence de vecteurs puissants et trans-nationaux des causes de soulèvement, réelles ou fictives, telles que peuvent l’être aujourd’hui les chaînes par satellite arabes. Deuxième tentative donc, en présence d’une rhétorique fédératrice et largement mythifiée (le conflit israélo-palestinien) et de ses rampes de diffusion (Al-Jazeera, Al-Manar, etc.) : le discours change et il s’agit désormais, grâce aux réseaux de terroristes organisés et éduqués dans les plus grandes institutions arabes et occidentales, de frapper les « ennemis lointains », les Etats-Unis…Pour Ayman Al-Zawahiri, qui joue les Cassandre, le temps du est cette fois-ci venu.


 
Mais loin s’en faut : on assiste en ce moment à la faillite morale de l’entreprise d’Oussama Ben Laden. Le 11 septembre 2001 devait être le cri de ralliement du monde musulman contre l’Occident, ou monde judéo-chrétien ; le début d’un mondial, il n’en fut rien. Si ce n’est que le terrorisme est marginalisé. Les attentats de Casablanca, le 11 Septembre marocain, ont été très significatifs : ils ont détourné le peuple des meneurs islamistes antisémites et anti-occidentaux. Oussama Ben Laden a échoué dans sa tentative de soulèvement global. Pour la prédicatrice islamophobe Oriana Fallaci, « il est contraire à la raison de distinguer un islam tolérant d’un islam intégriste : il n’existe qu’un seul islam, auquel il faut faire barrage » (La Rage et l’Orgueil, éditions du Rocher). N’en déplaise à Oriana Fallaci, qui confère à l’Islam une unicité simplificatrice en occultant les facultés qu’ont les confessions religieuses à se réformer, la distinction entre Islam et islamisme a bien lieu d’être : on craint autant les fondamentalistes à Moscou qu’à Casablanca, et les Musulmans se sont nettement et massivement désolidarisés d’Al-Qaeda au lendemain des attaques du 11 septembre 2001. Par généralisation, on peut sans sourciller clamer haut et fort, et une bonne fois pour toutes, que les Musulmans partagent plus de valeurs avec les Occidentaux qu’avec les Islamistes. Allons même un peu plus loin : distinguer l’Islam de l’islamisme est aujourd’hui une nécessité pour qui veut comprendre le monde sans attiser les ressentiments.
Samuel P. Huntington soulève un autre point : si le « choc des civilisations » devait concerner la civilisation musulmane, en pleine expansion, contestant la civilisation occidentale, « les Occidentaux doivent admettre que leur civilisation est unique mais pas universelle et s’unir pour lui redonner vigueur contre les civilisations non-occidentales » (Le Choc des Civilisations, Odile Jacob, 2000, p.18) - ce qui est chose faite, les Etats-Unis ayant de fait fomenté en Irak, comme c’est déjà le cas dans l’Iran d’Ali Sistani, un embryon de théocratie chiite islamique mais pas islamiste, pour peu que les foyers de la terreur soient endigués efficacement. Reste ensuite à déterminer si les Chiites ne tentent pas de se poser en alliés des Américains dans un premier temps pour ensuite mieux s’en débarrasser, en déclarant officiellement l’instauration d’une République islamique. Quoiqu’il en soit, toute tentative d’acculturation a semble-t-il été abandonnée.
 
Zones occidentales et musulmanes commencent pourtant à s’entremêler, s’observer, s’étudier – et vont même jusqu’à prendre comme modèle l’autre (l’exemple du miracle économique Dubaï, une cité avant-gardiste sortie du désert, est à ce titre édifiant). La Malaisie s’est affirmée sur un modèle de développement tout à fait original, et en tous cas plutôt efficace, en conservant sa tradition musulmane tout en jouant du levier économique chinois ; grande première dans l’histoire du monde arabe, on a vu se tenir le 9 janvier 2005 des élections authentiquement démocratiques dans ce qui sera un jour l’Etat de Palestine. Enfin, c’en est peut-être l’exemple le plus topique bien que Mein Kampf s’y vende comme des petits pains, la Turquie, autrefois rempart du libéralisme contre le socialisme sans être un pays libéral, sera le rempart de l’Occident contre l’islamisme sans être un pays occidental dès son intégration à l’Union Européenne. « Ainsi, le député européen Michel Rocard voit dans l'adhésion de la Turquie à l'Union un moyen de prévenir la guerre entre le monde musulman et l'Europe post-chrétienne... comme si l'on devait subordonner un projet à très long terme (l'union de l'Europe) au combat contre un péril conjoncturel (le terrorisme moyen-oriental). » nous rappelle André Larané dans un éditorial de la revue de référence en Histoire, la bien nommée Hérodote (
cliquez ici pour lire « L’enjeu turc »). Sur la même longueur d’onde, Jean-Pierre Raffarin ajoutait en première page du quotidien Le Monde le 5 mars 2005 la chose suivante : « le monde a besoin de l’Europe parce qu’elle est le rempart contre le choc des civilisations ». Adieu, « choc des civilisations »…
 
 
 
 
            Reste à refermer définitivement la plaie pour s’attaquer au prochain problème. Pour ce faire, rien de plus efficace que de rendre caduque la prétendue cause fédératrice d’un global, à savoir le conflit israélo-palestinien, et par conséquent ses produits dérivés à savoir l’antisionisme et la dénonciation systématique d’un prétendu axe américano-sioniste responsable de tous les maux. Les choses vont dans le bon sens : le désamorçage du conflit israélo-palestinien est en cours, et l’idée d’une paix fait définitivement, étant données la reprise du dialogue et les nombreuses avancées diplomatiques entre les deux camps, son chemin depuis la mort de Yasser Arafat ; l’existence d’un l’axe américano-sioniste, objet de quasiment toutes les diatribes haineuses incluant Israël et les Etats-Unis, est de plus en plus – et à raison - relativisée. C’est normal : George Walker Bush agit dorénavant dans une logique de second mandat, sans plus aucune préoccupation électoraliste, et sa nouvelle Secrétaire d’Etat Condoleeza Rice n’hésite plus à affirmer que « des décisions dures attendent Israël sur la route à la paix » (6 février 2005 - Herb Keinon et Greer Fay Cashman, - Jerusalem Post). Ce qui réduit de fait le champ de critiques gratuites des faiseurs d’opinions dangereuses. Encore que tous ces efforts et progrès ne sont pas vraiment relayés par les médias arabes dont la réforme vers plus de tolérance et d’ouverture apparaît, pour l’intérêt de la Planète, comme une nécessité absolue afin de confiner une bonne fois pour toutes les thèses « huntingtoniennes » aux archives des vaticinations géopolitiques anxieuses.

 
 

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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 05:23




Ancien professeur de géopolitique au Collège Interarmées de Défense (sanctionné par le ministre de la Défense Hervé Morin le 05 février 2009), Directeur de la Revue française de géopolitique


Aymeric Chauprade
. Géopolitologue, auteur notamment de Introduction à l'analyse géopolitique, Ellipses, Paris, 1999, Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire, Ellipses, Paris 2001 ; Introduction à l'analyse géopolitique, Ellipses, Paris 1999 ; co-auteur avec François Thual de Dictionnaire géopolitique, Ellipses, Paris 1998.

 

Chronique du choc des civilisations, Editions Chronique, Paris, 23 janvier 2009
Ce très intéressant ouvrage contient un chapitre, "11 septembre 2001 : la version officielle contestée" (pp. 14-23), qui fait la synthèse de "la théorie du complot américano-israélien" concernant les attentats ayant fait officiellement 2595 victimes et attribués aux islamistes. Un ouvrage d'autant plus "intéressant" qu'il a valu à son auteur une sanction administrative lourde de la part du ministre Français de la Défense Hervé Morin.

A propos de la colonisatio


http://sos-crise.over-blog.com/article-35203631.html
http://anti-fr2-cdsl-air-etc.over-blog.com/article-35203703.html

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  • : Eva pour la communion des civilisations
  • : Eva est une femme de paix, de consensus, s'opposant au "choc de civilisations", prônant la tolérance, le dialogue et même la communion de civilisations. Elle veut être un pont fraternel entre les différentes religions monothéistes. Elle dénonce les fondamentalismes, les intégrismes, les communautarismes sectaires et fanatiques, repliés sur eux, intolérants, va-t-en-guerre, dominateurs, inquisiteurs, haineux, racistes, eugénistes, impérialistes.
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