De hauts dignitaires mondiaux ont soutenu mercredi l'idée d'un dialogue interreligieux au service de la paix, non sans laisser paraître de classiques divergences d'approche, lors d'une conférence parrainée par l'Arabie Saoudite, où seul l'islam est toléré. Lire la suite l'article
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De la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, le roi Abdallah d'Arabie a déploré qu'"au cours de l'Histoire, les différends entre religions et cultures ont conduit au fanatisme et déclenché des guerres destructrices et l'effusion de sang sans justification aucune".
Le roi, à la tête d'une monarchie ultraconservatrice guidée par le wahhabisme, doctrine rigoriste de l'islam, a appelé à "la paix et à l'harmonie" comme il l'avait fait en juillet à Madrid lors d'une "Conférence mondiale sur le dialogue" interreligieux.
De nombreux orateurs se sont faits l'écho de ces propos, affirmant que toutes les grandes religions du monde exaltent la tolérance.
Mais les tensions nées du conflit israélo-palestinien, ainsi que les critiques des politiques économiques et sociales occidentales, ont vite fait surface.
En filigrane sont apparues également les désaccords entre l'Ouest et les pays islamiques sur le sens exact de la tolérance.
Avant même la réunion, l'Arabie Saoudite a été interpellée par des ONG, l'invitant à pratiquer elle-même la tolérance avant de s'en faire l'avocate à la tribune de l'ONU.
"Il n'y a pas de liberté religieuse en Arabie Saoudite mais le royaume demande au monde d'écouter son message de tolérance religieuse," a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Proche-Orient de Human Rights Watch.
L'initiative saoudienne a cependant été soutenue par plusieurs pays non musulmans, dont Israël, qui n'a pas de relations diplomatiques avec Riyad, et la France, au nom de l'Union européenne qu'elle préside.
Le président israélien Shimon Peres a lui aussi déploré que les peuples, notamment au Proche-Orient, se soient combattus au nom de la religion.
"Pour changer le monde, nous devons changer nous-mêmes", a-t-il dit, affirmant qu'Israël était "prêt à partager le coût douloureux" qu'entrainerait l'aboutissement de négociations bilatérales avec les Palestiniens.
Mais il a mis en garde contre "ceux qui dans la région sèment la haine (...) et cherchent à éliminer les autres peuples et encouragent le meurtre", allusion apparente à l'Iran.
Il a ensuite salué, lors d'une conférence de presse, l'initiative du roi Abdallah qui, a-t-il dit, "a donné un ton nouveau à la politique au Proche-Orient".
L'ex-Premier ministre français Alain Juppé, représentant du président Nicolas Sarkozy, a approuvé l'idée saoudienne d'"inviter les croyants à trouver dans le message de leurs fois respectives ce qui rapproche les hommes plutôt que ce qui les oppose".
Mais il a souligné que ce dialogue devait reposer sur le respect des principes universels des droits de l'Homme.
"La reconnaissance de l'exercice sans restriction de la liberté de croyance, dans toutes ses dimensions, y compris le droit de changer de religion ou de développer une approche spirituelle ou humaniste en dehors de la croyance religieuse, en est un élément incontournable", a-t-il ajouté.
Les pays islamiques proscrivent le changement de religion, qui est punissable de la peine de mort.
"L'exercice de la liberté religieuse ne peut se concevoir sans celui de la liberté d'expression, y compris parfois sous l'aspect de la dérision. Elle est la condition sine qua non du dialogue interreligieux", a ajouté M. Juppé. La publication en Occident de caricatures du prophète Mahomet avait déclenché des réactions parfois violentes dans les pays musulmans.
Le dialogue doit enfin "savoir s'affranchir de toute intervention politique", a encore dit M. Juppé.
Quatre-vingt pays doivent s'exprimer lors du débat. Le président américain George W. Bush et le Premier ministre britannique Gordon Brown doivent prendre la parole jeudi.
http://fr.news.yahoo.com/2/20081112/twl-sommet-controverse-l-onu-sur-un-dial-4bdc673.html